Accueil Talent à suivre Fanny Aubin : pas si mégère que ça !

Fanny Aubin : pas si mégère que ça !

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Fanny Aubin (c)DR
Fan­ny Aubin ©DR

Fan­ny, devenir comé­di­enne c’était une vocation ?
Pas du tout. Au début, je voulais être biol­o­giste parce que mon père est sci­en­tifique, chercheur au CNRS. Mais comme j’étais nulle en maths, je me suis réori­en­tée en lit­téraire. J’ai pris l’option art dra­ma­tique au lycée, c’est là que j’ai com­mencé à faire du théâtre. La comé­di­enne qui nous don­nait des cours a décelé un cer­tain tal­ent en moi et m’a vrai­ment poussée parce j’étais très timide, intro­ver­tie. Cela m’a fait beau­coup de bien, j’ai pris du plaisir à jouer sur scène. Après le lycée, je suis ren­trée tout de suite au Con­ser­va­toire du 19e arrondisse­ment de Paris. C’est là que j’ai ren­con­tré toute la troupe  actuelle de La mégère à peu près apprivoisée.

Avez-vous tout de suite fait par­tie de la Com­pag­nie Los Figaros, créée par Alex­is Michalik ?
Non, je n’ai pas joué dans La folle journée, leur pre­mier spec­ta­cle. Alex­is Micha­lik n’était pas dans ma pro­mo­tion mais il m’a repérée en me faisant tra­vailler avec d’autres comé­di­ens. Ça a été une chance de le ren­con­tr­er car c’est quelqu’un qui en veut et qui va jusqu’au bout de ses projets.

Com­ment êtes-vous arrivée sur La mégère à peu près apprivoisée ?

Alex­is m’a pro­posé le rôle de Kata­ri­na, la mégère. A la base, il y avait une autre comé­di­enne sur le rôle que j’ai rem­placée vers la fin des répéti­tions. Je n’ai eu que trois semaines pour tra­vailler le rôle. Je ne me sen­tais pas prête. J’étais sûre que je n’allais pas assur­er. Je suis assez timide alors que la mégère c’est quelqu’un qui envoie ! Ça paraît être une grande rigo­lade mais les répéti­tions ont été très dures pour moi. Je n’avais jamais vrai­ment chan­té avant. Ma chan­son est ryth­mique­ment assez dif­fi­cile, je n’avais aucune tech­nique. Au début des répéti­tions, je trou­vais tous les pré­textes pour ne pas chanter ma chan­son, et puis finale­ment quand il a fal­lu le faire ça s’est bien passé. J’ai pris quelques cours de chant. Je me suis amusée à par­tir du moment où on a com­mencé à jouer. Ce spec­ta­cle est vrai­ment un OVNI ! J’adore cette équipe, je prends de plus en plus de plaisir.

Par­lez-nous de votre per­son­nage Kata­ri­na, la mégère…
C’est une femme mod­erne qui a tout com­pris à la vie. Elle évolue dans un milieu com­plète­ment macho assumé et tourné à la déri­sion dans ce spec­ta­cle. Elle résiste et se rebelle con­tre ces hommes. Depuis les pre­mières représen­ta­tions en 2006, je l’ai faite évoluer, j’essaye de la ren­dre plus humaine et sym­pa­thique. D’un côté, c’est un rôle assez facile car je n’ai qu’une couleur à jouer mais du coup, je ne peux pas dériv­er vers le bur­lesque comme mes parte­naires. Je suis tou­jours oblig­ée de rester dans mon per­son­nage de rebelle qui lutte et ne rigole pas. C’est dif­fi­cile à tenir car j’ai très sou­vent envie de rire avec tout ce qui passe sur scène !

Etiez-vous ama­trice de comédies musi­cales avant ce spectacle ?

Ce genre ne m’intéressait pas for­cé­ment. Mes par­ents étaient plutôt rock’n roll, on écoutait les Doors, les Négress­es vertes et les Pink Floyd ! Ah si, ma mère ado­rait West Side Sto­ry, c’est la seule comédie musi­cale que je con­nais­sais un peu. La Mégère m’a don­né envie d’en con­naître plus, j’y ai vrai­ment pris goût. J’ai très envie de continuer.

Cela tombe bien car vous allez jouer dans le prochain spec­ta­cle de la Com­pag­nie Los Figaros, Un cha­peau de paille d’Italie, qui sera chan­té aussi…
Oui, ça va être beau­coup de tra­vail car c’est un gros pro­jet mais c’est une belle aven­ture qui s’annonce. On jouera tous plusieurs rôles. J’ai deux chan­sons en solo mais main­tenant j’appréhende beau­coup moins. Par con­tre, Alex­is nous a ajouté une dif­fi­culté, nous allons tous devoir jouer d’un instru­ment ! Je vais jouer du saxo. Je prends des cours, j’en fais tous les jours, j’adore. Le spec­ta­cle fera l’ouverture de la prochaine sai­son au Théâtre 13 en sep­tem­bre 2010. Mais en décem­bre, on doit déjà présen­ter un pre­mier jet de la pièce pour des pro­duc­teurs et des directeurs de salle.

Avez-vous joué dans d’autres spectacles ?

Après le Con­ser­va­toire, j’ai ren­con­tré d’autres comé­di­ens dans une école d’art dra­ma­tique qui ont créé aus­si une com­pag­nie, la Com­pag­nie du temps masqué. Nous avons déjà fait trois créa­tions dont Youm que nous avons jouée cet été au Fes­ti­val d’Avignon. C’est une pièce féerique, une comédie qui me tient à cœur. Nous espérons qu’il y aura une suite. Nous tra­vail­lons déjà sur d’autres créations.

Avez-vous d’autres projets ?
Pour l’instant, j’ai eu beau­coup de chance de tou­jours tra­vailler, qu’on soit tou­jours venu me chercher. Mais ce ne sera pas tou­jours comme ça, il faut que je me bouge, que je trou­ve un agent. Depuis que nous jouons ici au Vingtième Théâtre, quelques pro­fes­sion­nels sont venus nous voir et j’ai déjà eu quelques con­tacts intéres­sants. C’est sûr, La Mégère va m’aider. J’ai hâte aus­si de pou­voir faire un beau pro­jet de film ou de télé­film. Des fois, je me dis « et après ? Si je n’ai pas de tra­vail, est-ce qu’il faut que je me réori­ente ? ». Pour l’instant, je ne me vois pas faire autre chose, je ne saurais pas quoi d’ailleurs avec ma licence en Arts du spectacle…