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David Eguren — Drôle de Zazu

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David Eguren en Zazu ©DR Disney - Photo : Brinkhoff/ Mögenburg<br />
David Eguren en Zazu ©DR Dis­ney — Pho­to : Brinkhoff/ Mögenburg 

Alors que démarre la deux­ième sai­son du Roi Lion, dans quel état d’e­sprit êtes-vous ?
Tout va très bien. Ca fait bien­tôt douze mois que nous jouons le spec­ta­cle. Il n’y a pas du tout de sen­ti­ment de las­si­tude. Tou­jours le même bon­heur de mon­ter sur scène pour inter­préter Zazu. Nous avons eu deux semaines de vacances. Ca m’a per­mis de me ressourcer, de retrou­ver ma femme et mon fils. Mais comme ce rôle marathon demande un cer­tain rythme, lorsqu’il y a une coupure, ce n’est pas évi­dent de repren­dre ce rythme tout de suite, d’au­tant que je suis un peu diesel dans le genre. Mais je ras­sure les spec­ta­teurs, j’ai retrou­vé mon rythme !

Vous attendiez-vous à un tel suc­cès du Roi Lion en France, pays réputé réfrac­taire à la comédie musi­cale façon Broadway ?
Je ne doutais pas du suc­cès. J’ai décou­vert ce spec­ta­cle il y a quelques années à Lon­dres et j’ai pris une sacrée claque comme beau­coup de gens. Bien sûr, le marché du spec­ta­cle musi­cal en France est un peu par­ti­c­uli­er. Je m’é­tais dit « soit c’est un suc­cès total, soit le pub­lic français est vrai­ment réfrac­taire aux comédies musi­cales », et si Le Roi Lion ne marche pas, ce n’est même plus la peine d’es­say­er quoi que ce soit en France ! Je ne suis pas éton­né du suc­cès parce que c’est un très bon spec­ta­cle et c’est aus­si grâce au tra­vail énorme de Stage [NDLR : pro­duc­teur du spec­ta­cle] en matière de com­mu­ni­ca­tion et de pro­mo­tion. Même si on a un très bon spec­ta­cle, de l’or en barre entre les mains, on ne peut pas se pass­er de com­mu­ni­ca­tion, le bouche à oreille compte beau­coup mais ne suf­fit pas.

Quand vous avez audi­tion­né pour Le Roi Lion, était-ce spé­ci­fique­ment pour le rôle de Zazu ?
J’ai ce rôle en tête depuis la pre­mière fois que j’ai vu le spec­ta­cle à Lon­dres il y a huit ans ! C’é­tait une évi­dence, j’é­tais même prêt à démé­nag­er à Lon­dres pour pass­er des audi­tions pour jouer le rôle là-bas. Quand j’ai appris que Le Roi Lion se mon­tait à Paris, c’é­tait bien sûr le rôle de Zazu que je visais. Lors de la pre­mière audi­tion, j’ai bien ciblé le choix de ma chan­son. J’ai été assez rapi­de­ment pressen­ti pour le rôle mais j’ai tout de même dû pass­er une dizaine d’au­di­tions avant la déci­sion finale.

Com­ment avez-vous réa­gi lorsque vous avez eu le rôle ?
Très bizarrement. Avec ma femme, nous atten­dions deux nou­velles impor­tantes : une réponse pour l’ap­parte­ment que nous souhaitions acheter et la réponse pour Le Roi Lion. Et qua­si­ment au même moment, nos télé­phones ont son­né : ma femme appre­nait que nous avions l’ap­parte­ment et moi que j’é­tais pris pour le rôle de Zazu. Sur le coup, j’é­tais telle­ment sous le choc, ça représen­tait telle­ment pour moi la réal­i­sa­tion d’un rêve, que j’ai répon­du sim­ple­ment « Bon, d’ac­cord, mer­ci » et j’ai rac­croché. Je les ai tout de suite rap­pelés pour man­i­fester ma joie !

Est-ce la pre­mière fois que vous jouez dans un spec­ta­cle de cette envergure ?
Pour beau­coup d’en­tre nous, c’est la pre­mière fois. C’est une pro­duc­tion gigan­tesque. J’avais déjà tra­vail­lé sur des gross­es pro­duc­tions à l’Opéra de Reims, à l’Opéra de Metz, plus dans le style opérette, mais la plu­part des choses que j’ai faites étaient des pro­jets plus intimistes. Sur Le Roi Lion, c’est incroy­able, on a par­fois un peu l’im­pres­sion d’être à Hol­ly­wood, il y a une telle machiner­ie, c’est impressionnant.

Com­ment s’est passé le tra­vail de mise en scène avec Julie Taymor ?
Très bien. Comme c’est un spec­ta­cle que Julie Tay­mor a mis en scène dans plusieurs pays depuis sa créa­tion à Broad­way en 1997, nous avions un peu peur du copié-col­lé. Nous avons vite été ras­surés. Elle a vrai­ment fait un tra­vail de re-créa­tion du spec­ta­cle en cher­chant à trou­ver des liens par­ti­c­uliers entre les per­son­nages selon la per­son­nal­ité des comé­di­ens. Elle nous a lais­sés amen­er nos per­son­nages comme on les voy­ait sans pour autant nous laiss­er faire tout ce qu’on voulait, c’est nor­mal. Elle est rev­enue nous voir au print­emps ; elle nous a fait beau­coup de com­pli­ments et nous a red­it que c’é­tait le meilleur Roi Lion qu’elle ait vu.

Pour en revenir à votre per­son­nage, diriez-vous qu’il y a du Zazu en vous ?
Ça a été telle­ment une évi­dence de me dire qu’il fal­lait que je joue ce rôle-là un jour ou l’autre que, for­cé­ment, j’ai dû me recon­naître dans le per­son­nage. On doit donc avoir des ressem­blances. C’est vrai que j’ai un peu son grain de folie et, ça va paraître pré­ten­tieux, son côté « recherche de dignité ».

Jouer en manip­u­lant une mar­i­on­nette, ce n’est pas pas trop difficile ?
Au début, je dois dire que j’ai vécu de grands moments de soli­tude ! D’abord, j’ai répété sans la mar­i­on­nette et tout d’un coup on me l’a mise dans les mains. Elle est assez imposante. Je me demandais com­ment j’al­lais pou­voir jouer avec cet objet encom­brant. Mais finale­ment, je suis assez vite arrivé à la pren­dre en compte dans mon espace, puis la manip­u­la­tion des yeux et du bec s’est faite assez rapidement.

Y’a-t-il un moment dans le spec­ta­cle que vous appré­ciez particulièrement ?
Il y a une scène que j’aime beau­coup : para­doxale­ment, c’est celle dans laque­lle j’ai peut-être le moins de choses à faire, quand je suis avec Scar au début du deux­ième acte. Zazu est enfer­mé dans sa cage et il peut se per­me­t­tre à ce moment-là d’être un peu méchant et de dire des vacheries à Scar qu’il déteste absolument.

Le per­son­nage a‑t-il évolué au cours des représentations ?
Bien sûr. Je m’a­muse à le faire évoluer, à être un peu dif­férent chaque soir tout en restant dans les rails. A la fin de cer­taines scènes, je rajoute des petites phras­es comme « Les pattes m’en tombent » par exem­ple. Je n’en ai pas vrai­ment le droit, mais tant que ça ne devient pas n’im­porte quoi, ça passe ! Il y a aus­si plein de petites choses qu’on a testées et qu’on a gardées ou enlevées.

Vous arrive-t-il déjà de penser à l’après Roi Lion et l’ap­préhen­dez-vous ?
Je ne l’ap­préhende pas. D’abord parce que je vis l’in­stant présent et que c’est un bon­heur total. Après, j’ai d’autres pro­jets qui ne sont pas encore com­plète­ment défi­nis en tant qu’in­ter­prète et aus­si des pro­jets de mise en scène. En revanche, je me demande si j’au­rai l’oc­ca­sion de refaire un spec­ta­cle qui soit autant une évi­dence que celle-ci pour le rôle, un spec­ta­cle aus­si énorme et aus­si beau.

Y’a-t-il juste­ment d’autres musi­cals, d’autres rôles, que vous aimeriez jouer ?
Je rêve que Com­pa­ny se monte un jour à Paris et j’ador­erais jouer le rôle de Bob­by. Mais bon, c’est quand même moins une évi­dence que Zazu !