Paroles et Musique : Benj Pasek and Justin Paul
Livret : Peter Duchan
Mise en scène : Matt Ryan
Avec : Laura Jane Matthewson (Rose), Jamie Muscato (Eddie), Cellen Chugg Jones (Boland), Nicholas Corre (Bernstein), Matthew Cutts, Joshua Dowen, Ciaran Joyce, Amanda Minihan, Rebecca Trehearn, Samuel J. Weir.
Notre avis : Benj Pasek et Justin Paul comptent parmi les meilleurs espoirs de la nouvelle génération d’auteurs de chansons et de comédie musicale. A 30 ans à peine, ils enchaînent les succès pour la télévision (série Smash) et pour la scène, incluant une nomination aux Tony Awards de Broadway pour A Christmas Story. Leur dernier show, Dogfight, a reçu un accueil favorable sur Off-Broadway en 2012 et démarrait sa carrière européenne à Londres au Southwark Playhouse, un petit théâtre réputé pour la qualité de ses productions.
Une telle association de talents déçoit rarement et, de fait, Dogfight tient toutes ses promesses en matière de cast, de mise en scène et d’orchestration. Le professionnalisme et les performances multidisciplinaires sont une constante de Londres, y compris pour les productions plus modestes. Jamie Muscato (Eddie) et Laura Jane Matthewson (Rose) tiennent les rôles principaux de façon magistrale, entourés d’une troupe aussi talentueuse qu’enthousiaste.
L’oeuvre elle-même est très belle musicalement, avec des accents “sondheimiens” (“Nothing Sort Of Wonderful”) et de profondes influences de Spring Awakening dans le deuxième acte, plus noir.
Le livret, quant à lui, est un peu décevant. L’intrigue est convenue, dictée par le film éponyme de 1991, et laisse peu de place à la subtilité des personnages. Trois copains en partance pour le Vietnam, à la veille de la guerre, organisent un “dogfight”, un concours de celui qui ramène la fille la plus moche pour passer la soirée, un “dîner de thons” en quelque sorte. C’est dans ce contexte prometteur qu’Eddie rencontre Rose, mais il passe un peu rapidement du fieffé salaud misogyne à l’amoureux transi. Le contexte douloureux du départ pour le Vietnam pourrait expliquer bien des choses, mais le spectateur doit plutôt se raccrocher à ce qu’il sait du Vietnam qu’à ce qui est explicité ici pour le comprendre. Du coup, on perd beaucoup en émotion et il ne suffit pas d’une scène de guerre, si réaliste soit-elle, pour laisser entrer le soleil.
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Pour les gens de passage à Londres, Dogfight se joue jusqu’au 13 septembre au Southwark Playhouse (pour réserver, cliquer ici)