Accueil Rencontre Geneviève Charest et Jean Maheux : des gens plus que normaux !

Geneviève Charest et Jean Maheux : des gens plus que normaux !

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Geneviève Charest et Jean Maheux © Frédérique Ménard-Aubin

Geneviève Charest, Jean Maheu, pou­vez-vous décrire les per­son­nages que vous inter­prétez dans Une vie presque nor­male ?
Jean Maheux : Nous sommes un cou­ple et je suis Dan, le mari, évide­ment ! Mais je dirais plus… je suis le com­pagnon de l’aven­ture car l’his­toire tourne autour de Diane.
Geneviève Charest : Et moi, je suis Diane, la mère. En effet, je suis pra­tique­ment tout le temps sur scène car Diane est le per­son­nage piv­ot de cette pièce.

Une vie presque nor­male est plutôt chanté ?
J.M. : C’est chan­té. Ce n’est presque pas par­lé car tout est mis en musique.
G. C. : C’est le comé­di­en qui par­le… (rires). Moi, la chanteuse, je trou­ve que je joue (rires).
J.M. : Évide­ment c’est joué aus­si, mais il n’y a pas une scène com­plète­ment par­lée, c’est-à-dire qu’on com­mence à par­ler et la musique s’in­tè­gre. C’est très bien fait !
G. C. : C’est vrai­ment du théâtre musi­cal. Sou­vent, lors des dia­logues par­lés, on retrou­ve en arrière-plan la musique qui sou­tient l’oeuvre : c’est tou­jours très imprégné de musique.

Con­naissiez-vous cette comédie musicale ?
J.M. : Non, mais quand on m’of­fre quelque chose comme ça, je me lance dans l’aven­ture à par­tir du texte ou d’autres doc­u­ments. Evidem­ment, j’avais vu des extraits sur inter­net, mais je ne pou­vais pas me fier à ce que je voy­ais pour com­pren­dre la pièce.
G. C. : Moi non plus. Mais dès que Denise [NDLR : la met­teure en scène] m’en a par­lé, je suis allée la voir à Toron­to. J’ai eu le bon­heur de voir Alice Rip­ley [NDLR : créa­trice du rôle] qui repre­nait son rôle. C’é­tait inspi­rant ! Quelle actrice ! C’était extra­or­di­naire. De mon côté, je ne peux pas don­ner exacte­ment la même chose. On doit apporter sa couleur et Denise, dans sa mise en scène, a sa pro­pre vision. Plus les répéti­tions avançaient et plus elle s’ap­pro­pri­ait l’œuvre. L’e­sprit du spec­ta­cle reste le même, mais c’est aus­si, un peu, une créa­tion vu que c’est une pre­mière mon­di­ale francophone.

Quelles sont les dif­fi­cultés du rôle ?
G.C. : Alice Rip­ley était à Mon­tréal récem­ment et un bon ami à moi lui a par­lé d’Une vie presque nor­male ain­si que de moi. Il m’a trans­mis son mes­sage que «je ne devais pas trop me laiss­er envahir par le rôle », car elle-même s’é­tait lais­sée emporter quelques fois par les émo­tions. Il reste qu’il faut qu’on chante.…
J.M. : C’est arrivé en répéti­tions alors que nous avons tous eu des moments d’é­mo­tion. On doit faire des choix : soit je pleure, soit je chante (rires). Mais là, ça va bien. Nous avons mûri le rôle et main­tenant, nous devons trans­met­tre ces émo­tions au public.
G.C. : Ce sont de vrais beaux cadeaux que nous avons reçus en obtenant ces rôles, vraiment !

Aurons-nous droit à des musi­ciens « live » ?
J.M. : Lorsque Denise a com­mu­niqué avec moi, j’attendais de voir ce qu’elle dirait sur ce sujet. Dès qu’elle m’a con­fir­mé que c’était des musi­ciens « live », c’est à ce moment-là que j’ai ten­du l’oreille (rires). Cela fait vrai­ment une dif­férence dans un spec­ta­cle. Cer­tains pro­duc­teurs cla­ment que le fait d’avoir des musi­ciens sur scène plombe leurs bud­gets mais, per­son­nelle­ment, je pense qu’ils se tirent dans le pied.

Jean, vous êtes surtout con­nu pour vos rôles « joués », que ce soit à la télévi­sion ou bien sur scène, que préférez-vous entre le jeu et le chant ?
C’est dif­fi­cile de sépar­er les deux car c’est de l’in­ter­pré­ta­tion et, d’une façon ou d’une autre, on doit incar­n­er un per­son­nage. C’est l’essen­tiel et c’est surtout ce qui m’in­téresse. Je ne fais ni dis­tinc­tion et je n’ai aucune préférence, mais j’avoue que de ne faire qu’un sur deux, sur une longue péri­ode, cela pour­rait me man­quer. Mais je suis choyé de ce côté-là.

Geneviève Charest © Frédérique Ménard-Aubin

Abor­de-t-on un rôle chan­té différemment ?
J.M. : Non. Il y a une sit­u­a­tion dra­ma­tique à jouer. Le souf­fle n’est pas le même lorsque c’est chan­té et ça devient comme une trans­po­si­tion théâ­trale, même si c’est musi­cal. Il faut alors trou­ver l’in­spi­ra­tion du per­son­nage ; jouer du Racine ce n’est pas comme jouer du « Passe-moi le beurre » (rires).
G.C. : Le rythme de la musique aus­si impose quelque chose. Comme dans Les Mis­érables, il y a des silences d’ac­teurs mais tout est cal­culé. Tu ne peux pas dépass­er la ryth­mique qui est imposée par la musique. Ce qui est intéres­sant dans Une vie presque nor­male c’est qu’il y a une alter­nance des deux.
J.M. : C’est évi­dent que les auteurs ont tra­vail­lé longtemps sur ce pro­jet. Et cela donne des choses très émouvantes.

Tra­vailler avec la met­teure en scène Denise Fil­i­a­trault, cette grande dame du théâtre, ça se passe comment ?
G.C. : Ça se passe très bien. Elle est par­ti­c­ulière­ment de bonne humeur et je pense qu’elle est pas­sion­née par le spec­ta­cle et aus­si par le fait que ce soit con­tem­po­rain et jeune. Même au niveau de la langue util­isée car, par moments, c’est assez cru et Denise défend beau­coup la langue française. Nous avons eu quelques négo­ci­a­tions à faire mais elle nous a fait con­fi­ance ain­si qu’à nos idées.
J.M. : C’est une négo­ci­a­tion qui est dev­enue intéres­sante. Au début, il y avait des boutades qui se lançaient mais, par la suite, c’est devenu un sujet pour toute l’équipe. Pour moi, c’est pri­mor­dial ce genre de dis­cus­sions car on fait une ver­sion « québé­coise », et n’ayez crainte vous allez très bien com­pren­dre (rires) : c’est seule­ment que nous avons un phrasé qui nous est pro­pre ! Mais, les émo­tions véhiculées seront facile­ment acces­si­bles et le pub­lic va pou­voir se laiss­er trans­porter par la pièce.

Que peut-on vous souhaiter ?
G.C. : Du monde, un suc­cès et une tournée ! (rires). C’est vrai­ment un spec­ta­cle à voir et à décou­vrir ! Que les gens en par­lent autour d’eux et que cela fasse boule de neige.
J.M. : Parce que c’est très touchant.

Une vie presque nor­male dès le 15 mai 2012 au Théâtre du Rideau Vert.