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Gino Quilico — Un Jean Valjean nouveau genre !

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Gino Quilico © Dominic Morissette
Gino Quil­i­co © Dominic Morissette

Vous avez tra­vail­lé avec Leonard Bern­stein. Pou­vez-vous nous par­ler de votre rencontre ?
C’é­tait à l’oc­ca­sion d’un con­cert car­i­tatif organ­isé à Vienne. C’é­tait spé­cial, pour moi, de tra­vailler avec cet homme qui représente le style clas­sique en musique mais qui a aus­si pro­duit de la musique pop comme celle de West Side Sto­ry. J’ai tou­jours admiré ce chef-d’oeu­vre. Ce fut un moment mag­ique pour moi.

Vous vous êtes pro­duit sur les plus grandes scènes d’opéra au monde. Laque­lle vous a le plus impressionné ?
C’est très dif­fi­cile de répon­dre mais je dois dire que l’Opéra de Paris est le lieu qui m’a le plus impres­sion­né. C’est à cet endroit que j’ai vu mon père chanter et que j’ai vrai­ment réal­isé que celui-ci chan­tait l’opéra. Lorsque j’y suis allé pour chanter moi-même, c’é­tait très émou­vant. De plus, dès qu’on y pénètre, de l’ex­térieur au hall d’en­trée en mar­bre, en pas­sant par le mag­nifique escalier mon­tant et les sièges de couleur rouge, nous con­sta­tons que tous les élé­ments représen­tent indé­ni­able­ment l’u­nivers de l’opéra.

Vous avez fait vos débuts dans la comédie musi­cale en inter­pré­tant Qua­si­mo­do dans Notre-Dame de Paris. Est-ce que le pas a été dif­fi­cile à franchir?
Non, pas du tout. Dans mes sou­venirs, j’ai tou­jours inter­prété des chan­sons de comédies musi­cales lors de con­certs. Je pos­sède une voix qui me per­met d’abor­der dif­férents reg­istres et, comme j’avais fait de la pop dans ma jeunesse, je pou­vais m’adapter à la comédie musi­cale en enl­e­vant ce petit côté bary­ton du chanteur d’opéra.

Pour vous, y a‑t-il une façon dif­férente de tra­vailler un rôle à l’opéra et celui d’une comédie musicale ?
Il n’y a pas vrai­ment de dif­férence. Cepen­dant, il ne faut pas « appuy­er » la voix de la même manière que nous le faisons dans le genre clas­sique. Dans ce cas-là, nous avons env­i­ron 80 musi­ciens instal­lés dans la fos­se d’orchestre et, habituelle­ment, il n’y pas de micro­phone. C’est tout le con­traire des comédies musi­cales qui, elles, utilisent des micros. De cette façon, nous pou­vons nous per­me­t­tre des sons plus « ten­dres » et plus « intimes » s’ap­parentant à la voix par­lée. Cela n’est pas pos­si­ble dans les opéras car on doit tou­jours pro­jeter le son.

La comédie musi­cale sem­ble vous intéress­er de plus en plus ?
Je dirais même que j’adore ça. J’ai eu l’oc­ca­sion de chanter dans Star­ma­nia, ver­sion clas­sique, que nous avions présen­té avec l’Orchestre Sym­phonique de Mon­tréal. Nous ne pou­vons pas con­sid­ér­er cette pro­duc­tion comme une vraie comédie musi­cale. Ce qui est drôle, c’est que, dernière­ment, j’ai inter­prété, dans l’opéra inti­t­ulé La Fan­ci­ul­la del West , la chan­son « Quel­lo che tacete ». Elle ressem­ble étrange­ment à la chan­son « Music of the Night », de la comédie musi­cale The Phan­tom of the Opera, d’An­drew Lloyd Web­ber. D’ailleurs, la mai­son Puc­ci­ni lui avait inten­té un procès à ce sujet.

Vous allez inter­préter Jean Val­jean dans Les Mis­érables cet été à Québec. Etiez-vous fam­i­li­er de ce personnage ?
Non. Mais là, je com­mence. J’ai vu deux films. Je par­le beau­coup avec le met­teur en scène qui nous explique le con­texte de l’his­toire. Pour ce qui est de la comédie musi­cale, j’ai vu en DVD la ver­sion con­cert du dix­ième anniver­saire. Je n’ai jamais vu Les Mis­érables sur scène.

C’est un rôle très con­voité, n’est-ce pas ?
Oui, et c’est un rôle fan­tas­tique. Tous les jours, je décou­vre plein de belles choses à ce sujet. C’est vrai­ment un très beau per­son­nage, sans oubli­er la musique qui est superbe.

En quoi le Jean Val­jean de Québec sera-t-il dif­férent de ceux présen­tés à tra­vers le monde ?
Comme je n’ai vu aucune des ver­sions de ce spec­ta­cle, je sais seule­ment que, pour la pro­duc­tion de Québec, nous recom­mençons à zéro. Autrement dit, une nou­velle mise en scène et de nou­veaux cos­tumes seront exploités. On m’a bien expliqué com­ment, dans les ver­sions précé­dentes, la scène tour­nait et com­ment l’ac­tion s’y déroulait. Pour la ver­sion présen­tée au Capi­tole de Québec, ce sera vrai­ment dif­férent. Le texte, entre autres, a été révisé pour que ce soit un peu plus acces­si­ble et mieux adap­té afin que celui-ci tombe bien sur les notes. C’est un tra­vail intéres­sant. Cela va don­ner une nou­velle saveur aux Mis­érables.

Com­ment se pré­pare-t-on à inter­préter un si grand rôle ?
Il y a beau­coup de texte. Cela représente donc énor­mé­ment de tra­vail. Dans ma car­rière dans le reg­istre de l’opéra, j’ai tou­jours mis l’im­por­tance sur le texte que ce soit en français, en ital­ien, en alle­mand ou même en russe. Je me pré­pare beau­coup, comme un acteur de théâtre. En pre­mier lieu, il faut met­tre l’é­mo­tion dans le texte ensuite, tra­vailler les textes en rythme, sans la musique et, pour con­clure, join­dre les rythmes et la musique. Il y a un côté du tra­vail que je fais seul avec mon texte. Quand j’ar­rive sur la scène, avec le groupe et le met­teur en scène, on révise encore, en y met­tant des mou­ve­ments. C’est un tra­vail très particulier.

Avez-vous des attentes par­ti­c­ulières vis-à-vis de ce spectacle ?
Non, pas par­ti­c­ulière­ment. Je ne pense pas à ça. Mais comme je vais chanter « Jean Val­jean » six fois par semaine durant tout l’été, il faut que je m’en­traîne pour garder la forme jusqu’au bout (rires) car ma vie va tourn­er autour des Mis­érables.