Mise en scène et chorégraphie de Kamel Ouali
Avec Golan Yosef (Dracula), Nathalie Fauquette (Mina), Julien Loko (Jonathan Harker), Anais Delva (Lucie Westenra), Grégory Deck (Sorci), Lola Ces (Poison), Florent Torres (L’Ange), Ginie Line (Satine), Aymeric Ribot (Dr Van Helsing)
Costumes : Dominique Borg
Décors : Bernard Arnould
Lumières : Jacques Rouveyrollis
Auteurs compositeurs : Fabien Cahen, Jennifer Ayache, Feed, Pascal Trogoff, Busta Funk, Davide Esposito, Patrice Guirao, Axel Bauer et Adrien Gallo, Da Silva, Benoit Poher, Rémi Lacroix, Nicolas Nebot, Bénédicte Wiand
Après Le Roi Soleil et Cléopâtre, Kamel Ouali revisite le mythe du comte Dracula.
Sur des chansons originales, le spectacle met en avant l’histoire de l’amour impossible de Dracula, tiraillé entre passion et raison.
La troupe de chanteurs comédiens et danseurs évoluera dans un univers onirique, tantôt obscur, tantôt ludique.
Kamel Ouali promet de rester fidèle à sa conception du grand spectacle musical et d’innover par un travail sur les images et les lumières encore jamais proposé à ce jour.
Notre avis :
En 1999, Notre-Dame de Paris triomphait sur la scène du Palais des Congrès, suivi peu de temps après par Roméo et Juliette et Les Dix Commandements (au Palais des Sports). Ce qui n’aurait pu être qu’un effet de mode semble perdurer, plus de dix après le début du phénomène. Ces spectacles musicaux à la française continuent à faire les beaux jours des deux salles précédemment citées entre succès (Le Roi Soleil, Cléopâtre, Mozart…) et échecs (Cindy, Gladiateur…). En ce début de saison 2001–2012, Kamel Ouali (chorégraphe des Dix Commandements, metteur en scène d’Autant en emporte le vent, Le Roi Soleil, Cléopâtre) ouvre le bal avec sa version de Dracula (mode des vampires oblige), inspirée du roman de Bram Stoker.
Maintenant que ce genre de spectacles existe depuis une bonne décennie, on peut certainement dire qu’il existe un format, une recette qui lui est propre : un thème fort basé sur une période historique évocatrice ou sur un classique de la littérature et/ou du cinéma, un style musical pop-rock ou variété pouvant plaire à un public jeune, avec des chansons passant en radio et en télé bien en amont du spectacle, des interprètes avec des voix puissantes, des chorégraphies percutantes et une multitude d’effets visuels (lumières, costumes, nombre important d’artistes) sur scène. Ces caractéristiques s’accompagnent forcément d’éléments moins positifs : une dramaturgie extrêmement faible, des dialogues généralement pauvres, des personnages unidimensionnels, un jeu d’acteur souvent limité. On est ici dans un concept qui est plus proche du « concert thématique » que du théâtre musical.
A partir du moment où l’on a toutes ces données en main, on ne sera donc pas déconcerté par le Dracula de Kamel Ouali qui s’inscrit parfaitement dans ce moule sans particulièrement créer de surprises, seule l’esthétique change : un univers érotico-gothique plus ou moins dans l’air du temps. Pour le reste, on a l’alternance habituelle de ballades et de morceaux dansants, des chorégraphies dynamiques très joliment mises en lumières par Jacques Rouveyrollis, etc. On ne remarquera pas d’amélioration du côté dramaturgique, en revanche, du côté technologique, on notera quelques projections savamment utilisées (la traversée de la forêt) ainsi que la séquence gagdet : un film en 3D de six minutes environ (un pas de deux entre Dracula et Mina). A cet égard, la seule réelle surprise est justement le choix d’avoir un Dracula qui ne chante, ni ne joue (puisqu’il ne parle plus depuis la mort de sa femme), mais qui danse. D’ailleurs, Golan Yosef est un merveilleux danseur et sa partenaire Nathalie Fauquette (Mina) n’est pas en reste. Mais leur talent semble se diluer au milieu de cette énorme machine, de ces voix écrasantes et de ce déluge de moyens et d’effectifs.
Les amateurs de ce genre de spectacles retrouveront donc, à peu de choses près, les ingrédients qu’ils auront appréciés dans les autres productions, ceux qui n’aiment pas passeront leur chemin, et au final, rien n’a vraiment changé.