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Découvertes Diva 2009 : deuxième semaine

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musical-suspectRegard en Coulisse revient sur cer­tains temps forts de la deux­ième semaine.

Musi­cal Suspect

Texte de Frédéric Bap­tiste et Murielle Magellan
Chan­sons de Caryn Trin­ca et Flo­rence Trinca
Musique et arrange­ments vocaux de Vin­cent Heden
Avec Fabi­an Bal­lar­in, Ann­ka Musy, Caryn Trin­ca, Vin­cent Heden, Flo­rence Trin­ca, Mag­a­li Bon­fils, Dominique Plaideau et Stéphane Barrière.

Musi­cal Sus­pect est l’histoire de cinq chanteurs-comé­di­ens et d’un pianiste qui vont pren­dre en otage les action­naires d’une grande société ain­si que le patron de celle-ci, odieux et impi­toy­able, afin de présen­ter leur spec­ta­cle, voire de le ven­dre. Mais tout le monde n’est pas capa­ble de réus­sir une prise d’o­tage ! S’ensuivront donc des prob­lèmes de logis­tique, un acteur qui manque à l’appel, une ouvreuse un peu loufoque, un patron agile mais surtout l’envie d’offrir aux action­naires un spec­ta­cle digne de ce nom.

Cette pièce coécrite par Fréder­ic Bap­tiste et Murielle Mag­el­lan a été créée à l’Espace Daniel Sora­no de Vin­cennes en 2003. Les musiques étaient alors tirées de célèbres comédies musi­cales (Yentl, Les Mis­érables, Les demoi­selles de Rochefort, Chica­go, Cabaret, etc.) et arrangées par Vin­cent Heden. Depuis, celui-ci a com­posé des chan­sons orig­i­nales sur des textes de Caryn et Flo­rence Trinca.

Ain­si, cette toute nou­velle ver­sion de Musi­cal Sus­pect se trou­ve être plus juste au niveau du livret et ren­force l’intention des per­son­nages qui souhait­ent défendre un spec­ta­cle original.
Le cast­ing est pres­tigieux et nous offre une lec­ture qui dépasse nos attentes. Les inter­pré­ta­tions sont fines, les chan­sons mag­nifiques, le texte fait preuve de beau­coup d’humour et la troupe est énergique, belle, émouvante.
C’est un spec­ta­cle que l’on souhaite revoir prochaine­ment sur scène et qui don­nerait presque envie d’être pris en otage !

(Marine Julien)

Chante Moby Dick

Texte et musique de Jonathan Kerr, avec Lau­rent Mal­ot, Jonathan Kerr et Sophie Delmas.

Chante Moby Dick s’inspire libre­ment de l’oeuvre d’Herman Melville. Jonathan Kerr, créa­teur du spec­ta­cle, incar­ne le fameux cap­i­taine Achab qui veut retrou­ver et tuer la baleine meur­trière Moby Dick, à qui il doit sa jambe de bois. Le cadre de la Péniche Opéra, qui accueil­lait cette lec­ture, se prête bien à cette forme de « huis clos marin ».

Les mono­logues ou les dia­logues sont par­fois trop longs, par­ti­c­ulière­ment au début de la pièce. Le car­ac­tère obses­sion­nel d’Achab est par­fois envahissant mais il est en par­tie com­pen­sé par la présence de son com­pagnon de mer (Lau­rent Mal­ot) et par le sou­venir d’une belle Andalouse (Sophie Del­mas) qu’il aurait aimée. Le reg­istre très théâ­tral retenu con­traste avec des arrange­ments util­isant curieuse­ment de nom­breux sons syn­thé­tiques. L’œuvre pro­pose toute­fois plusieurs chan­sons de belle fac­ture, dont celles inter­prétées en duo. La descrip­tion des décors envis­agés pour les « vraies » représen­ta­tions donne égale­ment envie d’en décou­vrir plus sur Chante Moby Dick.

(Dan Renier)

Le gai versant

De Lydie Agaesse — Musiques : Thier­ry Boulanger et Patrick Laviosa
Mise en scène de Jean-Luc Revol
Avec Mag­a­li Bon­fils, Chris­tine Bon­nard, Flo­rence Pel­ly, Ari­ane Pirie

« Le Gai Ver­sant », c’est la rési­dence où vivent Douze Bis, La Pinède, Mon Rêve et Ker Cas­tel. Qua­tre femmes, qua­tre per­son­nal­ités, qua­tre rap­ports aux hommes. Incar­nées par des artistes aux tem­péra­ments forts et au tal­ent recon­nu — Mag­a­li Bon­fils, Chris­tine Bon­nard, Flo­rence Pel­ly et Ari­ane Pirie — ces des­per­ate house­wives musi­cales se racon­tent et se sou­vi­en­nent de leurs amours au fil de dif­férents tableaux. On regret­tera le côté stéréo­typé de ces femmes qui évolu­ent peu, d’au­tant qu’elles n’ex­is­tent que par leurs his­toires de coeur. Mal­gré ce con­stat, le texte est sou­vent drôle et est par­faite­ment servi par les artistes. Les chan­sons, com­posées par Thier­ry Boulanger ou Patrick Laviosa, sont peu nom­breuses mais effi­caces. Cette lec­ture du Gai Ver­sant offre donc un avant-goût plutôt posi­tif d’un spec­ta­cle en devenir et l’on a hâte de décou­vrir la mise en scène d’un Jean-Luc Revol tou­jours surprenant.

(Alex­ia Guarinos)

Hôtel des Roches Noires

Texte de Françoise Cadol — Musique de Stéphane Corbin
Avec Alexan­dre Bon­stein, Françoise Cadol, Stéphane Corbin, Car­ole Mas­sana, Rachel Pig­not, Ari­ane Pirie, Olivi­er Rui­dav­et, Emmanuel Curtil

Des fan­tômes hantent les murs d’un hôtel désaf­fec­té. Ils espèrent la réou­ver­ture de l’étab­lisse­ment et le retour des clients. Quand arrive un homme qui vient d’avoir un acci­dent, tou­jours entre la vie et la mort, ils lui offrent les moyens de repren­dre l’hô­tel une fois tiré d’af­faire. Mal­heureuse­ment, du fait d’un pro­fond cha­grin, l’homme n’a pas l’air de tenir à la vie. C’est l’oc­ca­sion pour cha­cun de revenir sur sa pro­pre his­toire et main­tenir une petite flamme vers le monde des vivants.

Les fan­tômes, à part celui qui hante l’Opéra Gar­nier, par­tent avec un sérieux hand­i­cap pour la scène, comme les vam­pires : la seule évo­ca­tion de leur immor­tal­ité fait trou­ver le temps long aux spec­ta­teurs. En 2006, Lestat et Drac­u­la s’y étaient déjà cassé les inci­sives sur Broad­way. De fait, la mise en place des per­son­nages de l’Hô­tel des Roches Noires est fas­ti­dieuse. Il y a là des êtres de l’en­tre-deux, des esprits et des sou­venirs qui tous ne com­mu­niquent pas avec les autres dans le même espace temps. Quelques intrigues se super­posent à ces com­pli­ca­tions inutiles : pourquoi la bib­lio­thèque est-elle inter­dite au Lord ? pour quel motif freu­di­en la jeune fille a‑t-elle oublié sa pro­pre his­toire ? enfin, pourquoi l’homme au cœur qui bat se tor­tille-t-il dans tous les sens, tor­turé par le sou­venir ? Les répons­es à ces ques­tions ne s’avéreront pas au niveau du mys­tère qui en est fait. On aurait aimé plus de sim­plic­ité et plus de cohérence dans les his­toires des per­son­nages. A cet égard, l’évo­ca­tion du grand-père du jeune homme qui aurait peint la jeune fille sem­ble tout juste une ten­ta­tive de sor­tir de la sim­ple galerie de portraits.

De cette œuvre encore en ges­ta­tion, on retien­dra surtout le per­son­nage de la Grande Lala, une diva très imbue d’elle-même qui ne peut accepter de s’être faite décapiter par le décor en plein con­cert. C’est un rôle sur mesure pour Ari­ane Pirie qui réveille la pièce à grand fra­cas au bout d’un bon quart d’heure. Même les meilleurs efforts d’O­livi­er Rui­dav­et en Lord joueur et flam­boy­ant et de Rachel Pig­not en jeune fille imma­ture surex­citée ne suff­isent pas à don­ner le rythme. Alexan­dre Bon­stein, dans son domaine de prédilec­tion, en jeune homme en pleine perte de con­trôle sur le cours de sa vie, ne peut faire des mir­a­cles avec un per­son­nage qui s’ex­prime finale­ment très peu alors qu’il est le cen­tre de l’intrigue.

Heureuse­ment, la plu­part des chan­sons sont dignes d’in­térêt, mag­nifique­ment inter­prétées lors de la lec­ture, ce qui laisse bon espoir que le spec­ta­cle puisse évoluer favor­able­ment. La balade évo­quant le passé de l’hô­tel est un petit chef d’œu­vre inclu­ant des vari­a­tions de thème et de rythme mémorables. Les dia­logues en musique fonc­tion­nent très bien avec de beaux effets de rimes décalées. Une chan­son en canon véhicule beau­coup d’é­mo­tion. En revanche, la ren­gaine cen­sée fournir la trame du spec­ta­cle : « les his­toires d’amour sont pour nous des petits fours » fait un… gros four car les his­toires d’amour ne sont pas tant mis­es en valeur ; par exem­ple, le jeune homme sem­ble plus affec­té par le sen­ti­ment de cul­pa­bil­ité que par la perte de sa partenaire.

Au final, du fait de com­pli­ca­tions sou­vent inutiles et de l’am­bigüité de son thème cen­tral, le spec­ta­cle manque encore de crédibilité.

(Thomas Schmidt)