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Critique : La Ronde

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La RondeMise en scène : Mar­i­on Bier­ry (assistée de Denis Lemaitre)
Auteur : Arthur Schnitzler
Avec Vin­cent Heden, Alexan­dre Mar­tin, San­drine Molaro, Serge Noel, Marie Reache, Aline Sala­jan, Eric Verdin

La Ronde de l’amour suiv­ant son titre orig­i­nal alle­mand est un amour de ronde. Il s’agit d’une suite de tableaux évo­quant les secrets d’alcôve dans la Vienne impéri­ale juste avant la pre­mière guerre mon­di­ale. Le sol­dat et la fille légère, le jeune aris­to­crate et la femme de cham­bre, le poète et l’actrice… tous se suc­cè­dent et s’entremêlent dans des des­tins croisés dévoilant les fan­tasmes et les angoiss­es de la sex­u­al­ité dans un monde con­ser­va­teur en train de s’écrouler.

La mise en scène, ryth­mée et haute­ment sym­bol­ique, fait des mir­a­cles avec peu d’éléments de décor et des cos­tumes somptueux dont les acteurs pren­nent plaisir à se défaire pour se retrou­ver com­plète­ment nus. Il faut citer ces pan­neaux amovi­bles qui ne cessent de par­ticiper à la ronde, faisant appa­raitre les per­son­nages de ci, de là, sur un lit à la ver­ti­cale, dans de beaux draps, voire en plusieurs endroits à la fois, provo­quant l’hilarité des spec­ta­teurs. Il faut dire que mal­gré le sérieux du sujet traité et la rigueur de l’époque observée, les textes sont pleins d’ironie,  sub­tile d’abord puis virant à la farce out­rée à la fin du spec­ta­cle, comme si les bar­rières de l’interdit sautaient enfin.

Reste à saluer toute la troupe pour leur admirable per­for­mance. Les saynètes, rel­a­tive­ment longues avec des per­son­nages qui tour­nent autour du pot avant de s’embraser, pour­raient aisé­ment lass­er le spec­ta­teur si leur atten­tion n’était pas main­tenue par un jeu par­fait dans la dic­tion et l’expression cor­porelle. On cit­era sim­ple­ment Vin­cent Heden et Serge Noël pour leurs per­for­mances musi­cales  – atten­tion, le spec­ta­cle n’est pas une comédie musi­cale, seuls quelques airs sans pré­ten­tion en alle­mand ajoutent à l’atmosphère vien­noise – mais il n’y a vrai­ment aucune fausse note dans cet ensem­ble ron­de­ment mené !