De Bertolt Brecht.
Traduction : Gilbert Badia et Jean Baudrillard.
Mise en scène : Olivier Mellor.
Avec Romain Dubuis (piano, orgue, harmonica), Séverin Jenniard (contrebasse, shaker, tambourin), Olivier Mellor (Ziffel), Cyril « Diaz » Schmidt (percussions, guitare, grosse caisse) et Stephen Szekely (Kalle, piano).
Direction musicale : Séverin « Toskano » Jenniard.
Chansons : Bertolt Brecht / Kurt Weill, Jean Yanne, Léo Ferré, Bernard Dimey, Raoul de Godewarsvekde, Jesse Garon…
Arrangements : Séverin Jenniard, Romain Dubuis.
Scénographie : Noémie Boggio, Alexandrine Rollin.
Costumes : Hélène Fallé.
Lumière : Benoît André.
À Helsingfors, au buffet de la gare, deux Allemands, Ziffel, un physicien et Kalle, un ouvrier, chassés de leur pays par… « comment s’appelle-t-il donc au juste ? »… devisent librement autour de verres de bière, à propos de la philosophie de Hegel, du rôle des vertus civiques, de la nécessité de l’ordre, des méthodes d’éducation et du plaisir que la pensée procure. Oscillant sans cesse entre humour et gravité, ils en reviennent cependant toujours à la cause de leur exil : Hitler et le IIIe Reich. « L’homme est bon, mais le veau est meilleur ».
Notre avis : La démocratie, l’identité nationale, l’exil, l’oppression, la crise, le capitalisme, la lutte sociale, le chômage… sont autant des sujets – ô combien actuels ! – abordés au cours de ces Dialogues d’exilés, chopines de bière en mains. Le texte touffu de Brecht navigue entre aphorismes engagés, formules de comptoir, clairvoyance implacable et humour grinçant… tout en cherchant à divertir – mince gageure ! Sa densité, son côté brut et son exigence rendent parfois difficile son suivi et, nonobstant quelques longueurs inhérentes, il est porté avec modernité et engagement par Olivier Mellor (Oliver Twist) et Stephen Szekely, qui savent jouer de leurs contrastes et insuffler différentes énergies à leurs personnages. La conception du spectacle mêle intelligemment l’ambiance d’un bar, le visuel du cirque – on adore les pantalons ! – et la fantaisie du music-hall, et réserve une place d’honneur aux chansons signées Kurt Weill, Léo Ferré, Jean Yanne, Bernard Dimey, Raoul de Godewarsvelde et même Jesse Garon… et brillamment arrangées par Séverin Jenniard et Romain Dubuis. Un cabaret philosophico-politique mené à train d’enfer qui mérite qu’on s’y attarde.