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Classixties

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Mise en scène de Anne-Marie Gros et Jean-Marie Lecoq

Avec le groupe Indi­go: Dominique Godin, Pas­cal Gour­gand, Edmond Hur­trait, Frédéric Lair, Christophe Rocher, Gilles Safaru.

Revivez les années 60 à tra­vers le regard (musi­cal) d’un enfant ! Tel est le pro­gramme pro­posé par le groupe de six voix mas­cu­lines Indi­go. Du côté des chan­sons, de grands tubes de l’époque (« Tous les garçons et les filles », les Bea­t­les, John­ny Hal­ly­day …) sont revis­ités. Ils ne posent aucune dif­fi­culté tech­nique à ces chanteurs rom­pus à leur art et pas mal­adroits non plus avec des instru­ments de musique. Ce sont les arrange­ments vocaux éton­nants qui vous éton­neront. Ils emprun­tent à des styles divers et inat­ten­dus comme ce « Paris s’éveille » (de Jacques Dutronc) à la façon d’un trou­ba­dour médié­val. D’autres resti­tu­tions fran­chissent ain­si les bar­rières styl­is­tiques, et ces har­mon­i­sa­tions inédites créent de jolies frian­dis­es à savour­er avec plaisir. La présence d’une voix de con­tre-ténor (le plus proche des cas­trats) ajoute encore à la délectation.

La mise en scène est vivante et béné­fi­cie de choré­gra­phies bien­v­enues. La dic­tion con­stam­ment soignée est haute­ment appré­cia­ble. Des textes de tran­si­tion, basés sur de petits et grands événe­ments des années 1960 en France, vien­nent soutenir le fil con­duc­teur. Ils sont vus à tra­vers les yeux de Patrice Rabuteau, un écol­i­er qui devient jeune adulte à l’époque où le Général De Gaulle était Prési­dent de la République. Le par­ti pris du regard juvénile donne un ton léger au spec­ta­cle qui préfère l’hu­mour sage à la polémique.

Les allu­sions à l’au­torité omniprésente durant cette péri­ode (l’é­cole, la télévi­sion) ne don­nent pas par­ti­c­ulière­ment envie de la revivre ! Mais les chanteurs, qui parais­sent avoir mis beau­coup de leurs expéri­ences per­son­nelles, veu­lent en partager les meilleurs moments en chan­sons. Dans ce sur­vol de la décen­nie, un ou deux enchaîne­ments ne sont pas tou­jours clairs (l’évo­ca­tion de la guerre d’Al­gérie), mais la plu­part sont ten­dres et humoris­tiques, jouant sur un reg­istre nos­tal­gique. Ce spec­ta­cle musi­cal, espiè­gle et rem­pli de bonne humeur, réveille l’en­fant qui est en nous et nous entraîne en chan­sons sur la douce pente du souvenir.