
Paroles de Tim Rice — Musique d’Andrew Lloyd Webber
Création
A Londres, au Prince Edward Theatre, le 21 juin 1978
A Broadway, au Broadway Theatre, le 25 septembre 1979
Principales chansons
Requiem for Evita — Oh, what a circus — On this night of a thousand stars — Buenos Aires — Goodnight and thank you — I’d be surprisingly good for you — Another suitcase in another hall — A new Argentina — Don’t cry for me Argentina — High, flying adored — Rainbow high — And the money keeps rolling in (and out) — Waltz for Eva and Che — She is a diamond — You must love me (composée spécialement pour le film)
Synopsis
Le récit commence en août 1952, avec les funérailles d’Eva Peron, alors que la foule rend un ultime hommage à son idole. L’épisode suivant nous ramène une vingtaine d’années en arrière, durant un autre enterrement : celui du père de celle qui n’est alors qu’une enfant illégitime, au fin fond de l’Argentine.
Ensuite, l’histoire nous permet de suivre l’irrésistible ascension de la petite Maria Eva Duarte à travers quelques épisodes-clés de sa vie. Premières amours, premières photos, petits boulots à la radio, rencontre avec un certain Juan Peron, mariage. Commencent alors les épisodes plus politiques : soutien absolu à son mari, manifestation du 17 octobre 1945 — moment clef de la révolution des « descamisados » (sans-chemise) qui portent Peron à la présidence, discours et actions, tournée en Europe… Le 26 juillet 1952, Evita meurt, à 33 ans, après une lente agonie due à un cancer.
Le thème
Cette biographie s’éloigne le plus possible de l’aspect politique pour traiter essentiellement de l’histoire individuelle d’Eva Peron. Il s’agit, au maximum, d’observer un destin exceptionnel et les moyens employés par l’héroïne pour arriver à ses fins.
Même si la comédie musicale ne permet pas de traiter ce personnage historique avec tout le recul et la réflexion qu’il aurait mérité, l’ambiguïté de ce personnage transparaît grâce aux interventions du narrateur. En effet, celui qui porte le nom ô combien symbolique de Che (rien ne prouve qu’il s’agirait de Che Guevarra — ce dernier aurait pu rencontrer Eva Peron, l’a-t-il fait ?), prend en charge le récit et possède la voix du peuple. Ce Che permet de démystifier quelque peu l’image trop lisse de l’icône.
L’histoire derrière l’histoire
C’est en 1974 que Tim Rice et Andrew Lloyd Webber commencent à travailler sur leur nouvelle comédie musicale. Après avoir mis en musique la vie de Joseph puis celle de Jésus, le duo s’attaque à une figure tout aussi « mythique » : la Santa Evita, vénérée par la plupart des Argentins… celle qui, à sa mort (à 33 ans !), fut embaumée pour pouvoir continuer d’être adorée, celle dont le cadavre sera volé et ne sera retrouvé que bien des années plus tard, après un périple international, celle qui reste, pour certains, la protectrice des plus défavorisés et, pour d’autres, un dictateur sans scrupule…
Quoi qu’il en soit, Evita constitue, dans ses paradoxes, un sujet de choix…
Cinq ans après le succès de Jesus Christ Superstar, Tim Rice et Andrew Lloyd Webber réitèrent avec la même recette : un sujet polémique, un héros ambigu et un enregistrement précédant la véritable création. En 1976, un album-concept paraît avec, dans les rôles principaux, Julie Covington (Evita), Colm Wilkinson (Che) et Paul Jones (Juan Peron). « Don’t cry for me Argentina » devient un tube. L’oeuvre arrive donc sur scène dès 1978, à Londres, au Prince Edward Theatre. La mise en scène est confiée à Harold Prince. Concernant les rôles principaux, David Essex est Che, Elaine Paige est Evita et Joss Ackland devient Juan Peron.
C’est un succès immédiat. Evita est applaudie durant plus de 3 000 représentations avant de rejoindre les Etats-Unis. La première américaine a lieu le 8 mai 1979 à Los Angeles, avant de rejoindre Broadway quelques temps plus tard.
Dès sa création, l’idée de transposer l’oeuvre à l’écran s’était imposée… il faudra plus de 18 ans pour voir le projet se concrétiser.
L’adaptation cinématographique est une véritable aventure. Durant une dizaine d’années, le projet traîne et rencontre des pressions d’ordre politique, idéologique ou artistique. La grande question est de savoir qui peut incarner un tel personnage. Les noms se suivent et ne se ressemblent pas : Bette Midler, Barbra Streisand, Olivia Newton-John, Meryl Streep, Cindy Lauper, Liza Minelli, Mariah Carey… C’est Madonna qui l’emportera, après des années d’acharnement, une lettre de motivation de plusieurs pages et des cours de chant (!).
En 1996, Alan Parker, l’un des réalisateurs les plus prolixes en matière de films musicaux (Fame, The Commitments, The Wall, Bugsy Malone…) réunit donc Madonna (Evita), Jonathan Pryce (Juan Peron) et Antonio Banderas (Che). Après bien des négociations, l’Argentine accepte que certaines séquences soient tournées dans les lieux d’origine. Ainsi, la fameuse « scène du balcon » où Eva Peron s’adresse à son peuple a été tournée dans la véritable Casa Rosada. Au final, « Evita — le film » ne connaît pas le triomphe escompté même s’il consacre le talent de Madonna et reçoit un accueil critique tout à fait honorable. Du côté des prix, il récolte tout de même trois Golden Globes (meilleur film comique ou musical — meilleure actrice dans une comédie ou un film musical et meilleure chanson) ainsi que l’Oscar 1996 de la meilleure chanson pour « You must love me », écrite spécialement pour le film
Versions de référence
Evita - Concept album avec Julie Covington dans le tôle titre.
MCA DMCX 503
Evita - Original London Cast : Avec David Essex (Che), Elaine Paige (Evita) et Joss Ackland (Peron).
MCA DMCG 3527
Evita - Original Broadway Cast : Avec Patti LuPone, Mandy Patinkin, Bob Gunton. Une Evita féroce et puissante.
DIDX 197/8
Evita - La BO du film et la BO du film en 2 CD avec Madonna, Antonio Banderas et Jonathan Pryce.
WB 9362 46432–2
Vidéo, DVD et DVD Collector du film.