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Cinéma : Nine

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19222960Voilà un film qui aura fait par­ler de lui longtemps avant sa sor­tie ! Un cast­ing de stars, un met­teur en scène auréolé du tri­om­phe de Chica­go, une œuvre impor­tante de Broad­way – elle-même basée sur un film mythique – comme toile de fond… Le résul­tat est-il à la hau­teur des espérances ? Pas tout à fait…

Nine con­te l’histoire de Gui­do Con­ti­ni, réal­isa­teur ital­ien à suc­cès, en pleine panne d’inspiration alors que son nou­veau film doit se tourn­er de manière immi­nente. Le décor à moitié con­stru­it, le scé­nario plus qu’embryonnaire, et la presse et les pro­duc­teurs et l’équipe tech­nique qui som­ment Gui­do de leur livr­er quelque chose. Crise exis­ten­tielle qui provoque un ques­tion­nement de cet homme face aux femmes de sa vie : Luisa sa ten­dre épouse qui n’en peut plus de sup­port­er ses frasques, Car­la la maîtresse délurée et per­due, sa con­fi­dente cos­tu­mière, sa mère, la star de son film.

Mau­ry Yeston, le com­pos­i­teur et auteur des chan­sons, a souhaité ren­dre hom­mage à son film de chevet : Huit et demi de Fed­eri­co Felli­ni en créant Nine pour Broad­way. Le film orig­i­nal, une pure mer­veille, sup­por­t­ait bien le pas­sage sur la scène, notam­ment grâce au tra­vail de Tom­my Tune et au cast­ing éton­nant de la pro­duc­tion de 1982 qui rem­por­ta un vif suc­cès. Com­pliqué d’adapter un tel tra­vail pour le ciné­ma où l’hommage au film orig­inel pèse un peu lourd… Là où le spec­ta­cle jouait sur une cer­taine décon­struc­tion, per­mise par l’art théâ­tral, le film se base sur un scé­nario, récrit pour l’occasion. Etape à moitié réussie puisque l’histoire sem­ble se per­dre assez rapi­de­ment dans ses méan­dres, en l’occurrence dans les doutes plus ou moins exis­ten­tiels du per­son­nage cen­tral, incar­né avec un dévoue­ment sans faille et avec sa classe naturelle par Daniel Day Lewis. Mar­i­on Cotil­lard se révèle par­faite dans son inter­pré­ta­tion de Luisa et révèle une bien jolie voix dans ses deux chan­sons (dont une orig­i­nale, en rem­place­ment de « Be on your own »). Péné­lope Cruz ajoute une fragilité, à l’instar du per­son­nage orig­i­nal, à Car­la et ne ménage pas sa peine dans son numéro rose et noir. Si le choix de Dame Judi Dench en con­fi­dente, un nou­veau per­son­nage, est excel­lent, on peut s’interroger sur la per­ti­nence de lui faire inter­préter « Folies Bergère ». Dif­fi­cile de croire aux orig­ines français­es de l’actrice et de son passé de meneuse de revue. Il aurait été sans doute plus judi­cieux de lui créer sa pro­pre chanson.

Visuelle­ment le film se rap­proche assez de Chica­go, de nom­breux numéros musi­caux reprenant les mêmes codes tant dans les couleurs que dans le découpage. Donc, sans boud­er notre plaisir de décou­vrir une nou­velle comédie musi­cale au ciné­ma, cette ver­sion de Nine vaut surtout pour cer­tains de ces numéros plus que pour son intrigue. Plus qu’une réflex­ion sur la créa­tion, sur l’apport des indi­vidus les uns envers les autres dans ce proces­sus com­plexe, Nine ne con­stitue qu’un diver­tisse­ment, certes, de luxe, auquel il manque la fougue, un élan.

Nine – scé­nario de Michael Tolkin et Antho­ny Minghel­la. Réal­i­sa­tion de Rob Marshall

Avec : Daniel Day Lewis, Pene­lope Cruz, Mar­i­on Cotil­lard, Dame Judi Dench, Nicole Kid­man, Kate Hud­son, Sophia Loren, Fergie,…

sor­tie le 3 mars 2010 – durée : 118 minutes