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Christian Schittenhelm — Léonard (F)estival

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Christian Schittenhelm ©DR
Chris­t­ian Schit­ten­helm ©DR
Depuis son plus jeune âge, Chris­t­ian Schit­ten­helm voue une véri­ta­ble pas­sion à la musique. Après le piano au Con­ser­va­toire de Col­mar et l’orgue liturgique à la Cathé­drale de Stras­bourg, cet instru­men­tiste de tal­ent devient arrangeur sur de nom­breux albums. Chanteur, il reçoit le prix de la Chan­son de la SACEM. Il enreg­istre un album, Encre de Chine. Puis il joue, entre autres dans la comédie musi­cale Piaf, je t’aime. Musi­cien, il com­pose aus­si il y a qua­tre ans deux oeu­vres sym­phoniques, Khaos et Rhap­sodie Khronos avant de s’at­tel­er à la com­po­si­tion de sa pre­mière comédie musi­cale, Da Vin­ci.

Révéla­tion pen­dant les représen­ta­tions de Piaf, je taime 
Depuis très longtemps, Chris­t­ian Schit­ten­helm s’é­tait dit « si j’écris un jour un ouvrage chan­té, une comédie musi­cale ou un opéra, le sujet sera sûre­ment l’odyssée de Léonard de Vin­ci, ce per­son­nage telle­ment extra­or­di­naire, uni­versel, et qui est pour moi le sym­bole de l’in­tel­li­gence ». C’est pen­dant qu’il jouait dans la comédie musi­cale Piaf, je t’aime qu’il a le déclic, des amis l’inci­tent à se lancer. Il se met aus­sitôt au tra­vail. « J’ai lu qua­tre biogra­phies sur Vin­ci et j’ai relevé les moments les plus intéres­sants qui pou­vaient être mis en scène ». Mais il tient à pré­cis­er qu’il a élim­iné « tout ce qui était dis­cutable sur le plan his­torique ». Il écrit alors toutes les scènes du spec­ta­cle puis les textes des chan­sons avant de les met­tre en musique, le tout en deux mois. « Je dois avouer que je n’ai jamais écrit aus­si facile­ment, tout me venait très rapi­de­ment, et même, déjà, des idées de mise en scène ». En revanche, l’orches­tra­tion de toute la par­ti­tion lui a demandé un an de travail.

Il en présente alors le livret et la par­ti­tion à Mar­cel Landows­ki, qui l’avait déjà encour­agé dans la com­po­si­tion de Khaos et Rhap­sodie Khronos et dont il loue la générosité d’e­sprit et de coeur. Grâce à lui, il ren­con­tre le prési­dent du Grand Lou­vre qui, après avoir écouté la maque­tte du dou­ble album du spec­ta­cle et lu le livret, sélec­tionne Da Vin­ci par­mi les trois événe­ments pour l’an 2000 à soumet­tre au Min­istère de la Cul­ture. « On devait faire cinq représen­ta­tions dans la Cour du Lou­vre devant l’Arc de Tri­om­phe du Car­rousel avec la par­tic­i­pa­tion de l’Orchestre Colonne ! Mal­heureuse­ment, cela n’a finale­ment pas été retenu par le Min­istère, offi­cielle­ment pour des raisons de sécu­rité ».

La pop­u­lar­ité de Mona Lisa au Pays du soleil levant 
« J’avais pour­tant trou­vé le finance­ment », nous dit Chris­t­ian Schit­ten­helm. Et d’ex­pli­quer qu’il a alors eu l’idée de se tourn­er vers l’Am­bas­sade et la Mai­son du Japon à Paris car « je savais que les Japon­ais avaient financé la restau­ra­tion de ‘La Joconde’ « . Bonne idée, puisque voy­ant qu’il avait déjà le sou­tien du prési­dent du Lou­vre, on le met en con­tact avec des mécènes locaux. Par­mi eux, il en trou­ve un qui est prêt à financer le spec­ta­cle. « Ca lui a vrai­ment plu car il a investi beau­coup d’ar­gent ! ». Suff­isam­ment en effet pour pro­duire Da Vin­ci au Casi­no de Paris pen­dant deux mois.

D’autres ren­con­tres ont per­mis à ce spec­ta­cle de pren­dre forme, « des ren­con­tres émo­tion­nelles », con­fie Chris­t­ian Schit­ten­helm, « c’é­tait très mag­ique ». Il ren­con­tre entre autres Alain Paroutaud, spé­cial­iste des effets spé­ci­aux au ciné­ma et chef déco­ra­teur sur les films de Luc Besson. « Il avait très envie de tra­vailler pour un spec­ta­cle vivant mais le tra­vail est très dif­férent. Par exem­ple, au ciné­ma, quand un décor doit explos­er, il n’ex­plose qu’une fois alors que sur Da Vin­ci, l’un des décors devra explos­er tous les soirs et être réu­til­is­able le lende­main ! ». Il y aura bien d’autres effets spé­ci­aux ain­si que la pro­jec­tion d’im­ages 3D sur écrans géants. « Utilis­er les tech­nolo­gies mod­ernes pour évo­quer le vision­naire qu’é­tait Vin­ci, ça paraît une évi­dence ». Et de pré­cis­er que « sur scène, ce qui m’in­téresse, c’est de faire une pro­duc­tion ‘ciné­matographique’ vivante, un tra­vail entre le réel et le virtuel ».. 

En ce sens, la musique de Da Vin­ci « se rap­proche plutôt d’une bande orig­i­nale de film » avec des couleurs et des rythmes dif­férents. Mais surtout, et cela lui tient par­ti­c­ulière­ment à coeur, « la glob­al­ité du spec­ta­cle c’est quand même deux heures de musique sym­phonique » avec par­fois l’in­ter­ven­tion d’une bat­terie et d’une basse pour la ryth­mique. Et parce qu’il était dif­fi­cile tech­nique­ment et finan­cière­ment d’avoir un orchestre sym­phonique au Casi­no de Paris, le spec­ta­cle se jouera sur bande instru­men­tale. « Mais », réplique Chris­t­ian Schit­ten­helm, « toutes les voix seront live, y com­pris les choeurs, c’est la moin­dre des choses ».

Un cast­ing en grande par­tie québécois 
Une grande par­tie de la troupe est cana­di­enne, en par­ti­c­uli­er les deux artistes prin­ci­paux, Mar­co Valéri­ani et Léa La Lib­erté. Selon Chris­t­ian Schit­ten­helm, ce choix se jus­ti­fie d’abord dans la per­spec­tive d’une tournée inter­na­tionale, aux Etats-Unis dans un pre­mier temps : « il fal­lait qu’ils soient par­faite­ment bilingues ». Le dou­ble album en anglais a d’ailleurs déjà été enreg­istré. D’autre part, il voulait aus­si des artistes qui sachent tout faire : jouer, chanter, danser. « En France, il n’y a pas de cul­ture de comédie musi­cale, d’é­coles for­mant véri­ta­ble­ment des artistes pluridis­ci­plinaires. Ca com­mence un peu à bouger mais ça va se faire sur cinq ou dix ans, pas avant ».

Quand on lui par­le des autres musi­cals français annon­cés dans les mois à venir, Chris­t­ian Schit­ten­helm tient à se démar­quer. « Ma démarche est com­plète­ment dif­férente, je n’ai pas atten­du le suc­cès de Notre Dame de Paris pour écrire Da Vin­ci ! Et Notre Dame n’est pas vrai­ment une comédie musi­cale, c’est un show de chan­sons, ça ne joue pas assez la comédie et il n’y a pas de dra­maturgie ». Il craint qu’il en soit de même pour les trois autres comédies musi­cales qui arrivent. « On va retomber dans un stéréo­type, une affaire qui marche et tout le monde se cale sur le même for­mat ». Tant pis alors si Da Vin­ci se retrou­ve hors normes. « La presse fait de nous les out­siders. Je ne sais pas si nous sommes des out­siders mais en tout cas, Da Vin­ci est une vraie comédie musi­cale, ça c’est sûr ! ».