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Giacomo Puccini 1858 — 1924 — D’art et d’amour

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Giacomo Puccini ©DR
Gia­co­mo Puc­ci­ni ©DR

Gia­co­mo Puc­ci­ni nait en 1858 dans une vieille famille de musi­ciens qui remonte à un autre Gia­co­mo Puc­ci­ni, organ­iste et maître de chapelle un siè­cle plus tôt. Avec de tels antécé­dents, il vient très vite à la musique et à la com­po­si­tion, d’abord à l’église comme ses ancêtres, puis à Milan. Ain­si, le jeune étu­di­ant peut se frot­ter au monde musi­cal bouil­lon­nant de son époque. Ses pre­mières com­po­si­tions sont remar­quées et un grand édi­teur, Lui­gi Ricor­di, le prend sous sa protection.

Un com­pos­i­teur exigeant… et épuisant pour ses librettistes 
Il fait représen­ter en 1884 Le vil­li avec grand suc­cès. Même le grand Giuseppe Ver­di y va de son cou­plet pour louer sa maîtrise. Le deux­ième opéra, Edgar, qu’il com­pose sous la pres­sion de son édi­teur mal­gré un livret déplaisant, ren­con­tre l’échec. Il reprend les choses en main en tra­vail­lant désor­mais de façon appro­fondie avec des libret­tistes à qui il trans­met ses inten­tions. Il obtient les mots qui lui con­vi­en­nent en harce­lant ses col­lab­o­ra­teurs jusqu’à l’épuise­ment. Aux cotés du tan­dem Lui­gi Illi­ca et Giuseppe Gia­cosa qui sup­port­era l’in­sup­port­able, nom­breux sont ceux qui jet­teront pré­maturé­ment l’éponge. La créa­tion de Manon Lescaut en 1893, qui a mis à genoux cinq libret­tistes, est un énorme suc­cès et installe défini­tive­ment Puc­ci­ni comme chef de file des com­pos­i­teurs d’opéra de sa génération.

La suite de sa car­rière appar­tient à l’his­toire de l’opéra: La bohème (1896) sous la baguette de Arturo Toscani­ni, Tosca (1900) d’après une pièce de Vic­to­rien Sar­dou, et Madame But­ter­fly (1904) font qua­si immé­di­ate­ment leur entrée au réper­toire. Un tel enchaîne­ment de tri­om­phes donne une fausse impres­sion de facil­ité. En réal­ité, le com­pos­i­teur est régulière­ment en proie à d’énormes crises de doute. En refu­sant de sac­ri­fi­er à la for­mule toute faite et à la facil­ité, il se démène pour trou­ver l’his­toire qui l’a­grée par­faite­ment puis la trans­pose en livret. Les détracteurs de Puc­ci­ni par­lent de la vul­gar­ité des sujets et des effets rac­coleurs. Ce pour­rait être le cas de Tosca, mais assis­ter à une bonne exé­cu­tion de cet opéra con­stitue une expéri­ence épous­tou­flante en matière d’ef­fi­cac­ité dra­ma­tique : les mag­nifiques mélodies, le raf­fine­ment de l’orchestre, des coups de théâtre habiles, tout con­court à ren­dre par­faite­ment flu­ide l’évo­lu­tion psy­chologique des per­son­nages. Puc­ci­ni étin­celle surtout lorqu’il s’ag­it d’amen­er, soutenir et dénouer les moments forts : il tient le pub­lic sous sa coupe, com­plète­ment trans­porté d’émotion.

Même débor­dé par le suc­cès et la recon­nais­sance, Puc­ci­ni reste sen­si­ble à l’évo­lu­tion du monde musi­cal et accorde une grande impor­tance à l’a­vant-garde. Sa façon d’écrire sa par­ti­tion d’orchestre fait l’ad­mi­ra­tion de Rav­el, qui lui-même n’a pour­tant rien à appren­dre de per­son­ne. Après Madame But­ter­fly, et alors que tout sem­ble sourire au com­pos­i­teur, la belle façade se lézarde. Son épouse exces­sive­ment jalouse pousse au sui­cide une jeune fille entrée au ser­vice de la famille. Par­mi ses libret­tistes favoris, Gia­cosa meurt, et Illi­ca renonce. L’opéra suiv­ant du com­pos­i­teur, La fian­cul­la del West (La fille du Far-west) avance laborieuse­ment. Il est finale­ment accueil­li avec suc­cès à New-York en 1910, sous la direc­tion de Toscani­ni, mais fraîche­ment en Europe.

Des années dif­fi­cile avant un grand come-back… posthume ! 
Les années suiv­antes sont cru­elles. Lui­gi Ricor­di, son pro­tecteur depuis ses débuts, meurt en 1912. Durant la pre­mière guerre mon­di­ale, il fait représen­ter une oeu­vre légère, La ron­dine, dont la com­po­si­tion lui a don­né du souci, puis trois petits opéras Il tabar­ro, Suor Angel­i­ca et Gian­ni Schic­chi, réu­nis en Il trit­ti­co (Le trip­tyque — 1918). Cette dernière oeu­vre est iné­gale, et seul Gian­ni Schic­chi fait l’u­na­nim­ité par­mi les trois pièces. Le coeur n’y est plus et la fin de la guerre laisse Puc­ci­ni désem­paré au mileu d’un monde qu’il sent pro­fondé­ment transformé.

C’est en s’at­te­lant à la com­po­si­tion de Turan­dot d’après Gozzi, dont il aime le mélange de con­te chi­nois et de com­me­dia del’arte, qu’il retrou­ve la force d’ac­com­plir une grande oeu­vre per­son­nelle. Hélas, il n’i­ra pas jusqu’au terme du 3e et dernier acte, emporté par un can­cer de la gorge en 1924 à l’âge de 66 ans. Turan­dot est créé en 1926 sous la baguette de son fidèle ami Toscani­ni, qui arrête la représen­ta­tion au cours du fameux 3e acte en expli­quant au pub­lic : « C’est ici que le maître mou­rut ».

Puc­ci­ni n’a jamais quit­té le coeur des ama­teurs d’opéra. Ses grandes héroïnes trag­iques attirent imman­quable­ment les foules. Aujour­d’hui encore, cer­tains rêvent de retrou­ver la recette de son immense suc­cès pop­u­laire. Mais Puc­ci­ni con­serve une façon unique de mari­er un drame implaca­ble à une musique à la fois déli­cate, savante, intense et furieuse­ment mélodique.

Les opéras de Puccini
1884 — Le Vil­li. Livret de Fer­di­nan­do Fontana
1889 — Edgar. Livret de Fer­di­nan­do Fontana d’après Alfred de Musset
1893 — Manon Lescaut. Livret de L.Leoncavallo, M.Praga, D.Oliva, Giuseppe Gia­cosa et Lui­gi Illica
1896 — La bohème. Livret de Giuseppe Gia­cosa et Lui­gi Illica
1900 — Tosca. Livret de Giuseppe Gia­cosa et Lui­gi Illica
1904 — Madama But­ter­fly. Livret de Giuseppe Gia­cosa et Lui­gi Illica
1910 — La fan­ci­ul­la del West. Livret de Car­lo Zan­gari et Guelfo Civinini
1917 — La ron­dine. Livret de Giuseppe Adami
1918 — Il trit­ti­co (Le trip­tyque). Livret de Giuseppe Ada­mi et Gio­vacchi­no Forzano
1926 — Turan­dot (inachevé). Livret de Giuseppe Ada­mi et Rena­to Simoni. L’opéra a été achevé par Fran­co Alfano, après la mort de Puc­ci­ni sur­v­enue en 1924.