Pouvez-vous présenter L’Eveil du printemps ?
C’est un musical rock créé en 2006 off-Broadway puis à Broadway par Steven Sater et Duncan Sheik, à partir de la pièce allemande de Frank Wedekind qui met en scène des adolescents confrontés à un corps qui grandit, et à des désirs difficiles à comprendre. Alors que les adultes qui les entourent sont incapables de franchise et de soutien, ils échangent ce qu’ils savent, et repoussent leurs limites et l’autorité. Si l’action se passe en 1891, chaque moment musical est un instantané de ce qui leur passe par la tête, et fait écho à un tempérament et des situations très actuelles.
Pourquoi avoir choisi d’adapter cette œuvre en français ?
D’abord parce que ce musical aborde des aspects de mon histoire personnelle. Je n’arrivais pas à m’expliquer comment ce texte, ces mots et cette musique résonnaient aussi clairement dans mon esprit comme une impression de déjà-vu. J’étais littéralement transporté dans ma propre mémoire tout le long de ce spectacle. Et puis, le recul se faisant, j’ai réalisé à quel point ce sujet demeure d’une actualité bouleversante. L’adolescence et ce conflit de communication avec les adultes sont des sujets que je tente de comprendre depuis des années. J’avais là, avec ce musical, le moyen d’en aborder les thèmes les plus forts. C’était un pari fou. Mais avec l’aide de Suzanne Sarquier, de l’agence Drama qui gère les droits en France, j’ai pu faire grandir cette vision en projet sérieux.
Quel est l’univers musical de ce spectacle ?
C’est très rock indé. Duncan Sheik est connu Outre-Atlantique pour des mélodies vaporeuses à la guitare, presque fantomatique. On est proche de Jeff Buckley, Beck ou Sarah MacLachlan dans le style. C’est très nouveau et ça a d’ailleurs bouleversé le paysage musical de Broadway à sa sortie.
Pouvez-vous nous présenter l’équipe ?
J’ai la chance d’être entouré d’artistes incroyables et j’ai la fierté de dire que tous les artistes que j’ai voulus sur ce spectacle m’ont dit « oui ». Côté coulisses, je suis aidé par Marie Boisseau à la direction d’acteurs, Geoffrey Chaurand à la direction musicale, Pierre Darmon pour les choeurs, Gregory Garell pour la scénographie, Lou de Testa pour les costumes, et Delphine Hautecoeur à la coordination. Côté scène, vous verrez Cécilia Cara, Yoann Pigny, Nyco, Nolwenn Knecht, Tiffanie Jamesse, Julie Lemas, Ana Ka, Joseph-Emmanuel Biscardi, Regis Olivier, Tony Notot, Slimane, Olivier Ruidavet et Edwige Chandelier (qui assure en parallèle la direction vocale). La richesse de cette équipe, c’est qu’elle mélange des professionnels du théâtre musical et des artistes de la nouvelle scène française. Des gens connus et des gens à connaître. Cette mixité était primordiale dans mon esprit et je suis heureux qu’ils m’aient accordé leur confiance indéfectible. Sans condition. C’est rare.
A quel stade de production en êtes-vous ?
Pour le moment, nous sommes à la recherche d’une ou plusieurs productions sérieuses pour que l’atelier devienne spectacle. Depuis deux ans, je travaille pour prouver que ce musical a sa place en France. Mais il fallait passer par cette lecture et un projet clair pour convaincre des producteurs et partenaires commerciaux. L’Eveil du printemps, ce n’est pas Grease, ou Fame, ou Hairspray, qui se montent grâce à une notoriété cinématographique. Sans avoir vu le spectacle, on sait de quoi on parle et qu’il y a un potentiel commercial certain. Pour L’Eveil, il faut vraiment être un inconditionnel du musical pour connaître son existence et son potentiel. Ou bien être féru de théâtre et avoir vu l’original de Wedekind, joué ces deux dernières années notamment au Théâtre de La Colline, pour en connaître les qualités. Mais je crois sincèrement qu’il y a une attente très forte autour de ce spectacle et que ceux qui le découvriront seront frappés par la jeunesse, l’énergie et l’émotion qu’il dégage. Il faut être ambitieux pour soi mais aussi pour le public qui attend d’être toujours plus surpris. Je ne peux m’empêcher de penser à un film comme Les Choristes qui, en recherche de financement, n’intéressait personne parce que jugé désuet, et qui attira pourtant plus de 8 millions et demi de spectateurs en salle. Et puis, si ça peut rassurer un peu plus, Warner Bros va produire l’adaptation cinéma du musical. Comme quoi…
La représentation de L’Eveil du printemps aura lieu le lundi 6 juin, à 18h30, au Théâtre du Petit Saint-Martin. Entrée gratuite mais réservation indispensable.