D’après une idée originale et un scénario du Chicos Mambo Show.
Mise en scène : Philippe Lafeuille et Oscar Molina.
Avec Antonio Barbero-Peral, Xavi Estrada, Philippe Lafeuille, Philippe Tarride et la participation de Carme Vidal.
Ça commence par un mambo très kitsch. Ça continue par une série de poses inspirées de la statuaire antique : bref, « ça » semble tout ce qu’il y a de plus ringard… Mais ne sortez pas tout de suite de la belle salle du Déjazet. « Ça », c’est le Chicos Mambo, un groupe de quatre artistes qui sont à la danse ce que Daumier était à la caricature : une charge féroce contre l’académisme.
En une vingtaine de tableaux, mi-numéros de danse, mi-sketches, ces garçons jouent tous les rôles, se transforment, se travestissent, et se déshabillent pour la plus grande joie du public.
Mais qu’on ne s’y trompe pas : pour déjanter ainsi les plus sacro-saints principes du ballet tchaïkovskien ou mettre à mal les élucubrations modernistes d’une Pina Bausch, il faut un sacré talent… et une formation de danseur sans faille. Ginger et Fred, une séquence inénarrable des JO de gymnastique, une épreuve de natation synchronisée sans eau, une parodie de La Petite Sirène de Disney : tout s’enchaîne à vive allure et c’est très drôle. Le seul moment où le rire menace de se figer, c’est quand le spectacle évoque une réalité plus dramatique : après son numéro de travesti à la Gloria Gaynor en talons surcompensés, un transformiste se fait agresser par une bande de casseurs de pédés.
Le plus souvent, heureusement, nos quatre phénomènes donnent dans le surréalisme le plus échevelé, semblant s’abandonner à la danse et à une logique qui leur est propre, dans un collage chorégraphique et musical d’anthologie.