
Quels sont l’histoire et le thème de Side Show ?
Side Show raconte l’histoire vraie des sœurs Hilton, siamoises par la hanche, qui furent les artistes les mieux payées du vaudeville [NDLR : spectacle vivant mêlant théâtre, chant, acrobaties et «monstres» très populaire en Amérique du Nord au début du siècle dernier jusque dans les années 30] et tournèrent même deux films. Leur destin est aussi fascinant que spectaculaire, un matériau parfait pour une dramaturgie, tellement dense que la difficulté principale a été de faire des coupes pour le livret. Le thème est bien entendu l’acceptation des différences. La troupe, dont une femme à barbe et un géant de 2 mètres, sont là pour en témoigner. Mais j’aime citer ce jeune étudiant qui, un jour où j’étais invité à débattre dans son école, résumait ainsi sa compréhension du show : «Est-ce OK d’être différent ? Non, c’est mieux !»
Quelles sont vos impressions après la première représentation du revival au St. James Theater le 30 octobre 2014 ?
C’était fantastique, je suis très enthousiaste. Je vis une année fabuleuse avec deux shows à l’affiche à New York : Pageant s’est joué Off-Broadway de juillet à octobre et Side Show débute maintenant. La présence de fans passionnés, parfois en larmes, est vraiment gratifiante pour Henry [NDLR : Krieger, compositeur] et moi. Les uns ont vu la production originale, les autres ont découvert le show via l’enregistrement du cast original. Je suis en contact avec beaucoup d’entre eux sur les réseaux sociaux et tous attendaient ce moment aussi impatiemment que moi. J’ai l’impression que nous avons réussi à satisfaire le public malgré des changements nombreux par rapport à l’original. On a eu deux standing ovations pendant la première représentation.
Quels sont les changements et ont-ils été dictés par l’échec commercial de 1997 ?
Malgré sa fermeture prématurée après quelques semaines d’exploitation, je reste convaincu que Side Show était déjà un bon show. Le spectacle a pâti de la concurrence de productions majeures comme The Lion King et Ragtime, un contexte commercial particulièrement rude. Par la suite, il a été récompensé par quatre nominations aux Tony Awards et a acquis la reconnaissance des amateurs de comédies musicales. Néanmoins, pour le revival, nous avons réécrit une bonne partie du livret en préservant les grands tableaux incontournables : « The Devil You Know », « I Will Never Leave You » et « Who Will Love Me As I Am ». Mais avec une histoire plus forte et des caractères plus trempés, on pourrait dire que l’on est passé d’un récit de coulisses à une véritable biographie. On avait même prévu de remonter dans le temps et voir Daisy et Violet enfants à une époque où un docteur voulait les séparer. La réglementation concernant les enfants artistes a contrarié nos plans mais on a quand même gardé un flashback via un bel effet de mise en scène et de lumières. Il y a aussi dix nouvelles chansons donc attendez-vous à de gros changements !
Comment avez-vous rencontré Henry Krieger, déjà une star à l’époque ?
J’ai été littéralement sonné par Dreamgirls en 1981 et j’ai tout de suite voulu travailler avec lui. Je l’ai rencontré deux ans plus tard à Los Angeles et lui en ai glissé un mot. Quand l’idée d’écrire sur les sœurs Hilton s’est précisée, mon agent lui a présenté le projet en lui envoyant un simple fax et, à notre grande surprise, il a accepté immédiatement. Il faut dire qu’entretemps « Learning To Let Go », le final de Elegies For Angels, Punks and Raging Queens, était devenu une de ses chansons préférées !
Comment avez-vous collaboré avec lui ?
Stephen Schwartz dirait que c’est une aberration, mais Henry part des lyrics pour écrire sa musique. Il s’assied à son piano, pose le texte qu’on lui soumet devant lui, ses mains sur les touches… et il lit tout en chantonnant et en jouant, comme ça lui vient. Souvent, la première mélodie ainsi engendrée est la bonne. Après j’ajoute des vers et lui fait les raccords musicaux. La partition se peaufine par des allers-retours progressifs. C’est aussi agréable qu’efficace.
Comment a germé l’idée du revival ?
A dire vrai, on a commencé à parler d’un revival le jour même où l’on a fermé la production originale. J’avais coutume de dire que si tous les gens qui me prédisaient un revival me donnaient 20 cents, je serais un homme riche. L’idée s’est précisée quand Bill Condon a exprimé son intérêt pour diriger une nouvelle mise en scène de Side Show, il y a plus de sept ans après avoir tourné Dreamgirls. Entretemps, il a tourné deux volets de Twilling, puis il s’est consacré à notre projet. Evidemment, maintenant je pense déjà à la suite : avec Bill Condon à la mise en scène et Universal Pictures comme co-producteur, Side Show a de bonnes chances de renaitre encore, cette fois sur les écrans !
Side Show se joue actuellement au St. James Theater à New York.

Emily Skinner et Alice Ripley, les interprètes du cast original, aux 52e Tony Awards où elles étaient co-nommées comme meilleures actrices dans un musical
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Erin Davie et Emily Padgett, le nouveau cast
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