
Cyril Niccolai, vous interprétez le rôle de Benvolio dans Roméo et Juliette depuis la tournée asiatique. Comment êtes-vous arrivé sur ce spectacle et comment vous êtes-vous approprié le rôle ?
J’avais participé à la tournée de Notre Dame de Paris en Corée auparavant. Je connaissais Gérard Presgurvic que j’avais rencontré sur Autant en emporte le vent. Je lui ai présenté les producteurs coréens donc je suis là depuis le début de l’histoire. C’est devenu un ami et j’ai eu la chance qu’il me demande quel rôle j’aimerais jouer. Je n’ai pas passé d’auditions et j’ai eu le privilège de choisir le rôle qui me plaisait. Le personnage de Benvolio ressemble à ce que je suis dans la vie mais ne correspond pas forcément à ce que je faisais sur scène avant… et ce n’est pas facile de faire le con sur scène finalement ! Donc c’était un beau challenge. J’avais discuté également avec Redha qui m’avait dit que le rôle était vraiment sympa à défendre. Il y a, en effet, une palette assez intéressante d’émotions : s’il est candide au début, il l’est un peu moins à la fin quand il réalise qu’il est au milieu de tout ça.
Aviez-vous vu, il y a dix ans, la version originale ? En tant qu’interprète, comment se démarque-t-on de ça ?
Grégori Baquet, qui jouait Benvolio, était excellent. C’est un super comédien, ce que je ne suis absolument pas. Donc si j’avais voulu copier, j’aurais été forcément moins bon. Dans sa façon d’interpréter, il n’y a pas meilleur que lui. Donc il a fallu trouver une autre façon, un peu plus personnelle. J’espère avoir trouvé une autre facette de Benvolio.
En comparaison par rapport à la version de 2001, quelles sont les différences ?
Ce qui est intéressant – de par mon expérience avec Notre Dame de Paris – c’est qu’un spectacle, quand il est créé, c’est comme un tableau : on n’a aucun recul au départ. On crée le tableau, on le monte et après, on a le temps de le peaufiner, de faire des coupes, d’ajouter des choses. Sur la longueur, on peut se rendre compte des erreurs que l’on a pu faire, des choses à ajouter, des emphases qu’on aurait dû faire ou pas. Là, le spectacle a dix ans, avec beaucoup d’expériences, beaucoup de spectacles montés dans d’autres pays, plusieurs versions. On a eu le temps de garder le meilleur de tout ce qui s’est fait et de trouver une version qui est pour l’instant, je le pense, la meilleure version de Roméo et Juliette parce qu’elle est la résultante de tous les autres spectacles qui se sont montés, avec plein d’autres idées qui sont arrivées. Le Roméo et Juliette de 2001, c’était la version fraîche, brute, livrée avec ses imperfections, qui en ont fait aussi ses qualités. Dix ans après, Gérard a eu le temps d’ajouter de nouvelles chansons, de couper certains moments un peu trop longs, de faire le spectacle le plus dense possible.
Jouer à Paris vous met dans quel état d’esprit ?
C’est très étonnant parce que c’est un spectacle que j’ai déjà joué plus de 200 fois mais il y a encore une appréhension : finalement, à chaque fois qu’on le recrée, c’est un nouveau spectacle. C’est comme refaire un spectacle qu’on a déjà fait, en se remettant dedans, en trouvant de nouvelles connexions avec de nouvelles personnes puisque les danseurs ont changé aussi. C’est très stimulant. Ce n’est pas comme refaire quelque chose d’entièrement ancien et qu’on connaît parfaitement. Il faut se remettre dedans et réapprendre. Donc, c’est un mélange d’excitation et d’appréhension parce que revenir à Paris, c’est important. Forcément il y aura des critiques donc il va falloir être forts et faire le mieux possible.