
Racontez-nous un peu votre parcours…
Je viens de Suisse, de Genève, où j’ai arrêté mes études d’art pour me consacrer au théâtre. A 20 ans, je suis monté à Paris où j’ai pris des cours d’art dramatique aux Ateliers de l’Ouest pendant cinq ou six ans. Je pratiquais le chant en parallèle par plaisir et pour parfaire ma formation, notamment au niveau de la respiration. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à courir les castings et participer à quelques tournages de téléfilms.
Comment avez-vous entendu parler du projet Le Soldat Rose ?
Mon meilleur ami travaillait chez Thierry Suc Productions et m’avait mis au courant du projet. N’allez pas croire que cela a été facile pour moi. Il a fallu que j’insiste plusieurs fois, très lourdement, auprès de plusieurs personnes, pour pouvoir passer le casting. La production avait reçu tellement de dossiers qu’elle était réticente à en étudier un de plus. Quand ils ont accepté de me recevoir, ma fiche a été perdue. Et j’ai dû rappeler une nouvelle fois !
Justement, racontez-nous comment s’est passé ce fameux casting si difficile à décrocher ?
Je l’ai vécu entre rêve et stress. J’avais la sensation d’être au bon endroit au bon moment, avec les bonnes personnes. Quand je suis entré, j’ai immédiatement ressenti, aux regards de Louis Chédid, Pierre-Dominique Burgaud, Corinne et Gilles Benizio, qu’il se passait quelque chose. J’ai chanté Et pourtant de Vanessa Paradis, et comme je n’étais pas très assuré, ils m’ont tous encouragé. Je sentais qu’ils étaient très satisfaits dès la fin de la première chanson. J’ai entonné la seconde — La Javanaise — et là, je me suis lâché. A la fin de la chanson, il y avait tellement d’émotions qu’on pleurait tous ! Je suis sorti content de moi mais comme je suis le spécialiste des castings réussis qui ne donnent pas suite, l’attente a été dure à gérer. J’ai été rappelé pour le second tour et je suis arrivé avec 39°C de fièvre, pas de voix. Une vraie catastrophe… Louis Chédid a été adorable en me conseillant d’aller me reposer avant notre troisième rendez-vous. Cette fois-là, j’étais en forme ! J’ai reçu un coup de fil deux heures après ce troisième casting me demandant de revenir… Je suis arrivé, me préparant encore à chanter ou préparer un texte, quand j’ai appris que c’était bon et que j’avais le rôle. Je suis resté muet ; je ne m’y attendais pas du tout ! Après sept ans de galère, c’était un tel soulagement. Je n’arrivais pas à exprimer ma joie !
Mathieu Chédid interprétait le rôle dans la première version du conte. Comment avez-vous travaillé pour vous démarquer de son interprétation ?
Ce ne fut pas simple car Mathieu Chédid est l’un de mes artistes français préférés ! Je voulais à la fois me distinguer et à la fois ne pas le trahir. J’ai beaucoup chanté les chansons pour me les approprier et ne plus entendre la voix de Mathieu. De plus, le spectacle a complètement été réécrit : cela m’a aidé à construire le personnage. Nous avons fait des recherches sur nos personnages durant les répétitions. J’ai essayé de proposer quelque chose dont je me sentais proche. Les chansons étant très belles, c’est venu naturellement.
Comment votre personnage évolue-t-il par rapport au conte ?
Le Soldat Rose est avant tout mélancolique, poétique, qui contraste avec les autres personnages assez drôles. Mais il a un aspect ambigu. D’un côté, c’est un militaire capable de diriger une opération et, de l’autre, il a une sensibilité à fleur de peau. On le voit passer par plusieurs états et sentiments au cours du spectacle. Il ne reste pas uniforme.
Comment s’est passé le travail avec Corinne et Gilles Benizio dont c’est la première mise en scène ?
On ne dirait pas du tout que c’est la première fois ! Ils sont formidables, d’une grande douceur, d’une grande écoute. Ils nous rassurent, nous entourent… Ils ont beaucoup d’imagination et contribuent à développer celle des artistes ! Nous avons la liberté de proposer des choses, de créer, d’aller dans le détail. Ils nous poussent à explorer le plus loin possible la voie qu’on a choisie. Ils ont une vision très forte du spectacle ; ils savent parfaitement ce qu’ils veulent et cela a un côté très rassurant. Ils sont très complémentaires ; ils réagissent souvent aux mêmes choses au même moment !
A quelques jours de la première, dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Le sentiment qui prédomine au sein de la troupe, c’est l’impatience ! Nous avons tous hâte de voir les enfants, d’entendre le rire des adultes… Bien sûr, le trac est là, mais on est tous très confiants sur le spectacle qu’on porte. Nous travaillons en réelle harmonie et partageons le même plaisir de jouer ensemble. Nous sommes déjà une équipe très soudée et il est très probable que toute cette énergie positive va se sentir sur scène.