Geneviève Charest, Jean Maheu, pouvez-vous décrire les personnages que vous interprétez dans Une vie presque normale ?
Jean Maheux : Nous sommes un couple et je suis Dan, le mari, évidement ! Mais je dirais plus… je suis le compagnon de l’aventure car l’histoire tourne autour de Diane.
Geneviève Charest : Et moi, je suis Diane, la mère. En effet, je suis pratiquement tout le temps sur scène car Diane est le personnage pivot de cette pièce.
Une vie presque normale est plutôt chanté ?
J.M. : C’est chanté. Ce n’est presque pas parlé car tout est mis en musique.
G. C. : C’est le comédien qui parle… (rires). Moi, la chanteuse, je trouve que je joue (rires).
J.M. : Évidement c’est joué aussi, mais il n’y a pas une scène complètement parlée, c’est-à-dire qu’on commence à parler et la musique s’intègre. C’est très bien fait !
G. C. : C’est vraiment du théâtre musical. Souvent, lors des dialogues parlés, on retrouve en arrière-plan la musique qui soutient l’oeuvre : c’est toujours très imprégné de musique.
Connaissiez-vous cette comédie musicale ?
J.M. : Non, mais quand on m’offre quelque chose comme ça, je me lance dans l’aventure à partir du texte ou d’autres documents. Evidemment, j’avais vu des extraits sur internet, mais je ne pouvais pas me fier à ce que je voyais pour comprendre la pièce.
G. C. : Moi non plus. Mais dès que Denise [NDLR : la metteure en scène] m’en a parlé, je suis allée la voir à Toronto. J’ai eu le bonheur de voir Alice Ripley [NDLR : créatrice du rôle] qui reprenait son rôle. C’était inspirant ! Quelle actrice ! C’était extraordinaire. De mon côté, je ne peux pas donner exactement la même chose. On doit apporter sa couleur et Denise, dans sa mise en scène, a sa propre vision. Plus les répétitions avançaient et plus elle s’appropriait l’œuvre. L’esprit du spectacle reste le même, mais c’est aussi, un peu, une création vu que c’est une première mondiale francophone.
Quelles sont les difficultés du rôle ?
G.C. : Alice Ripley était à Montréal récemment et un bon ami à moi lui a parlé d’Une vie presque normale ainsi que de moi. Il m’a transmis son message que «je ne devais pas trop me laisser envahir par le rôle », car elle-même s’était laissée emporter quelques fois par les émotions. Il reste qu’il faut qu’on chante.…
J.M. : C’est arrivé en répétitions alors que nous avons tous eu des moments d’émotion. On doit faire des choix : soit je pleure, soit je chante (rires). Mais là, ça va bien. Nous avons mûri le rôle et maintenant, nous devons transmettre ces émotions au public.
G.C. : Ce sont de vrais beaux cadeaux que nous avons reçus en obtenant ces rôles, vraiment !
Aurons-nous droit à des musiciens « live » ?
J.M. : Lorsque Denise a communiqué avec moi, j’attendais de voir ce qu’elle dirait sur ce sujet. Dès qu’elle m’a confirmé que c’était des musiciens « live », c’est à ce moment-là que j’ai tendu l’oreille (rires). Cela fait vraiment une différence dans un spectacle. Certains producteurs clament que le fait d’avoir des musiciens sur scène plombe leurs budgets mais, personnellement, je pense qu’ils se tirent dans le pied.
Jean, vous êtes surtout connu pour vos rôles « joués », que ce soit à la télévision ou bien sur scène, que préférez-vous entre le jeu et le chant ?
C’est difficile de séparer les deux car c’est de l’interprétation et, d’une façon ou d’une autre, on doit incarner un personnage. C’est l’essentiel et c’est surtout ce qui m’intéresse. Je ne fais ni distinction et je n’ai aucune préférence, mais j’avoue que de ne faire qu’un sur deux, sur une longue période, cela pourrait me manquer. Mais je suis choyé de ce côté-là.
Aborde-t-on un rôle chanté différemment ?
J.M. : Non. Il y a une situation dramatique à jouer. Le souffle n’est pas le même lorsque c’est chanté et ça devient comme une transposition théâtrale, même si c’est musical. Il faut alors trouver l’inspiration du personnage ; jouer du Racine ce n’est pas comme jouer du « Passe-moi le beurre » (rires).
G.C. : Le rythme de la musique aussi impose quelque chose. Comme dans Les Misérables, il y a des silences d’acteurs mais tout est calculé. Tu ne peux pas dépasser la rythmique qui est imposée par la musique. Ce qui est intéressant dans Une vie presque normale c’est qu’il y a une alternance des deux.
J.M. : C’est évident que les auteurs ont travaillé longtemps sur ce projet. Et cela donne des choses très émouvantes.
Travailler avec la metteure en scène Denise Filiatrault, cette grande dame du théâtre, ça se passe comment ?
G.C. : Ça se passe très bien. Elle est particulièrement de bonne humeur et je pense qu’elle est passionnée par le spectacle et aussi par le fait que ce soit contemporain et jeune. Même au niveau de la langue utilisée car, par moments, c’est assez cru et Denise défend beaucoup la langue française. Nous avons eu quelques négociations à faire mais elle nous a fait confiance ainsi qu’à nos idées.
J.M. : C’est une négociation qui est devenue intéressante. Au début, il y avait des boutades qui se lançaient mais, par la suite, c’est devenu un sujet pour toute l’équipe. Pour moi, c’est primordial ce genre de discussions car on fait une version « québécoise », et n’ayez crainte vous allez très bien comprendre (rires) : c’est seulement que nous avons un phrasé qui nous est propre ! Mais, les émotions véhiculées seront facilement accessibles et le public va pouvoir se laisser transporter par la pièce.
Que peut-on vous souhaiter ?
G.C. : Du monde, un succès et une tournée ! (rires). C’est vraiment un spectacle à voir et à découvrir ! Que les gens en parlent autour d’eux et que cela fasse boule de neige.
J.M. : Parce que c’est très touchant.
Une vie presque normale dès le 15 mai 2012 au Théâtre du Rideau Vert.