
Pourquoi et comment avez-vous choisi d’embrasser une carrière dans le théâtre et plus particulièrement dans le théâtre musical ?
Ayant baigné dans ce milieu depuis ma plus tendre enfance, j’ai eu envie d’être comédienne. J’ai donc suivi les cours de Jean Périmony, Eva Saint Paul et Raymond Acquaviva. J’ai eu la chance de travailler rapidement. Cela m’a permis de connaître tous les aspects de ce métier. On ne peut pas travailler avec des comédiens, des metteurs en scène ou encore des auteurs si on ne connaît pas leur essence. J’ai eu l’opportunité de passer de l’autre côté de la barrière à un moment de ma vie, où je me posais des questions concernant le métier de comédienne et mes réelles motivations. Il faut avoir les épaules larges pour accepter de ne pas savoir à quelle sauce on va être mangé le mois suivant ! C’est un formidable métier, mais tellement instable… Etant passionnée de comédie musicale et ayant suivi une formation en chant et danse, j’ai proposé de créer, au sein d’Atelier Théâtre Actuel, un département Musical. Mon père, Jean-Claude Houdinière, avec qui je travaille, avait également cette envie ! Nous avons commencé avec la tournée d’Un Violon sur le toit en 2006–2007. C’était la première fois qu’Atelier Théâtre Actuel faisait tourner un spectacle de cette ampleur (43 personnes sur la route).
Quelle est l’actualité du département Musical ?
Le département grandit d’année en année car le musical est en plein essor en France. Durant cette saison, de nombreux spectacles seront en tournée : Fame que nous avons co-produit ; Macadam Tap, un spectacle de claquettes étonnant ; Les Douze Pianos d’Hercule avec Jean-Paul Farré ; Catimini, un quintet vocal formidable et Ulysse, le retour de Troie, un musical parfait pour le jeune public.
Nous proposons également J’me voyais déjà, sur le répertoire de Charles Aznavour (Théâtre du Gymnase), Kirikou, Hair (Le Trianon), Audimat (Le Trianon), Créatures (Casino de Paris), Jusqu’aux dents, une comédie musicale sur la grossesse (Vingtième Théâtre), Les Bavards (Ciné-Théâtre 13), L’envers du décor (création Avignon 2008). Et le spectacle Chance d’Hervé Devolder tourne toujours…Autant dire que je ne vais pas chômer ! (rires)
Effectivement vous avez une rentrée — et une année 2009 — chargée !
Oui ! Le spectacle J’me voyais déjà est très prometteur. Kirikou sera diffusé aussi bien dans des théâtres de petite taille que dans les Zénith. Créatures revient enfin à Paris et — j’espère — rencontrera un grand succès en province. Audimat, mis en scène par Stéphan Druet, va être épatant. En fait, je suis très heureuse de tous les spectacles que nous proposons cette année !
Quel est votre rôle au sein du département ?
Je m’occupe de toute la re-production des spectacles en tournée. J’utilise le mot « re-production » car, lorsqu’un spectacle part sur les routes, il faut tout remettre en marche. Cela s’appelle le montage. Les comédiens n’ayant pas joué le spectacle pendant plusieurs mois doivent répéter à nouveau, les techniciens également. Le décor doit en général être modifié pour s’adapter aux différentes salles.
Avant le départ en tournée, nous démarchons toutes les villes de France, Suisse, Belgique, etc. Nous constituons un planning tout au long de l’année qui donnera le visage de la future tournée. Nous prenons tout en charge : de la publicité à la technique jusqu’aux fiches de paie de chaque intervenant. Je négocie tous les contrats et prends les décisions les plus justes afin que la tournée se déroule parfaitement.
Quels obstacles ou contraintes rencontrez-vous parfois pour faire tourner certains spectacles ?
Ce qui est dur, c’est qu’il est impossible de savoir si un spectacle marchera en tournée ou prédire s’il se vendra bien en province. C’est un paramètre que nous ne pouvons pas maîtriser et cela ne dépend pas de la qualité du spectacle. Il m’arrive parfois d’être déçue après avoir placé des espoirs dans des spectacles que j’apprécie beaucoup et qui rencontrent un succès mitigé pendant la tournée. L’une des difficultés majeures est également de réussir à garder la distribution initiale d’un spectacle pour la tournée.
Le spectacle Fame s’est arrêté prématurément en juin dernier…
Je ne reviendrai pas sur le sujet. Ce sont les aléas de la profession… Le plus important est que nous avons une très belle tournée qui va avoir lieu et que ce beau spectacle, composé d’interprètes pleins de talent, va continuer à vivre.
Nous allons d’ailleurs retravailler avec Lorenzo Vitali sur Hair. Le spectacle sera mis en scène par Ned Grujic et créé au Trianon en janvier prochain.
Quels spectacles aimeriez-vous voir adaptés, montés ou créés en France ?
Je rêve de voir Hairspray. J’ai hâte de voir Rabbi Jacob, Grease et Edward aux mains d’argent. Et je nourris secrètement l’espoir de voir se remonter Les Misérables(rires)…
Quel est votre avis sur la place du musical en France et son évolution ?
Depuis quelques années, je constate que le musical se développe beaucoup. Il fait de petits pas tous les jours… Le nombre de représentations en tournée grandit chaque année, ainsi que la demande. J’y crois beaucoup et je m’emploie — comme beaucoup d’autres — à le développer tous les jours.