Accueil Critique Giroflé Girofla (Critique)

Giroflé Girofla (Critique)

0

girolfle-giroflade Charles Lecocq
Mise en scène: Joce­lyn Riche
Direc­tion mus­ciale: Rémi Corbier
Chef de choeur: Chris­t­ian Foulonneau
Avec Amélie Robins, Nico­las Bercet, Charles Mes­rine, Solange Mil­haud, Philippe Bro­card, Guil­laume Nozach, Joan­na Malewski

Résumé : Com­ment redress­er une sit­u­a­tion finan­cière et poli­tique déli­cate quand on est un grand d’Es­pagne? Par­bleu!… En mari­ant ses deux filles jumelles, Giroflé et Girofla, l’une à un fils de ban­quier, l’autre à un chef de guerre Mau­re, le ter­ri­ble Mour­zouk. Mais quand des pirates enlèvent Girofla, voici la pau­vre Giroflé oblig­ée de jouer les deux rôles auprès de ses fiancés pour sauver papa!

L’Ate­lier Lyrique Angevin abor­de avec « Giroflé-Girofla » une oeu­vre rare de Charles Lecoq, son seul véri­ta­ble opéra-bouffe. Le com­pos­i­teur de « La Fille de Mme Angot » nous embar­que dans un vaude­ville andalou loufoque et débridé, porté par une musique légère et élé­gante typ­ique de son style.

Notre avis: La troupe de L’Atelier Lyrique Angevin con­tin­ue année après année à faire revivre des œuvres rares du réper­toire de l’Opéra-Bouffe français et à les faire décou­vrir au plus grand nom­bre. Elle a pour cela édité deux de ses pro­duc­tions en DVD (Chilpéric de Hervé en 2013 et Le Sire de Ver­gy de Claude Ter­rasse sor­ti il y a quelques semaines) qui sont les seules cap­ta­tions vidéo de ces œuvres disponibles dans le com­merce. Dans la lignée de ces belles décou­vertes, elle a choisi de présen­ter cet automne au pub­lic angevin une pièce mécon­nue de Charles Lecocq : Giroflé-Girofla.

Le livret très drôle d’Albert Van­loo et Eugène Leter­ri­er est digne des meilleurs vaude­villes. Basée sur un comique de sit­u­a­tion remar­quable­ment effi­cace, l’intrigue se développe sur un rythme soutenu ne lais­sant aucun temps mort. Les très beaux cos­tumes et les décors un peu suran­nés assumant le côté car­ton-pâte con­fèrent au spec­ta­cle une esthé­tique très élé­gante qui sonne comme un hom­mage au théâtre de la fin du XIXème siècle.

Dans cet univers plein de fan­taisie, la dis­tri­b­u­tion est qua­si­ment idéale. Les comé­di­ens excel­lent dans cha­cun de leurs per­son­nages. Amélie Robins se plonge avec douceur dans le dou­ble rôle de Giroflé et Girofla et mon­tre de superbes aigus dans les par­ties chan­tées. Nico­las Bercet et Solange Mil­haud com­posent un cou­ple Boléro-Aurore aus­si improb­a­ble que drôle, lui en gou­verneur pleu­tre accom­pa­g­né de sa femme autori­taire, ils déclenchent des fous rires à cha­cune de leurs inter­ven­tions. Charles Mes­rine et Philippe Bro­card en Marasquin et Mour­zouk, les deux fiancés sont irré­sistibles. Ils font preuve d’une dic­tion impec­ca­ble, d’un jeu très engagé et pos­sè­dent tous deux un tim­bre de voix en par­fait accord avec leurs per­son­nages, doux et chaleureux pour le pre­mier, envelop­pant et puis­sant pour le sec­ond. On notera égale­ment les excel­lentes presta­tions de Joan­na Malews­ki en Paqui­ta et Corinne Pasquier en Guz­man, l’un des cousins, qui dans des rôles moins exposés ont su capter l’attention du pub­lic par de très belles qual­ités vocales.

Musi­cale­ment, l’œuvre est une belle sur­prise. Les airs sont mag­nifiques (surtout dans l’acte 3) et le chœur pré­paré par Chris­t­ian Foulon­neau, l’orchestre dirigé par Rémi Cor­bier et les solistes font plus qu’honneur à cette par­ti­tion remarquable.