De SiDe.
Avec Mike Fédée, Solène Gentric, Raphaël Hidrot, Denis Lefrançois, Alvaro Lombard (piano).
Mise en scène : Christophe Botti, Stéphane Botti.
Pierre est-il émotionnellement restreint ? Obtiendra-t-il dans la même soirée une double promotion professionnelle et sentimentale ?
Pour le savoir, mettez-le en présence de son meilleur ami québécois, d’une collègue nymphomane, d’un charmant client américain et secouez ! Vous obtiendrez un cocktail explosif !
Une comédie sentimentale du québécois Side, ponctuée de chansons parodiques accompagnées en direct par le pianiste Alvaro Lombard. Après Lit et autres possibilités, Chantons dans le placard, Un cœur sauvage, Un cœur de père et Un cœur en herbe, la nouvelle mise en scène de Stéphane Botti et Christophe Botti.
Notre avis : Au théâtre Clavel, les spectacles à thématique gay se succèdent mais ne se ressemblent pas. Après des pièces aux sujets sérieux voire tragiques, Émotionnellement restreint vient s’inscrire dans un registre tout ce qu’il y a de plus léger, celui du vaudeville, avec ses embrouilles et ses personnages bien dessinés : un avocat homo qui a du mal à exprimer ses sentiments (d’où le titre), son colocataire survolté qui ne pense qu’à ça (et qui est également son ex d’un soir), sa meilleure amie accro aux hommes (et qui est aussi sa collègue), et un séduisant client à qui il faut absolument faire signer un contrat et à propos duquel on se demande (trop brièvement) pour qui il en pince mais que tous veulent mettre dans leur lit.
Les ingrédients nécessaires à une bonne tranche de rigolade ont été réunis : qui pro quo, phrases à double sens, lapsus, coups en douce, dossier compromettant qui ressurgit aux moments les plus inopportuns… et – spécificité de l’auteur – accent et champ lexical québécois. Malgré cela, une trame prometteuse et de bons ressorts, cette première pièce de SiDe accuse plusieurs lourdeurs aux entournures : des dialogues trop explicatifs pour exposer les enjeux et les personnalités de chacun des personnages, une surenchère verbale dans la monomanie sexuelle des deux protagonistes délurés qui ne fait pas dans la subtilité, et – paradoxalement – une accumulation de clichés sur les gays. Pas à proprement parler musicale, la pièce intègre néanmoins des ponctuations (plutôt pas très bien) chantées et accompagnées au piano : des tubes qui ne datent pas d’hier mais qui font partie du patrimoine musical (Pierre Perret, Cookie Dingler, Chantal Goya, Starmania, La Mélodie du bonheur…) et dont les paroles ont été réécrites avec plus ou moins de pertinence, autant d’occasions pour les personnages de s’adonner à des mouvements chorégraphiques d’ailleurs pas toujours bien réglés.
Dans l’ensemble, on passe un bon moment et on rit devant cette comédie résolument sympathique et pleine de bons sentiments qui manque cependant de la finesse à laquelle nous avaient habitués les frères Botti dans les pièces de leur cru.