Christopher Renshaw, comment vous est venue cette idée de Carmen la Cubana ?
Je fais de la mise en scène d’opéra donc je connaissais Carmen, bien sûr, ainsi que Carmen Jones, le musical de Hammerstein, qui fut aussi l’objet d’un magnifique film de Otto Preminger avec Dorothy Dandridge. Hammerstein avait resitué l’action dans le sud profond des Etats-Unis. Moi, je me suis toujours dit que ce serait intéressant de la situer dans une environnement latin, et de revisiter la musique de Bizet avec différents styles de musique latine. Alors que j’évoquais cette idée avec des amis de Broadway, quelqu’un m’a dit que je devrais aller à Cuba et rencontrer un Anglais qui y produit des spectacles. J’y suis allé et on a décidé de faire un workshop à La Havane en 2014.
Auparavant, aviez-vous une connexion avec la culture latine ?
J’ai commencé à m’intéresser à la culture latine quand j’ai mis en scène Zorro,. J’ai notamment appris l’espagnol pour diriger le spectacle. Donc, quelque part, c’est un prolongement naturel de mon travail sur Zorro. De plus, figurez-vous que j’ai une maison au Nicaragua ! Pour diverses raisons, avec un ami, nous y avons construit une maison !
Le fait d’avoir fait un workshop à Cuba a‑t-il influencé les versions suivantes de votre projet ?
Oui, bien sûr, par exemple, le fait d’être confronté à la santeria — la religion Yoruba que pratiquaient les esclaves — dans des fêtes ou des festivals, nous a aidé à travailler sur ce sentiment de spiritualité. De plus, là-bas, la culture et les gens sont tellement extraordinaires. Je n’aurais pas pu obtenir ce résultat si je n’avais pas vécu à Cuba pendant quatre mois.
Vous avez organisé une lecture à New York avec quelques grands noms de Broadway (Wilson Jermaine Heredia, Lesli Margherita, Olga Merediz…). Où en est ce projet ?
A New York, je voulais voir si le spectacle marcherait avec un mélange des deux langues : anglais et espagnol. Au même moment, d’autres producteurs se sont intéressés au projet, dont Jean-Luc Choplin, directeur du Châtelet. Je suis alors retourné à La Havane pour faire un autre workshop entièrement en espagnol. Si Jean-Luc Choplin décidait de le prendre pour le Châtelet, il souhaitait que le spectacle soit entièrement en espagnol. Cependant, pour la suite, j’ai aussi une version qui est prête avec un mélange des deux langues.
Comment avez-vous choisi votre distribution qui va se produire à Paris ?
C’est un mélange d’environ vingt Cubains avec une dizaine d’Américains avec des origines latines, choisis à New York. Et l’orchestre est entièrement cubain.
Les orchestrations sont signées par Alex Lacamoire (qui a signé également celles de In The Heights, Hamilton et Dear Evan Hansen). Comment s’est faite votre rencontre ?
Je mettais en scène Zorro aux Etats-Unis et un ami m’a dit que je devrais rencontrer Alex Lacamoire, ce que j’ai fait. Alex et moi avons été les premiers à nous lier sur ce projet. Nous sommes allés à La Havane ensemble avant le workshop pour travailler avec des groupes cubains. Alex est essentiel à ce projet. Nous avons ensuite rencontré Edgar Vero, son talentueux co-arrangeur qui vient de La Havane.
Quelle est la suite pour ce spectacle ? Avez-vous toujours l’intention de le jouer à Londres et New York ?
Absolument, mais cela dépendra de l’accueil du spectacle ici. Des producteurs de Broadway vont venir voir le spectacle. Néanmoins, nous allons le jouer ensuite en Allemagne, car nos co-producteurs sont allemands.
Et vos autres projets ?
Je travaille sur une nouvelle version de Jekyll and Hyde pour Londres.
Carmen la Cubana au Théâtre du Châtelet du 6 au 30 avril 2016.
Lire notre précédente interview de Christopher Renshaw lors des représentations de Zorro à Paris.