Cole Porter est né le 9 juin 1891 à Peru, dans l’Indiana. Dès l’âge de six ans, le fils de Samuel Porter et de Kate Cole apprend à jouer du piano et du violon. A dix ans, il écrit sa première chanson intitulée « Songs of the birds », qu’il dédie à sa mère. Pendant ses études à Yale, il écrit plusieurs des hymnes de l’équipe universitaire de football américain. Il quitte l’université afin de se consacrer pleinement à la musique.
En 1916, le premier spectacle de Cole Porter à Broadway, See America First, est un échec. L’auteur-compositeur est fortement marqué par le sort subi par cet « opéra comique patriotique ». L’année suivante, il part à Paris, en pleine guerre. Il semble que ses exploits militaires supposés aient été amplifiés, voire inventés, alors que Cole avait surtout une vie sociale très riche au milieu de la Ville-Lumière. Cole Porter épouse Linda Lee Thomas en 1919. Il s’agit en fait d’un mariage d’amitié, l’homosexualité de Cole étant assez rapidement connue publiquement.
Succès à Broadway
Après la guerre, Porter connaît son premier succès à Broadway avec la revue Hitchy-Koo of 1919, dont certaines chansons ont été composées en France. En 1932, Cole Porter crée Gay Divorce, avec Fred Astaire dans le rôle principal. La future vedette hollywoodienne y interprète un titre qui reste un des grands standards de Porter, « Night and Day ».
En 1934, une des plus grandes comédies musicales de Cole Porter voit le jour. Anything Goes (1934), qui se déroule sur un bateau de croisière, est interprété notamment par Ethel Merman, l’interprète-fétiche de Porter présente dans plusieurs de ses oeuvres. Ethel Merman interprète par exemple le rôle de la chanteuse Hattie dans Panama Hattie, qui remporte un vif succès en 1940.
Kiss Me Kate, certainement le spectacle de référence de Porter, est monté à Broadway en 1948. Cette comédie musicale mêle la vie sentimentale d’acteurs interprétant La Mégère Apprivoisée de Shakespeare et celle de leurs personnages sur scène. Le jazz, l’opérette et les rythmes latins y sont mis en valeur. Can-Can (1953), qui évoque la vie d’une troupe pratiquant clandestinement cette fameuse danse, et Silk Stockings (1954), inspiré du film Ninotchka, seront ses derniers grands succès sur scène.
Hollywood, Hollywood
Cole Porter ne s’est pas limité au théâtre musical et il a également participé à des films musicaux. Plusieurs de ces films sont des adaptations d’oeuvres créées par ce musicien à Broadway comme Anything Goes (1936 et 1956), Panama Hattie (1942), DuBarry Was a Lady (1943), Kiss Me Kate (1953), Silk Stockings (La Belle de Moscou, 1957) et Can-Can (1960).
Porter a aussi créé des compositions originales pour des films comme Broadway Melody of 1940, You’ll Never Get Rich (L’amour vint en dansant, 1941), High Society (1956), Les Girls (1957) et The Pirate (1958). Fred Astaire, Gene Kelly, Eleanore Powell, Cyd Charisse, Judy Garland, Bing Crosby, Frank Sinatra font partie des grands acteurs ayant interprété Cole Porter au cinéma.
On notera que High Society a connu un parcours inverse à celui d’autres oeuvres de Porter. Réalisé en 1956 par Charles Walters, le film est adapté sur scène à Broadway en 1998, presque trente-cinq ans après la mort de Cole Porter (des chansons extraites d’autres oeuvres ont été intégrées à ce spectacle).
Cole Porter a lui-même fait l’objet d’un film musical, Night and Day (1946), réalisé par Michael Curtiz. Le film reprend les plus grands succès de l’auteur-compositeur dont la vie est transposée à l’écran. Mais si Cole Porter, incarné par Cary Grant, a donné son accord, cette biographie est loin d’être fidèle à la réalité.
Le film Just One of Those Things (en cours de tournage) pourrait prochainement rétablir la vérité. Kevin Kline interprète le rôle de Cole Porter dans cette nouvelle biographie musicale. Ashley Judd incarne Linda Lee Porter. Des chanteurs comme Sheryl Crow, Robbie Williams et Alanis Morissette sont également de la partie.
Un style toujours vivant
Le revival de Kiss me Kate à Londres Les dernières années de la vie de Cole Porter sont difficiles. En 1958, il est amputé de la jambe droite. Il s’agit de la séquelle d’une chute de cheval survenue une vingtaine d’années plus tôt et au cours de laquelle les deux jambes de l’artiste furent blessées. Depuis cet accident, Porter est meurtri à l’idée d’une future amputation, prêtant une importance particulière à son apparence physique. Il meurt le 15 octobre 1964.
Très tôt, les mélodies de Cole Porter ont été reprises par les crooners, les chanteurs et les musiciens de jazz. Son style, qui peut tantôt swinguer tantôt être langoureux avec des paroles parfois suggestives, ne pouvait que séduire ces artistes. Des titres extraits de comédies musicales parfois méconnues sont donc devenus des classiques repris dans certains concerts ou dans des compilations éditées en hommage à Cole Porter. Frank Sinatra, Ella Fitzgerald, Louis Armstrong et Charlie Parker font partie de la longue liste d’interprètes connus de ce grand compositeur. Des albums de reprises sont encore régulièrement édités.
Les récents retours réussis de Kiss Me Kate à Broadway et à Londres et de Anything Goes à Londres confirment que le cocktail de la comédie musicale et du jazz réussi par Cole Porter reste toujours aussi savoureux.
Liste des oeuvres citées
1916 — See America First
1919 — Hitchy-Koo of 1919
1932 — Gay Divorce
1934 — Anything Goes
1939 — Du Barry Was a Lady
1940 — Panama Hattie
1948 — Kiss Me, Kate
1953 — Can-Can
1954 — Silk Stockings
1998 — High Society (film réalisé en 1956, création à Broadway en 1998)