Texte, musique et mise en scène : Alexandre Bonstein.
Avec : Isabelle Ferron, Jérôme Lifszyc & Thomas Suire.
Résumé : Attachée à l’entrée d’une épicerie, une chienne de luxe s’inquiète. Et si son maître ne revenait pas la chercher ? Elle passe sa vie en revue pour comprendre ce qu’elle a bien pu faire pour en arriver là. Baissant petit à petit son masque de princesse modèle, elle va révéler au public sa vraie nature, à la fois clown et tragédienne. Comédie musicale, loufoque et frivole, Chienne parle de l’impossible perfection à laquelle on aspire pour se sentir digne d’être aimé.
Notre avis :
Chienne – Les monologues du canin
Que se passe-t-il dans la caboche du cabot quand il attend son maître depuis trop longtemps ? Après avoir exploré les cauchemars d’enfants dans Créatures, Alexandre Bonstein procède à l’introspection canine à grand renfort d’anthropomorphismes. Tout, tout est passé en revue : les petits et grands moments de la vie de nos meilleurs amis, de la crotte à la saillie, comme leurs attitudes familières et nos poncifs les plus courants à leur propos. Expliqué rationnellement du point de vue canin, chaque thème devient motif à rire de bon cœur, ouaf ouaf ! La promenade introspective suit une trame dramatique très claire reposant sur l’absence de plus en plus pesante du maître : instinctivement, le spectateur sent la pression monter vers un dénouement prochain, ce qui prouve la patte d’un grand auteur. Le spectacle ouvre sur la chanson poilante que l’on a déjà pu entendre à la Grande Fête du Théâtre Musical 2009 et dont on ne se lasse pas. Les autres chansons, sans être au même niveau, sont plaisantes et surtout toujours intéressantes. Isabelle Ferron, habillée en caniche de concours volontairement un peu ridicule, fait fort bien le beau et la belle, égratignant au passage quelques miss de beauté. Sa prestation comme interprète, chanteuse et mime d’attitudes canines est remarquable. Elle a la rage ! Aidée par deux comparses musiciens et une mise en scène dynamique lui permettant de souffler, elle joue l’unique personnage de bout en bout sans haleter. Alors dans ce spectacle où, on l’aura compris, se nichent de nombreux trésors, y a‑t-il un os ? On peut trouver que le rythme s’affaiblit à mesure que le filon canin s’épuise ou s’offusquer de l’allusion à l’amour quasi charnel porté au maître, inconcevable pour les vrais amis des bêtes. Vraiment pas de quoi fouetter un chat, donc. En résumé, notre conseil à nos lecteurs : va !