Accueil Critique Avignon 2015 : George Sand, ma vie, son oeuvre ! (Critique)

Avignon 2015 : George Sand, ma vie, son oeuvre ! (Critique)

george-sandde Car­o­line Loeb
Avec Car­o­line Loeb, Gérald Elliott, Patrick Laviosa
Mise en scène d’Alex Lutz

Résumé : Instal­lée dans sa mai­son d’en­fance, Car­o­line Loeb écrit son jour­nal; elle y con­signe les dif­fi­cultés de créer le spec­ta­cle sur George Sand que lui a com­mandé son producteur.
Pen­dant qu’elle se débat avec ses livres et ce per­son­nage excep­tion­nel, tour à tour écrivaine, femme engagée, amoureuse, muse de la révo­lu­tion de 1848, pas­sion­née de tout, la vie de Car­o­line continue.
Sa mère, soudaine­ment amoureuse à soix­ante dix ans passés, et sa fille en pleine rébel­lion ado­les­cente l’ac­ca­parent, son pro­duc­teur s’in­quiète, et l’ar­gent manque.
Avec une belle émo­tion et un humour irré­sistible Car­o­line Loeb nous par­le de son amour pour la lit­téra­ture, pour la créa­tion, pour la musique, et de la com­plex­ité d’être une artiste à part entière et une femme d’au­jour­d’hui. Mise en scène par Alex Lutz, habil­lée par Jean-Paul Gaulti­er, accom­pa­g­née de deux musi­ciens, Patrick Laviosa au piano et à la gui­tare, et Gérald Elliott à l’ac­cordéon, Car­o­line inter­prète les chan­sons qu’elle a co-écrites spé­ciale­ment autour de George Sand.

Notre avis (cri­tique pub­liée lors des représen­ta­tions parisi­ennes) : Pour avoir promis à son pro­duc­teur un spec­ta­cle sur George Sand, voilà Car­o­line Loeb isolée dans la mai­son de son enfance, avec pour seules dis­trac­tions ses sou­venirs, son ter­rien de voisin, et une pile de livres con­sacrés à l’héroïne du 19ème siè­cle. L’isolement volon­taire se veut prop­ice à l’inspiration pour lui per­me­t­tre d’accoucher de son texte.
Si, tout au long de ces mois passés au fin fond de la cam­pagne, cet accouche­ment lui sem­ble dif­fi­cile, c’est que la vie de l’écrivain est à elle seule un véri­ta­ble roman. Et que la comé­di­enne ne sait quel chapitre priv­ilégi­er pour son hypothé­tique spec­ta­cle. Les jours passent, l’encre sèche, le quo­ti­di­en la ramène sans cesse à la réal­ité, pour­tant la comé­di­enne feuil­lette vaille que vaille la vie tumultueuse de Sand. Entre deux soirs de décourage­ment devant sa page blanche, elle s’enflamme pour la per­son­nal­ité haute en couleurs aux 70 œuvres. En textes et en chan­sons, elle racon­te alors cette femme révoltée et pétrie d’idéaux, qui raf­fo­lait de l’ambigüité et des trans­gres­sions. Elle décrit cette mère sûre­ment loin d’être par­faite. Elle chante enfin cette amoureuse, maitresse des plus grands, qui per­mis à Mus­set d’écrire quelques-unes des plus belles pages d’amour de la lit­téra­ture française. Dans un accom­pa­g­ne­ment piano-accordéon, Car­o­line Loeb accroche le pub­lic sans le lâch­er. Elle met dans son réc­it une vraie ten­dresse, une déli­cieuse autodéri­sion, et une cer­taine iden­ti­fi­ca­tion. Car se dessi­nent pro­gres­sive­ment comme une évi­dence des simil­i­tudes entre ces deux femmes, tant leur car­ac­tère, leurs engage­ments, et leurs coups de gueule sem­blent proches. La comé­di­enne s’en amuse, qui truffe son réc­it de quelques références d’actualité et de scènes de sa pro­pre vie quo­ti­di­enne. Instruc­tif sans être pom­peux, des­tiné à tous plus qu’aux cul­tureux, ce séjour fine­ment mis en scène par Alex Lutz est doux, drôle et agréable. Il donne finale­ment l’occasion de redé­cou­vrir deux femmes que l’on croy­ait con­naître: une Car­o­line Loeb déli­cate et pas­sion­née et une George Sand aux mul­ti­ples facettes dont l’acte de décès men­tion­na à l’époque « sans profession »…