Conception : David de Silva
Livret : José Fernandez
Paroles : Jacques Levy
Musique : Steve Margoshes
La chanson titre FAME a été écrite par Dean Pitchford Michael Gore
Adaptation française :
Livret : Danielle Mathieu-Bouillon et Stéphane Laporte
Paroles : Stéphane Laporte
Mise en scène de Ned Grujic
Chorégraphie : Raphaël Kaney Duverger
Direction vocale et musicale : Samuel Sené
Décors : Marco Daverio
Costumes : Jef Castaing
Lumières : Christophe Grelié
Avec Annick Cisaruk, Patrice Dozier, Eric Chantelauze, Sandrine Seubille, Fabian Ballarin, Hélène Buannic, Joseph-Emmanuel, Charlotte Filou, Eric Jetner, Dan Menasche, Chloé Pimont, Léovanie Raud, Jean-Michel Vaubien, Julie Victor, Hélène Buannic, Joss Costalat, Etienne Ducamain, Sofia Nait, Sylvain Rigault, Rachel Valéry, Carole Deffit.
Long-métrage réussi d’Alan Parker, devenu série culte avant d’être adapté sur scène, Fame relate les quatre années de formation des jeunes élèves chanteurs, comédiens et danseurs au sein de la High School of Performing Arts de New-York. Trois constructions narratives pour un même thème… avec divers niveaux de réussite.
Premier constat : le livret du spectacle est considérablement appauvri si on le compare aux oeuvres dont il est issu. Le film et, dans une moindre mesure, la série se concentraient sur les désillusions de jeunes artistes confrontés à leur art, leurs doutes et leurs ambitions, au fil des années. Sur scène, une alternance de saynètes et de morceaux musicaux permet de suivre les étudiants. Las, les personnages sont devenus tellement stéréotypés qu’il est difficile de les voir évoluer au fil de tableaux à l’intensité dramatique dérisoire ou empreints d’humour assez lourd.
Malgré les défauts inhérents au livret de base et même si on en a conscience avant de se rendre au théâtre, on ne peut s’empêcher d’être déçu par la production actuellement à l’affiche du Comédia. La mise en scène semble balancer entre le réalisme des salles de classe et un décor conceptuel où trônent les quatre lettres gigantesques FAME, au centre du plateau, comme pour rappeler à ceux qui l’auraient oublié le nom de l’oeuvre. Plusieurs références au film d’Alan Parker émaillent le spectacle par ailleurs, appelant les comparaisons. Mais le public n’attend pas forcément de voir les élèves danser sur des voitures. Il serait simplement ravi de les voir danser. Car si la force du film résidait dans sa capacité d’introspection des personnages, celle de la version scénique tient aux chorégraphies de groupe. Ici, elles sont trop peu nombreuses et arrivent tard. De fait, le rythme s’en ressent et les scènes musicales ne parviennent pas à pallier l’inconsistance des scènes dramatiques. On s’ennuie donc et ce, dès l’ouverture, qui paraît bien fade si on la compare à l’ouverture de la production qu’avait accueillie les Folies Bergère en 1998. Durant les premières minutes qui mêlent chant, danse et théâtre, on a en effet davantage envie d’assister à une chorégraphie endiablée plutôt que de voir successivement les futurs élèves recevoir leurs livres scolaires.
Fort heureusement, on découvre, accompagnée par des musiciens en live, une troupe énergique, quoique très hétérogène. Plusieurs artistes ressortent très nettement du lot. On remarquera notamment Léovanie Raud qui campe une Serena très en retenue, la vraie présence de Dan Menasche qui se distingue malgré un personnage des plus clichés ou Joseph-Emmanuel, un très attachant Samuel. Parfaite en Miss Sherman, Annick Cisaruck est d’une justesse remarquable tant au niveau vocal que dramatique. Enfin, l’artiste qui transcende véritablement le show est Jean-Michel Vaubien, très impressionnant dans le rôle du danseur illettré Tyrone. Il réussit à faire de ce personnage le héros de l’histoire, sans doute parce qu’il joue le personnage le plus complexe.
La valeur essentielle de cette production est donc sans conteste la découverte de ces talents… même si, à l’issue de la représentation, on a un sentiment mitigé et l’impression qu’avec plus de matière, comme le clament leurs personnages, ils auraient pu « faire mieux ».