
Claire Pérot, quel était votre état d’esprit lorsque vous êtes arrivée à la première répétition de la reprise de Cabaret ?
Extrêmement enjouée, très enthousiaste… J’étais également curieuse de découvrir les petits nouveaux. Et puis, ça a été comme une évidence aussi, parce que Cabaret, c’est une histoire d’êtres humains, de bohème, d’artistes. Tu mets tout ce monde-là sur une scène, tu secoues un peu et c’est une évidence qui apparaît.
Comment ça se passe avec les nouveaux membres de la troupe ? Comment fonctionne ce mélange ?
A part le fait qu’ils avaient techniquement un peu plus de travail à fournir, ils avaient simplement à « être », être là avec ce qu’ils sont : leurs peurs, leurs doutes, leurs joies, leurs maux de ventre, leurs maux de cœur, et ça donnait de toute façon une bonne alchimie. Sur scène, le facteur artistique, humain est plus important que le facteur technique. A partir de là, on prend des nouveaux, des anciens, des jeunes, des vieux : peu importe. Notre dénominateur commun est notre sensibilité, notre lucidité sur la valeur des choses humaines, des émotions, des sentiments, des sensations. Et on ne travaille que comme ça.
Lors de la dernière en 2008, pensiez-vous retrouver un jour votre personnage de Sally Bowles ?
Sur le coup, le soir de la dernière, je ne pensais à rien. Et d’ailleurs, je suis partie pendant un mois sur une île déserte à l’autre bout du monde. C’est véridique ! Une île qui s’appelle Ouvéa à côté de la Nouvelle Calédonie… Je me souviendrai toujours de la première fois où BT McNicholl [NDLR : metteur en scène associé du spectacle] m’a dirigée… Quand je suis sortie de la salle d’auditions, je me suis dit que je n’oublierai jamais ce moment, et il ne s’agissait que de l’audition ! Il m’avait fait chanter « Cabaret » et je n’avais jamais autant vibré pendant une chanson. Quand on m’a engagée, j’étais folle de joie car j’avais peur de ne jamais retrouver cette vibration. Donc déjà, avant la fin de Cabaret, je savais que de toute façon, ce serait en moi, à vie. Des émotions, des vibrations pareilles, on ne les oublie pas. C’est comme un premier amour ou une blessure. C’est humain. Le metteur en scène nous avait dit « Cabaret va changer votre vie ». Oui, ça a changé ma vie. Je me suis rendu compte de la valeur de mon métier, de la chance que j’avais. On ne nous donne pas cette chance tous les jours, celle de pouvoir vibrer autant, de ressentir autant sur scène. Dans la vie de tous les jours, on n’a pas le choix, c’est métro boulot dodo. On ne peut pas pleurer, rire, jouir à sa guise, ou alors, on est un marginal. Lorsqu’on nous a rappelés, pour chacun de nous, c’était une évidence. Cela ne nous a jamais quittés et ne nous quittera jamais.
Votre Sally de 2011 a‑t-elle évolué avec ce que vous avez vécu entre temps ?
Évidemment. Derrière ce personnage de Sally, il y a ce que moi, Claire, je lui donne. Et forcément, ce que je lui donne est totalement différent de ce que je lui ai donné il y a cinq ans. La vie m’a apporté peines et joies, et tout ça nourrit le personnage : ce temps qui a passé.

Retrouvez notre interview de Claire Pérot lors des premières représentations de Cabaret.
Toutes les infos sur Cabaret au Théâtre Marigny.
Retrouvez Claire Pérot chantant « Cabaret » lors de la première édition de la Grande Fête du Théâtre Musical :
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