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Dan Menasche sur tous les fronts

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Dan Menasche © Stéphane Ly-Cuong
Dan Menasche © Stéphane Ly-Cuong

Quelle est votre formation ?
J’ai débuté l’in­ter­pré­ta­tion et le chant à l’âge de onze ans à l’Ecole de la Scène, à Brux­elles où je suis né, dans le cadre d’ac­tiv­ités paras­co­laires. Très rapi­de­ment, j’ai eu le bon­heur d’être retenu pour le rôle titre dans une pro­duc­tion de Olivi­er Twist au Cirque Roy­al au milieu de tas d’en­fants ama­teurs comme moi et d’une ving­taine de comé­di­ens. La pré­pa­ra­tion de ce spec­ta­cle a été l’oc­ca­sion de décou­vrir les répéti­tions soutenues, les choré­gra­phies bien réglées et, bien sûr, l’ex­ci­ta­tion de la scène ! J’ai eu le déclic et j’ai voulu en faire mon méti­er. J’ai donc con­tin­ué à me for­mer au chant, au théâtre clas­sique et à l’im­pro­vi­sa­tion, tout en enchaî­nant les rôles et tours de chant sur scène, le temps de pass­er mon bac et pass­er à la vitesse supérieure.  Je suis entré au cours Flo­rent à Paris en 2003. J’ai fait tout cela avec les encour­age­ments con­stants de ma famille. La famille, quand on a des racines judéo-ital­i­ennes, c’est sacré, aus­si je tiens à la remerci­er encore une fois ici, mes par­ents et mes grands-par­ents en particulier.

Aviez-vous l’in­ten­tion de vous spé­cialis­er dans la comédie musicale ?
Pas spé­ciale­ment. Si j’ai fait du chant et de l’in­ter­pré­ta­tion, c’est plutôt parce que je me con­sid­ère comme un touche-à-tout avec une grosse envie de faire plein de choses très vite. Dès le cours Flo­rent, j’ai recher­ché un agent pour faire ma pro­mo­tion et obtenir des con­trats. L’a­gence Voix Off me suit depuis ce temps et m’a con­duit à des appari­tions dans des séries TV et comme voix dans des pubs. On peut m’en­ten­dre dans la dernière cam­pagne iPhone, par exem­ple. C’est impor­tant d’être très act­if au départ d’une car­rière car cela per­met de faire des ren­con­tres. C’est d’ailleurs sur le tour­nage de Diane flic que j’ai fait la con­nais­sance d’Alex­is Michalik.

C’est le départ d’une longue col­lab­o­ra­tion avec Alex­is Michalik…
Oui, Alex­is m’a d’abord pro­posé un rem­place­ment dans sa pre­mière mise en scène, une adap­ta­tion des Noces de Figaro appelée Une folle journée. J’ai fait la con­nais­sance de sa troupe issue prin­ci­pale­ment du Con­ser­va­toire du 19e arrondisse­ment, autant dire pas la même bande que ceux du cours Flo­rent… On a fait Avi­gnon ensem­ble, dans un joyeux désor­dre bohème, avec une pièce invend­able qui durait 2 h 30, une expéri­ence inou­bli­able pour un jeune comé­di­en de 19 ans. Et puis, il y a trois ans déjà, Alex­is a créé La mégère à peu près apprivoisée, elle aus­si auto-pro­duite en Avi­gnon, jouée la pre­mière fois avec un décor se lim­i­tant à un drap décoré d’un nuage peint à la main. Depuis, avec la nou­velle pro­duc­tion, le décor s’est bien étof­fé. C’est pas­sion­nant d’être au départ d’un tel pro­jet qui est aus­si un tra­vail de groupe où, sous l’im­pul­sion d’Alex­is, chaque per­son­nage a pu évoluer en fonc­tion de son inter­prète. Moi, j’as­sume totale­ment un côté un peu bouf­fon, donc ce spec­ta­cle à haute dose de tren­tième degré me con­vient par­faite­ment. C’est une farce musi­cale avec des moments clow­nesques, très physiques, mais tou­jours empreints d’in­ter­pré­ta­tion forte. Cet éclec­tisme me ravit !

Par­lez-nous égale­ment de votre par­tic­i­pa­tion à de plus gross­es productions.
A la sor­tie du cours Flo­rent, j’ai échoué au con­cours d’en­trée du Con­ser­va­toire, mais j’ai été pris pour Cabaret aux Folies Bergère. Au fond, je suis con­tent de ne pas avoir eu à choisir entre les deux. Je crois que je préfère la for­ma­tion par la scène et, de fait, Cabaret a été une école de rigueur, à l’améri­caine, dans une mise en scène réglée comme du papi­er à musique. Je n’y jouais que deux saynètes (et beau­coup de ban­jo) mais j’ai ren­con­tré des comé­di­ens con­fir­més comme Fabi­an Richard et Cather­ine Ardi­ti et des musi­ciens dont cer­tains accom­pa­g­naient Aznavour. J’éprou­ve aus­si énor­mé­ment de fierté d’avoir fait par­tie de cet événe­ment, le grand retour des comédies musi­cales « à la Broad­way » sur Paris, avec de vraies chan­sons par­tic­i­pant à l’évo­lu­tion de l’in­trigue et des per­son­nages, après une décen­nie de shows pour le moins con­tro­ver­sés. A peine Cabaret fer­mait, après 450 représen­ta­tions, que j’en­chaî­nais sur Fame au Comé­dia dans un con­texte rad­i­cale­ment dif­férent, au milieu d’une bande de jeunes. Fame n’a pas été un long fleuve tran­quille, prin­ci­pale­ment à cause de prob­lèmes de pro­duc­tion et de pre­mières mal rodées, mais l’ex­péri­ence s’est ter­minée sur une note extrême­ment pos­i­tive lors de la tournée de 60 dates dans toute la France.

Quels sont vos projets ?
Mon actu­al­ité de fin d’an­née est chargée. Je fais ma dernière représen­ta­tion dans Chance ces prochains jours, je joue La mégère à peu près apprivoisée au Vingtième Théâtre jusqu’au 2 jan­vi­er 2010 et je par­ticipe à deux créations.
La pre­mière est Vilaines filles, mau­vais garçons, un spec­ta­cle musi­cal autour des chan­sons de Gains­bourg dans ses jeunes années, un réper­toire que l’on a moins l’habi­tude d’en­ten­dre, conçu et mis en scène par Stéphane Ly-Cuong [NDLR : co-rédac­teur en chef de Regard en Coulisse]. L’his­toire découle de l’en­chaîne­ment des chan­sons suiv­ant un fil rouge ten­du par cinq per­son­nages à forte per­son­nal­ité, sans chang­er un seul mot des paroles orig­i­nales, ni une seule note ! Cer­taines par­ti­tions étant introu­vables, Cyril Romoli les a retran­scrites au piano pour nous aider à respecter stricte­ment la mélodie, le par­ti pris de la mise en scène. Ce n’est donc pas un show « à la nou­velle star », c’est un hom­mage plus à base de ré-inter­pré­ta­tions que de réarrange­ments. Pour les comé­di­ens, la dif­fi­culté est d’as­sur­er la cohérence et l’évo­lu­tion du per­son­nage tout au long des chan­sons, sans pou­voir dire autre chose que ce que Gains­bourg dis­ait. Out­re le plaisir de redé­cou­vrir les quelques trente titres sélec­tion­nés, le spec­ta­teur en ver­ra jail­lir une nou­velle inter­pré­ta­tion insoupçonnée.
Je répète aus­si pour un autre pro­jet, un spec­ta­cle musi­cal pour enfants écrit et mis en scène par Fred Colas inti­t­ulé Les nou­velles aven­tures de Robin des Bois qui sera joué au Théâtre du Tem­ple à par­tir du 21 octo­bre et durant toutes les fêtes, une cinquan­taine de dates en tout. Je tiens le rôle de Petit-Jean. Comme pour La mégère à peu près apprivoisée, il s’ag­it d’une adap­ta­tion un peu déjan­tée de l’œu­vre orig­i­nale, sans excès, pour con­venir à un jeune pub­lic, un peu à la mode de Shrek.

Com­ment voyez-vous la suite de votre carrière ?
Depuis ma sor­tie du cours Flo­rent, je n’ai pas quit­té la scène, donc j’aimerais main­tenant me con­sacr­er un peu plus aux plateaux télé ou ciné­ma. J’ai l’im­pres­sion que la caméra peut m’of­frir plus d’op­por­tu­nités de rôles où l’on ne m’at­tend pas. Je suis encore jeune et j’ai besoin de touch­er à tout, appren­dre de nou­velles choses et, quelque part, me sur­pren­dre moi-même !