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Edges (Critique)

Amer­i­can Musi­cal The­atre Live! Paris présente en col­lab­o­ra­tion avec Paris Broad­way Saigon et MTI
EDGES de Benj Pasek & Justin Paul

Avec
Was­si­la Benaïssa
Adam Benghiat
Clara Benioff
Lau­ren Berkman
Eddy de Pretto
Xavier Ecary (swing)
Vin­cent Gilliéron
Clara Pettmann (swing)

Direc­tion vocale : Miran­da Crispin
Direc­tion musi­cale : John Florencio
Mise en scène : Stéphane Ly-Cuong

Assis­tante mise en scène : Marine Julien
Assis­tante de pro­duc­tion : Clara Pettmann

Résumé :
A tout juste 27 ans, les jeunes auteurs-com­pos­i­teurs améri­cains Benj Pasek et Justin Paul ont déjà vu leurs œuvres jouées off-Broad­way (
Dog­fight), à Broad­way (A Christ­mas Sto­ry, en novem­bre 2012) et à la télévi­sion (ils ont écrit des chan­sons pour la série à suc­cès Smash et ont inspiré deux des per­son­nages). Le mag­a­zine Van­i­ty Fair les a récem­ment bap­tisés « les nou­veaux Rodgers et Hammerstein ».
Edges
est leur tout pre­mier spec­ta­cle, qu’ils écrivent à l’u­ni­ver­sité alors qu’ils n’ont que 19 ans. Ce « song cycle » (une série de chan­sons autour d’un thème com­mun) évoque avec humour et émo­tion le pas­sage à l’âge adulte, les choix que l’on fait, les rêves que l’on poursuit.
Edges
a été joué dans des dizaines de pays à tra­vers le monde, de la Chine à l’Afrique du Sud, en pas­sant par l’Aus­tralie et le Dane­mark. C’est à l’Au­guste Théâtre que Edges sera créé pour la pre­mière fois en France, inter­prété en anglais par une jeune troupe (la ben­jamine a seize ans) prometteuse.

Notre avis :

Il est des risques que l’on prend, juste pour avoir le plaisir de les réussir.
Faire tra­vers­er l’Atlantique à Edges et le pro­pos­er au pub­lic français en était un. L’œuvre est récente, peu con­nue, et chan­tée en anglais ! Autant dire que l’on par­tait de loin. Oui mais voilà, à l’arrivée, l’atterrissage de Edges est impec­ca­ble. Il se fait en douceur et c’est un vrai bon­heur. Ce « song cycle », com­posé par les deux améri­cains Benj Pasek et Justin Paul n’est pas une comédie musi­cale au sens strict, c’est un réc­i­tal de chan­sons autour d’un même thème, celui du pas­sage à l’âge adulte, de la sor­tie de l’adolescence, lorsque l’on se trou­ve à la fois face à la réal­ité de la vie, à l’avenir, à la peur de l’inconnu.

Mon­té pour la pre­mière fois à Paris, c’est un excel­lent petit bijou que l’Auguste Théâtre accueille. Avec une mise en scène min­i­mal­iste, mais tou­jours juste, le spec­ta­cle pro­posé au pub­lic parisien repose unique­ment sur les chan­sons, les voix et les inter­prètes, pour la plu­part français. Et c’est une vraie mer­veille que l’on décou­vre. Les textes résol­u­ment con­tem­po­rains sont furieuse­ment drôles avec juste ce qu’il faut de ten­dresse, évo­quant tour à tour les ami­tiés, par­fois super­fi­cielles, les amours et les rup­tures, les sen­ti­ments, les pro­jets, les risques et les rêves, la vie finale­ment. Un hila­rant « I Hmm you »  et les excel­lents “Man of my dreams” et « Be my friend » évo­quant Face­book, valent à eux-seuls le détour.
Incar­nant par­faite­ment ces ado­les­cents au seuil de leur exis­tence, la troupe n’en fait pas trop ; Ô que cela fait du bien de ren­con­tr­er de tout jeunes chanteurs (qui n’ont rien à envi­er à leurs aînés), d’entendre de nou­velles voix, de décou­vrir une nou­velle œuvre résol­u­ment mod­erne et de se laiss­er touch­er par les inter­ro­ga­tions et les doutes de ces jeunes adultes autour de ce leit­mo­tiv : « Who I am ? Who I want to become ? »

Sur des mélodies inter­prétées au piano par John Flo­ren­cio, les chanteurs sans arti­fices super­fi­ciels, offrent des moments touchants, drôles et légers, plein de poésie. Par­mi la troupe, il y a d’ailleurs fort à pari­er qu’Adam Benghi­at et Lau­ren Berk­man ver­ront bien­tôt tous leurs rêves se réalis­er, tant leur présence sur scène est impec­ca­ble, par­faite­ment à l’aise dans leur jeu comme dans leurs chants.

Edges à Paris, en plus d’être inédit est un vrai régal. C’est sim­ple, c’est beau, c’est réus­si. Et si toute la troupe ne pos­sède pas les mêmes qual­ités face à l’anglais et que quelques légères faib­less­es de justesse se glis­sent, dûs au trac d’une grande pre­mière devant une salle archi-pleine, il n’y a que les ron­chons qui le diront, ceux qui ont arrêtés depuis bien longtemps de pren­dre des risques.