
Le théâtre musical avant tout
Depuis, de Kiss Me, Kate à French Cancan, en passant par Nine et Sept filles pour sept garçons, David semble s’être spécialisé dans le théâtre musical. « C’est un concours de circonstances qui fait que les metteurs en scène qui m’ont le plus marqué sont des metteurs en scène qui font du théâtre musical avant tout. C’est aussi parce que j’ai un style plutôt spectaculaire, j’aime les choses stylisées, très brillantes. Je ne suis pas un fanatique du réalisme donc j’attire les gens qui aiment les choses stylisées et divertissantes ».
Le premier jalon important de son parcours, c’est sa rencontre avec Alain Marcel. « C’était en 92, j’avais 26 ans et c’était pour Kiss Me, Kate qu’on a fait au Grand Théâtre de Genève puis au Théâtre Mogador. Après il y a eu My Fair Lady à l’Opéra Royal de Wallonie, avec Bernard Alane. Ensuite, on a fait des opéras ensemble. C’est un surdoué donc il est extrêmement exigeant. Il va très vite dans sa conception, dans ses idées, et il faut rebondir constamment sur les milliards d’idées qu’il envoie. C’est le contraire d’un attentiste, il exige beaucoup, il donne beaucoup, il a une vision très picturale des choses ».
Puis, David rencontre Saverio Marconi, metteur en scène italien, avec qui il travaille sur la production de Nine aux Folies Bergère. « Ca a été le début d’une aventure formidable. J’ai adoré travailler avec lui, après on a fait Sept filles pour sept garçons et là, on est sur deux projets ensemble ». De Nine, David garde un souvenir très particulier et cette production reste sans doute une de ses préférées. « C’était à la fois poétique, tendre, inquiétant et puis il y avait une vraie ferveur autour du projet ».
La contrainte esthétique dans Nine, David en a joué avec bonheur. « Quand il y a une règle — comme de décider que tout sera en noir et blanc — c’est amusant. Mais en même temps, c’est en fait des camaïeux de gris. Il y a toujours des nuances. J’avais même travaillé sur les couleurs des cheveux et je n’avais pas hésité à faire teindre les cheveux des filles pour qu’elles rentrent dans ce noir et blanc ».
Un French Cancan new look
Aujourd’hui, sa nouvelle contrainte, c’est de relooker le french cancan dans un spectacle mis en scène par Jacques Duparc sur des musiques d’Offenbach. « C’est un challenge extraordinaire parce qu’il faut qu’il y ait des looks différents, il faut que ça monte en puissance, il faut que ce soit traditionnel parce que le cancan respecte certaines règles mais il faut que l’esprit soit différent dans chacun des cancans ».
Ce cancan remis au goût du jour risque d’en surprendre plus d’un. « On a un cancan remixé techno par DJ Abdel, il appelle ça le cancan ‘hop house’. Il n’était donc pas question de rester scrupuleusement dans le réalisme de l’époque d’Offenbach. On s’est donc dit ‘Et si c’était un lieu, une grande maison close surchargée de dorures, de fresques, de palmiers, de sièges capitonnée, de lustres en cristal, de tableaux… Un lieu qui aurait traversé les époques et qui serait aujourd’hui le cadre d’une grande fête, d’une rave avec des gens d’aujourd’hui qui s’offrent une soirée costumée dans un lieu qui aurait traversé le temps’. C’est pour ça que les filles ont des corsets, des déshabillés, des volants, des diamants… Mais en même temps, on peut déraper sur la techno. A un moment donné, ‘L’air du Brésilien’ se finit en capoeira. Il y une section d’une suite de danse de La belle Hélène entièrement réorchestrée à la manière orientale, à la Natacha Atlas, avec des violons égyptiens, mais en gardant les thèmes d’Offenbach. C’est un hommage aux Orientalistes du siècle dernier avec des grands caftans en brocart, des diamants, des diadèmes, des narguilés… ».
French Cancan s’annonce donc comme une production visuellement époustouflante. « Le décor principal, explique David, c’est cette maison close surchargée de dorures et de cristaux, avec une boîte à musique géante, avec des escaliers qui n’arrêtent pas de bouger, des sièges qui roulent dans tous les sens. Et il y a bien entre 150 et 180 costumes… pour l’instant ! Et ça se change constamment. Il y a une arrivée de militaires, de petites filles modèles, de brésiliennes, de poupées ».
L’after Cancan
Après French Cancan, David a déjà beaucoup de projets qui devraient le mener aux quatre coins du monde. « Je travaille sur deux projets de comédie musicale tous deux écrits par Saverio Marconi. Le prochain, qui s’appelle Dance, est une adaptation en comédie musicale contemporaine de Beaucoup de bruit pour rien de Shakespeare qu’on crée en août à l’Opéra de Trieste. Saverio est aussi en train d’écrire une adaptation de Don Quichotte en comédie musicale, pour l’Italie. Je vais également travailler avec Ted Sperling. Il va faire sa première grande mise en scène. Et ce sera Lady In The Dark de Kurt Weill avec Andrea Marcovicci. Juste après, à la fin de l’an 2000, j’enchaîne avec un opéra de Haendel, mis en scène par Francisco Negri pour Göttingen. Le metteur en scène Lonny Price m’a également contacté pour faire les costumes d’un opéra-rock qu’il destine à Broadway et qui est une adaptation du Portrait de Dorian Gray. Enfin, Broadway, c’est encore un long chemin… ».
Quand on lui demande quelle est la comédie musicale dont il rêve de créer les décors et les costumes, David répond : « Il y a un an encore, j’aurais dit Follies de Stephen Sondheim parce que pour moi, c’est un chef d’oeuvre absolu. Et pour une autre raison, parce que c’est une des premières que j’ai écoutées, je dirais Pal Joey de Rodgers et Hart. Ce sont mes compositeurs préférés, j’adore leur univers. Et puis ça me permettrait de faire des costumes des années 40, très glamour. Mais maintenant que j’ai commencé à travailler sur cette création de Saverio… je dirais que mes comédies musicales préférées, ce sont des créations. A partir de maintenant, j’ai envie de faire autant que possible de la création… ».