Lewis Furey s’installe pour quelques dates dans le superbe écrin de l’Européen, histoire d’offrir au public une sélection de ses chansons. Parce que les amateurs de théâtre musical auraient bien tort de réduire l’homme au metteur en scène de la dernière version en date de Starmania. Lewis Furey est avant tout un excellent musicien doublé d’un auteur, un vrai. Ce récital pour deux pianos (Alcibiade Minel) et quatre voix (Sophie Hart et Valérie Belinga) restera dans vos mémoires comme un moment de pur bonheur, hors du temps. Une ambiance intemporelle et sans attachement géographique (sommes-nous dans un cabaret berlinois, un bar de Montréal, un théâtre de Broadway ?) se développe dès les premières minutes, laissant tout le talent de l’auteur et de l’interprète envelopper chacun des spectateurs. Certes, Lewis Furey ne donne pas dans la mélodie facile, voilà bien ce qui fait toute la différence. Qu’il propose une visite d’albums de jeunesse, de la comédie musicale de Gilles : Carle Fantastica, ou celle qu’il a écrite avec Leonard Cohen : Night Magic, des chansons écrites pour sa compagne Carole Laure (donc la présence énergique et discrète en salle participe de l’émotion du spectacle), ce récital possède le pouvoir rare de transporter l’auditoire. Et que dire de l’évocation de la comédie musicale A&C : Antoine et Cléopâtre, adaptée de William Shakespeare et présentée au Théâtre de la ville en 2006 ? Trois chansons en sont extraites, splendides et remarquablement servies par l’équipe sus nommée enrichie de Clara Furey, à la nature électrique. La jeune femme présentera également trois de ses chansons, un talent à suivre.
Le monde de Lewis n’est pas lisse, il ne se laisse pas forcément apprivoiser facilement. Mais une fois que la porte est franchie, quel enchantement : la voix incomparable, une délicate musicalité jusque dans ses moindres détours. Lewis Furey semble avoir le désir de revenir à la composition, à partir sur les routes pour présenter ses oeuvres passées, présentes et futures. Ne manquez pas ce rendez-vous rare.
Pour en savoir plus : le site de Lewis Furey.