
J’ai commencé par le Petit Conservatoire de Mireille. Il y a une dizaine d’années, j’ai écrit une comédie musicale pour un centre culturel à Masséna. C’était sur le thème du pot-au-feu et il y avait cent participants. Depuis ça, j’ai toujours l’envie de mener à bien des spectacles musicaux. J’ai également un parcours de plasticien, ce qui me fait faire des décors de théâtre, de pub, etc. Comme j’ai ce métier de plasticien dans les pattes, mes spectacles sont toujours assez soignés au niveau visuel. Là, c’est un décor unique mais très fini et accessoirisé.
Quand on fait de la comédie musicale française, l’influence de Jacques Demy n’est-elle pas trop lourde ?
Ca a été une influence tout dernièrement parce que j’ai revu des choses sur Demy. Ca m’a confirmé ce que je pensais sur l’accessoirisation, c’est-à-dire qu’on va vers un côté décalé : tutus fluos, chapeaux immenses. C’est le côté comédie musicale qui permet aussi la fantaisie. Cette audace là, Demy l’a eue il y a vingt ans. Dès l’instant où on annonce une comédie musicale, il faut qu’il y ait un côté rêve.
Où et comment est née l’idée de Loft ?
Ici, dans l’atelier, parce qu’on a déjà organisé des grandes fêtes. Un jour, on a compté 180 personnes qui sont venues. Le lendemain, en rangeant, on s’est dit que tout ce qui s’était passé la veille donnerait de la matière pour faire un spectacle : inviter des gens aussi différents dans un espace assez réduit, des gens qui ne se connaissent pas forcément, qui se croisent, s’ignorent ou se déchirent… Ca a mûri pendant trois ans et le jour où on a décidé de faire un spectacle musical, j’ai fait coller les deux idées.
Comment définiriez-vous le style musical de Loft ?
Populaire. Comme je ne suis pas très doué en musique, je ne vais pas composer des trucs inchantables. Ce sont des airs qui se retiennent relativement facilement et ça tape tous azimuts. Il y a du funky, de la java, du tango… Il y a un peu de tout.
Vous êtes auteur, compositeur, metteur en scène, décorateur… ce n’est pas trop dur de porter autant de casquettes ?
J’aime tout ça, donc, pourquoi me priver ? Mais je suis bien entouré. Musicalement, entre ce que j’ai fait comme ça et ce qu’on entend maintenant, ça a pris de l’épaisseur. Les décors, c’est vraiment mon travail, donc j’ai vraiment tout fait, de la maquette jusqu’à la peinture et la patine que je voulais. Quant à l’écriture, c’est un peu particulier, parce qu’on a l’habitude de travailler avec le noyau de la troupe, donc il m’arrive fréquemment de quitter une répétition et de me mettre à mon bureau pendant deux heures pour écrire. J’ai lancé l’aventure le 1er avril. A l’époque, il y avait un texte qui faisait 20 pages… Il en fait plus de 65 maintenant. J’ai eu aussi la chance d’avoir cette troupe qui maintenant me fait confiance. Quand je les embarque dans un projet comme ça, ils se disent toujours « on sait d’où on vient mais on ne sait pas encore où on va ».
Vous verra-t-on également sur scène ?
Dernièrement, je me suis inventé un rôle. Mais comme je m’occupe de beaucoup de choses et que j’ai un problème de mémoire, je me suis écrit un rôle muet. C’est un personnage dérangé qu’on appelle Neuneu. On le garde dans cet atelier parce qu’il rend des petits services mais il n’est pas fini… Il parle très peu. Souvent dans ce genre de soirées, on va voir celui qui ne parle pas et on se confie. Lui, il entend plein de choses que n’entendent pas les autres mais que le public entend. C’est un peu le confident.
Vous aviez envie de parler d’homosexualité ?
Je connais bien la question pour avoir vécu des ruptures un petit peu comme ça. Parce que c’est quand même l’histoire d’une rupture — c’est musical, c’est drôle — mais il y a quand même une petite douleur au fond, comme dans tous les spectacles comiques. Je connaissais assez bien la chose pour avoir le culot de l’alimenter en écriture. Mais, je n’en fais pas un problème, c’est un prétexte à faire une comédie musicale, point. Je ne tiens pas à être le défenseur de quoi que ce soit, ce n’est ni La cage aux folles, ni Jeanne et le garçon formidable.
Y‑a-t-il déjà un après Loft ?
Non. Il y a Loft et déjà l’envie de le reprendre. Il y a eu six mois de création intensive et je ne suis pas fou au point de déjà penser à la suite. Je ne suis pas boulimique comme certains. En tout cas, il y a du bonheur et du plaisir sur scène. Ce que je souhaite, c’est que le public partage ça.