Auteur : Cinq de Coeur
Mise en scène : Meriem Menant (Emma la Clown)
Avec : Pascale Costes, Hélène Richer, Sandrine Mont-Coudiol, Patrick Laviosa et Fabian Ballarin
Lumières: Emmanuelle Faure
Direction musicale: Didier Louis
Costumes: Anne de Vains
Son: Mathieu Bionnet
Ce soir, c’est « Concert Prestige », pour Cinq de Cœur ! Le quintette a cappella attaque son fameux programme romantique allemand. Mais soudain, ça déraille : « Michel, il y a un problème ?»
Tensions et jalousies explosent, chaque voix livre son chant intérieur : souvenirs et fantasmes ressurgissent. Nos cinq acrobates de la voix basculent alors tour à tour dans le show. Et entre règlements de compte et schizophrénie, le cap vers l’Allemagne semble impossible à tenir. Partant à la dérive, Brahms bouscule Scorpions, Léo Ferré se confronte au « Chanteur de Mexico », Schubert tutoie Mylène Farmer, Nina Simone tient la dragée haute à Saint-Saëns…
Avec un humour échevelé et une technique irréprochable, Cinq de Cœur s’est inventé un genre rigoureux comme le classique, débridé comme le music-hall. Dans cette mise en scène inventive, Cinq de Cœur s’affirme comme un quintette vocal atypique, aussi déjanté que virtuose !
Notre avis : Pour leur nouvel opus, le quintette des Cinq de cœur réussit une fois encore son pari et signe un spectacle épatant. Dans ce délire a cappella où chaque protagoniste s’appelle Michèle/Michel, le répertoire allemand germanique en prend pour son grade. Dès les premières mesures le public, qui a eu le temps d’apprécier les facéties du groupe, qui existe depuis 1991, guette le faux pas, le geste qui va tout déclencher. Il se crée ainsi une connivence entre les cinq chanteurs et les spectateurs (fidèles ou néophytes). Mis en scène par Meriem Menant (alias Emma la clown), le travail sur la gestuelle est minutieux, les facéties parfaitement maîtrisées. Et le plaisir de découvrir des musiques connues, tels les musiques des films Jaws ou celle d’Un éléphant ça trompe énormément, des chansons revisitées des Scorpions, de Dalida, se mêle à celui de découvrir les personnalités de chacun des chanteurs, de la diva un rien rigide à la jeune amoureuse éplorée.
Une belle cohésion : les cinq s’amusent et nous invitent à entrer dans la danse. La constante des airs allemands germaniques, ce concert impossible comme fil rouge qui ouvre sur l’absurde, offre de nombreuses combinaisons. La séquence de la boum est à mourir de rire, celle du chanteur Mexico à l’imposant sombrero l’est tout autant. Et les moments de belle émotion ne manquent pas non plus, à l’instar de cette très belle évocation de « La chanson d’Hélène », extraite du film Les choses de la vie.
Du travail, il en faut pour aboutir à cette parfaite maîtrise du chant, mener un spectacle sans temps mort. Les costumes amusants, les lumières soignées participent de la réussite de cette entreprise. Seul le titre s’avère trompeur : sans retour, ce concert ? Pas du tout, l’envie de revenir y assister l’emporte !