De Françoise Cadol et Stefan Corbin
Mise en scène : Christophe Luthringer
Musique : Stefan Corbin
Avec : Ariane Pirie, Gaëlle Pinheiro, Arnaud Denissel, Christian Erickson, Françoise Cadol, Stefan Corbin et Olivier Breitman
Des fantômes hantent les murs d’un ancien hôtel. De courants d’air en éclats de rire, ils jouent pour passer le temps. Leur voeu le plus cher serait la réouverture de l’hôtel pour qu’enfin les clients reviennent et avec eux, leurs histoires d’amour. Bientôt arrive un homme avec un coeur qui bat… L’Hôtel des Roches Noires est un spectacle musical où de drôles de fantômes chantent un hymne à la vie.
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Notre avis :
Que de chemin parcouru depuis la lecture de L’Hôtel des Roches Noires dans le cadre des Découvertes Diva 2009 dont Regard en Coulisse avait fait un compte rendu mitigé !
Le spectacle s’est métamorphosé dans une mise en scène de Christophe Luthringer qui pourrait difficilement être plus aboutie dans le contexte du Vingtième Théâtre. L’atmosphère fantasmagorique du vieil hôtel hanté est bien restituée à l’aide de projections aussi discrètes qu’efficaces et de mouvements de rideaux évoquant les courants d’air et les esprits itinérants qui donnent la chair de poule. Les fantômes sont très crédibles, en costumes et maquillages pâles associés à des mouvements déséquilibrés incessants, comme s’ils lévitaient. Visuellement, le tableau est impressionnant.
Le jeu et le chant des acteurs sont eux aussi de bonne facture. Olivier Breitman et Gaëlle Pinheiro, en particulier, sont beaux et touchants dans des rôles pourtant loin d’être évidents, lui un promoteur agonisant pendant tout le spectacle, elle une jeune fille à la mémoire de poisson rouge. Chacune de leurs chansons est un moment précieux, comme l’est aussi l’unique couplet chanté par Stefan Corbin (co-auteur), muet au piano le reste du temps et que l’on aurait aimé entendre plus. Ariane Pirie excelle dans le personnage tragicomique de la Grande Lala, comme fait sur mesure et pas dans la dentelle ! Son arrivée sur scène à grand fracas après la mise en place des autres personnages change la dynamique de la pièce et relativise la tristesse sous-jacente à la mort.
On aurait aimé que l’histoire soit moins inutilement compliquée par les trapèzes volants et les liens familiaux ex-machina qui n’apportent, au fond, pas grand chose. Il est aussi dommage que l’hôtel lui-même ne soit pas le point central de l’intrigue, puisqu’il est célébré comme tel à la dernière chanson. C’est néanmoins un réel bonheur que d’assister à une représentation d’une création française – c’est suffisamment rare pour le souligner – avec une mise en scène d’une grande qualité.