Fabian Richard — Le bien aimé

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Fabian Richard ©DR
Fabi­an Richard ©DR

Tout com­mence dans un vil­lage de vacances à Hyères. Chaque été, l’équipe d’an­i­ma­tion monte la comédie musi­cale Les Mis­érables avec des vacanciers qui jouent en play-back. « Le chef ani­ma­teur pre­nait des gens qu’il pen­sait cor­re­spon­dre aux rôles » nous racon­te Fabi­an, « il avait approché mon père pour jouer Jean Val­jean. Il s’est pris au jeu. L’an­née suiv­ante, j’ai fait Gavroche. Du coup, on est retourné tous les ans dans ce même vil­lage vacances et mon père a mon­té une troupe ama­teur chez nous en Nor­mandie pour faire la même chose ! » C’est ain­si que Fabi­an attrape le virus du spec­ta­cle et plus par­ti­c­ulière­ment celui de la comédie musi­cale. Le bac en poche, il n’a qu’une idée en tête : devenir comé­di­en-chanteur. « Tout en suiv­ant des cours en fac de droit, je mon­tais à Paris pren­dre des cours de chant, de comédie et de danse dans l’é­cole de Guy Bon­tem­pel­li, une école qui n’ex­iste plus mais qui était d’un très bon niveau » se sou­vient-il. Il décroche ses pre­miers con­trats pro­fes­sion­nels, d’abord dans des con­tes pour enfants, au Havre, puis dans des pièces de théâtre (Girau­doux, Anouilh, Strind­berg…). Il joue égale­ment au Fes­ti­val d’Av­i­gnon dans un spec­ta­cle musi­cal de Guy Bon­tem­pel­li, Si ça vous chante.

En 2000, il obtient le rôle de Bot­ti­cel­li dans Da Vin­ci, comédie musi­cale de Chris­t­ian Schit­ten­helm, au Casi­no de Paris. De ce spec­ta­cle, Fabi­an préfère ne retenir que le sou­venir d’une « troupe géniale avec un super esprit ». Il enreg­istre égale­ment des maque­ttes pour des pro­jets de comédies musi­cales, par­ticipe aux dif­férentes lec­tures de La Valse du Dia­ble, joue dans une créa­tion : Etre Ange Des­tin, et dans une petite pro­duc­tion de Hair. Que des comédies musi­cales et de bonnes expéri­ences. « Ca m’a per­mis de pro­gress­er, de tra­vailler et de créer des choses » recon­naît Fabi­an avec une cer­taine nostalgie.

Lorsqu’il intè­gre la troupe des Dix Com­man­de­ments, c’est pour être la dou­blure de Pablo Vil­lafran­ca. « Inté­gr­er une troupe en cours de route n’a pas été évi­dent. Quand on est dou­blure, on répète peu, chaque fois que je jouais le rôle c’é­tait un peu comme une pre­mière car il se pas­sait par­fois beau­coup de temps entre chaque représen­ta­tion. Le fait de devoir assur­er à tout moment sans être vrai­ment pré­paré m’a fait pro­gress­er. Et puis j’ai eu la chance de dou­bler un mec en or qui m’a bien aidé ! Quand Pablo est par­ti, j’ai repris com­plète­ment son rôle mais aus­si celui de Pedro Alves » racon­te Fabi­an qui décou­vre à cette occa­sion « un milieu un peu plus show busi­ness ». On est un peu loin de la comédie musi­cale à l’an­g­lo-sax­onne qu’il affec­tionne par­ti­c­ulière­ment. Il con­fie être fan de l’oeu­vre du tan­dem Schönberg/Boublil (Les Mis­érables bien sûr, Miss Saï­gon, Mar­tin Guerre), de Lloyd Web­ber (Phan­tom of the Opera, Sun­set Boule­vard) et même de Sond­heim (Sun­day in the park with George). D’ailleurs, pour lui, une comédie musi­cale idéale c’est « du texte écrit, des belles musiques, une dra­maturgie et des émo­tions qui touchent les gens ». Et il n’hésite pas à dire « oui ça pour­rait être Belles Belles Belles parce qu’en tant qu’in­ter­prète, j’y trou­ve une pêche, du rire et des larmes ».

Alors qu’on lui pro­pose dans un pre­mier temps de jouer l’un des forains dans Les Demoi­selles de Rochefort, ce rôle lui échappe finale­ment. Fabi­an vit mal ce revire­ment mais sa décep­tion n’est que de courte durée car Red­ha l’ap­pelle pour qu’il vienne audi­tion­ner pour Belles Belles Belles. Fabi­an décroche le rôle de Gré­go­ry. Il en est très recon­nais­sant à Red­ha avec qui il a déjà eu l’oc­ca­sion de tra­vailler. « On s’é­tait croisés il y a huit ans sur Danse pour la vie, un spec­ta­cle pour la lutte con­tre le SIDA. Je pense qu’il avait appré­cié ce que je fai­sais et moi, j’avais beau­coup appré­cié son tra­vail. J’at­tendais avec impa­tience de pou­voir retra­vailler avec lui ». Si, mal­gré quelques réserves sur les faib­less­es dra­maturgiques du livret con­statées à la pre­mière lec­ture, Fabi­an recon­naît ne pas avoir eu d’a pri­ori sur le spec­ta­cle. C’est grâce à Red­ha, « je lui fai­sais con­fi­ance, je savais qu’il allait en faire quelque chose de bien ». Con­fi­ance qui se con­firme pen­dant les répéti­tions. « Il a des idées en tête, mais il nous laisse pro­pos­er, créer des choses. Ca s’est très bien passé » se réjouit-il et de pour­suiv­re. « En plus, avant de com­mencer les répéti­tions, on a quand même eu qua­tre mois d’ate­liers assez inten­sifs de chant, de danse et de comédie avec des coachs top niveau »

« Un spec­ta­cle frais, jeune et enlevé » c’est ain­si que Fabi­an définit Belles Belles Belles. Pour lui, cette comédie musi­cale se dif­féren­cie des autres gros spec­ta­cles musi­caux actuels. « Il y a autant de dia­logues que de chan­sons et surtout, dans la troupe, tout le monde fait tout : chant, comédie, danse, en cela on se rap­proche de la vraie comédie musi­cale » se réjouit-il. A titre per­son­nel, il se dit comblé. « Ca fait longtemps que je ne me suis pas autant éclaté. J’ai beau­coup de choses dif­férentes à jouer : dans la pre­mière par­tie, je suis un peu « down », triste, tor­turé, ce que j’ai beau­coup eu à faire dans mes spec­ta­cles précé­dents. Dans la deux­ième par­tie, je mon­tre un côté plutôt fun et rigo­lo. Ca me plait car j’ai peut-être ces deux facettes en moi ! » s’en­t­hou­si­asme-t-il. Quant aux chan­sons de Claude François, Fabi­an les con­naît et les aime, « elles font par­tie du pat­ri­moine musi­cal français ». Il nous fait part alors d’une touchante coïn­ci­dence. « Ma tante, aujour­d’hui décédée, avait une chan­son fétiche qu’elle chan­tait à chaque réu­nion de famille et c’é­tait « Le mal aimé » que je chante dans le spec­ta­cle ! Je l’ai appris il y a peu de temps, ça m’a touché » nous con­fie-t-il ému.

Con­traire­ment à beau­coup, Fabi­an ne voit pas sa par­tic­i­pa­tion à un gros spec­ta­cle musi­cal comme un trem­plin pour une car­rière solo. « Je n’ai pas de plan de car­rière ! » s’ex­clame-t-il, « je ne fais pas les choses pour que ça m’ap­porte une recon­nais­sance ou d’autres pro­jets ensuite. Je me con­tente de faire mon tra­vail et d’y pren­dre beau­coup de plaisir ». Et puis il tient à soulign­er « le chant je ne l’ai pour l’in­stant tou­jours envis­agé que dans le cadre d’un spec­ta­cle musi­cal ». D’ailleurs, même s’il a aus­si des envies de ciné­ma, Fabi­an voit son avenir avant tout dans la comédie musi­cale, et pas for­cé­ment dans une grosse pro­duc­tion. « Ca ne me gên­erait pas d’en­chaîn­er sur un petit spec­ta­cle ». Opti­miste, il espère bien que « Paris devi­enne un nou­veau Lon­dres ou Broad­way avec six, sept, dix comédies musi­cales en même temps à l’af­fiche dans des théâtres, comme ici à l’Olympia, et non dans des salles immenses qui man­quent par­fois un peu d’âme ».