Rencontre avec Gaël Colin, metteur en scène de « Elegies… »

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Gaël Col­in ©DR

Quel est votre parcours ?
J’ai étudié au Con­ser­va­toire de Ver­sailles puis à l’Ecole du Stu­dio à Asnières. Ensuite, j’ai rejoint la Com­pag­nie du Stu­dio puis retour à Ver­sailles à la Com­pag­nie de la Reine au Théâtre Mon­tan­si­er. Il y a cinq ans, je suis par­ti pour Lon­dres à la Guil­ford School of Act­ing, sec­tion comédie musi­cale. Je suis resté quelques années là-bas pour mon­ter des spec­ta­cles à des­ti­na­tion des col­lèges, une douzaine de pièces qui m’ont per­mis d’apprendre la mise en scène par l’expérience pra­tique. Je suis revenu en France pour met­tre en scène une adap­ta­tion de Beau­coup de bruit pour rien, trans­posée au Far West, avec mes com­pagnons de scène ver­sail­lais. J’avais aus­si dans mes bagages un pre­mier pro­jet musi­cal, Ele­gies For Angels, Punks And Rag­ing Queens, un spec­ta­cle de Bill Rus­sell et Janet Hood que j’ai décou­vert à la Guil­ford School et pour lequel j’ai eu un coup de cœur.

Pou­vez-vous nous en dire plus sur ce spectacle ?
C’est un énorme tra­vail d’écriture sur le fléau du SIDA sous la forme de courts mono­logues vivants et sou­vent drôles, illus­trés de chan­sons. Le tout sans aucun pathos : les vivants et les morts racon­tent des tranch­es de vie avec recul et sérénité. Une cer­taine dis­tance et une atmo­sphère par­ti­c­ulière sont engen­drées par une poésie en vers libres, dont les rimes sont à peine per­cep­ti­bles mais pro­duisent leur effet. La musique fait écho à ce texte : un piano, une harpe et un vio­lon­celle accom­pa­g­nent un son un peu pop, un mélange peu fréquent. On a joué ce spec­ta­cle en deux­ième année de Guil­ford School et tout le monde, élèves comme spec­ta­teurs, a été touché sincère­ment. Une ren­con­tre m’a par­ti­c­ulière­ment mar­qué : une dame qui avait per­du un ami proche et qui lui en voulait beau­coup d’avoir con­trac­té le SIDA, ce qu’elle con­sid­érait comme une sorte de sui­cide sans bien savoir pourquoi. Elle nous a con­fié que le spec­ta­cle l’avait apaisée, qu’elle avait com­pris des choses, qu’elle était désor­mais en paix avec son ami. Tout cela, en juste une heure et demie, j’ai trou­vé cela fabuleux.

Com­ment vous y êtes-vous pris pour con­cré­tis­er ce projet ?
J’ai eu la chance d’avoir de bonnes rela­tions avec la direc­tion du Théâtre du Ranelagh, où s’est joué Beau­coup de bruit pour rien. La force de ma moti­va­tion pour faire con­naitre ce spec­ta­cle a fait le reste. A l’inverse de l’approche habituelle, j’ai eu un accord de principe pour 60 dates avant même d’avoir l’équipe ! Le point déli­cat reste le bouclage final du bud­get, respon­s­able d’un décalage d’une année (mars 2012). D’ailleurs, nous sommes tou­jours à la recherche de finance­ment et mécé­nat. Il est à not­er que  le spec­ta­cle sert sou­vent de sup­port à des actions car­i­ta­tives. A Paris, nous avons noué un parte­nar­i­at avec le Sidac­tion. Toute la recette d’un soir sera rever­sée à l’association. Nous comp­tons aus­si tourn­er dans les écoles pour par­ler du SIDA d’une manière moins for­matée, moins dra­ma­tique con­cer­nant une mal­adie mortelle et surtout sans don­ner de leçon de morale.

Com­ment se passent les préparatifs ?
L’adaptation a été faite par Ludovic-Alexan­dre Vidal. On a fait un cast­ing gigan­tesque qui a duré un mois plein, dont dix jours rien que pour tri­er les CV. Il y a eu trois tours d’auditions pour sélec­tion­ner quinze per­son­nes sur 300. Pour rester dans l’esprit du spec­ta­cle, on a fait atten­tion à respecter le temps et les efforts de pré­pa­ra­tion des artistes. On a eu un très bon retour sur ce point, ce qui me pro­cure une grande sat­is­fac­tion. Je suis heureux d’avoir rassem­blé une troupe éclec­tique, au-delà d’un noy­au de sen­si­bil­ité com­mune issu du Prince et le pau­vre. On a eu la chance d’intégrer dès cette année la Grande Fête du Théâtre Musi­cal au Comé­dia, la pre­mière occa­sion de présen­ter la troupe au com­plet. On était fier de voir que Bill Rus­sell avait posté la vidéo sur Face­book et son site web, une source d’encouragement pour toute l’équipe. Prochaine­ment, on va enreg­istr­er quelques titres pro­mo pour aider la recherche de finance­ment. Je prévois aus­si une par­tic­i­pa­tion à la journée mon­di­ale con­tre le SIDA, le 1er décem­bre 2011. Les vraies répéti­tions débuteront à par­tir de mi-jan­vi­er. On va tra­vailler très dur pour faire hon­neur à une œuvre sans tam­bour ni trompette qui repose entière­ment sur la qual­ité du jeu et du chant.

Avez-vous d’autres pro­jets en tant qu’acteur ?
A par­tir de sep­tem­bre, je vais jouer dans un spec­ta­cle pour enfants, Le loup est revenu, à la Folie Théâtre, mis en scène par Vin­cent Caire. J’ai aus­si été retenu pour le rôle de Phileas Fogg dans la ver­sion comédie musi­cale du Tour du  monde en 80 jours écrite par Julien Salvia et Ludovic-Alexan­dre Vidal. C’est un pro­jet d’en­ver­gure impli­quant 22 inter­prètes et 12 musi­ciens qui est tou­jours en recherche d’une nou­velle pro­duc­tion. J’au­rai donc large­ment le temps de me con­sacr­er à Elé­gies pour les anges, les punks et les folles per­dues.