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Critique : La Cantatrice chauve

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afficheCantatriceLa Can­ta­trice chauve d’Eugène Ionesco présen­tée par la Com­pag­nie Infraktus
Mise en scène : Françoua Garrigues
Avec Julie Boris, Paul Bouf­far­tigue, Hélène Chryso­choos, Aurore Moni­card, Christophe Poulain et Guil­laume Riant

La Can­ta­trice chauve est la pre­mière pièce de Ionesco. C’est en apprenant l’anglais avec la méth­ode Assim­il que l’auteur, frap­pé par la teneur et l’enchainement des phras­es sans rap­port, déci­da d’écrire une pièce absurde, ini­tiale­ment inti­t­ulée L’Anglais sans peine.

A l’af­fiche depuis 1957 au Théâtre de la Huchette, La Can­ta­trice chauve est l’un des spec­ta­cles comp­tant le plus de représen­ta­tions en France. De nom­breux met­teurs en scène ont mis en scène ce texte périlleux y inscrivant, tan­tôt une cri­tique du con­formisme bour­geois, tan­tôt la super­fi­cial­ité de la vie ou l’ar­ti­fi­cial­ité du monde. De 1950, où elle fut mise en scène la pre­mière fois par Nico­las Bataille, à aujour­d’hui, de mul­ti­ples inter­pré­ta­tions se sont succédées.

En 2007, la Com­pag­nie Infrak­tus s’at­taque au mon­stre lors du Fes­ti­val Jeunes Met­teurs en Scène du Théâtre 13. Le spec­ta­cle reçoit le Prix du Pub­lic. Actuelle­ment à l’Ak­téon Théâtre jusqu’en jan­vi­er 2010, cette nou­velle ver­sion  nous entraîne dans une intrigue poli­cière déjan­tée avec ses sus­pects, ses crimes, ses armes sor­ties du Clue­do et ses per­son­nages nerveuse­ment calmes, poli­ment mal­hon­nêtes et dan­gereuse­ment drôles !

Dans un intérieur lon­donien, Mr et Mme Smith ont fini de dîn­er. Le cou­ple échange des pro­pos futiles et inco­hérents. Quand Mary,  la bonne  — Sher­lock Holmes en réal­ité —  annonce l’ar­rivée des Mar­tin, l’his­toire bas­cule dans une illu­sion théâ­trale déto­nante. D’une extrav­a­gance habile­ment décalée, la mise en scène de Françoua Guar­rigues s’a­muse avec le spec­ta­teur et fait défer­ler les sit­u­a­tions, les phras­es du quo­ti­di­en et les proverbes abscons pour nous racon­ter une his­toire qui n’a finale­ment pas besoin de sens. Mené énergique­ment par une troupe tal­entueuse et attachante, le spec­ta­cle offre un moment joyeuse­ment sur­réal­iste et cocasse.

Dans cinquante ans, La Can­ta­trice chauve se jouera cer­taine­ment encore. Les méth­odes d’apprentissage de langues étrangères seront encore de mul­ti­ples his­toires cumulées, improb­a­bles et incon­grues. Mais une chose est sûre la can­ta­trice chauve se coif­fera tou­jours de la même façon !