Musical de John Kander (musique) et Fred Ebb (paroles et co-librettiste) ainsi que Bob Fosse (co-librettiste) d’après la pièce de Maurine Dallas Watkins.
Création le 3 juin 1975 à New York (898 représentations) et à Londres le 10 avril 1979 (600 représentations)
Principales chansons
All that jazz, Funny Honey, Cell Block Tango, When you’re Good to Mama, All I Care About, A Little Bit of Good, We Both Reached for the Gun, Roxie, I Can’t Do It Alone, My Own Best Friend, Me and My Baby, Mister Cellophane, Razzle Dazzle, Class, Nowadays.
Synopsis
Chicago, années 20, « une histoire de meurtre, de cupidité, de corruption, de violence, de manipulation, d’adultère et de trahison ». Le meurtre, c’est le moyen qu’ont choisi les héroïnes, Roxie Hart et Velma Kelly, pour accéder à la célébrité dans un monde où tuer est un art. La corruption, c’est ce qui caractérise Mama Morton, la gardienne de la prison où sont enfermées les héroïnes, même si elle préfère appeler son système la « réciprocité ». La manipulation, c’est l’instrument préféré de Billy Flynn, la star des avocats que se disputent les meurtrières. Par son charisme et son éloquence, ce manipulateur-né séduit habilement ses clientes, déstabilise les témoins, hypnotise les journalistes et les jurés. L’adultère, la cupidité et la trahison sont autant de mobiles du crime, de sujets d’articles à sensation… ce sont aussi autant d’actes que subit passivement Amos, mari de Roxie, symbole du » pauvre type » qui ne maîtrise aucun événement. Quant à la violence, c’est celle des personnages et de leurs actes mais aussi celle des mots de cette comédie musicale subversive.
Le thème
En utilisant une galerie d’anti-héros, acteurs de faits divers, les auteurs de Chicago réalisent une sombre satire d’un système judiciaire totalement perverti et du désir illimité de célébrité et de gloire qui caractérise en partie le rêve américain.
Chaque personnage fait partie intégrante de ce processus de déliquescence de la société : des femmes qui tuent pour faire la une des journaux, des journalistes manipulés et manipulateurs, une gardienne de prison corrompue et un avocat véreux. Comme l’affirme ce dernier, le procès devient un « cirque », la Justice, « c’est juste du show-business » qui « fait de toi une star ».
A l’heure où les procès médiatiques se multiplient, Chicago et sa métaphore d’un monde sans morale restent profondément actuels.
L’histoire derrière l’histoire
En 1926, s’inspirant d’un fait divers, Maurine Dallas Watkins rédige une pièce de théâtre qui devient, par la suite, le film Roxie Hart (1942) avec Ginger Rogers dans le rôle-titre. En 1975, c’est au tour du duo John Kander (musique) et Fred Ebb (paroles) de reprendre le thème pour concevoir Chicago. Ces auteurs, dont les noms peuvent sembler peu connus, se sont pourtant illustrés dans deux des comédies musicales les plus célèbres : Cabaret (1966) et New York New York (1977 au cinéma).
Pour réaliser Chicago, le tandem est rejoint par le metteur en scène et chorégraphe Bob Fosse. On retrouve le récit de cette collaboration dans le film de ce dernier, All That Jazz (1979).
Chicago est créée en 1975. La malchance veut que cette même année voit la naissance de la comédie musicale A Chorus Line dont le succès sans précédent fait de l’ombre à Chicago qui connaît cependant plus qu’un succès d’estime avec près de 900 représentations. Après une reprise dans un théâtre londonien en 1979, il faut attendre 1996 pour que le producteur et metteur en scène Walter Bobbie décide de remonter ce spectacle. Cette fois, le succès est au rendez-vous : Chicago fait un tabac à Broadway (six Tony Awards) puis à Londres en 1997 avec, dans les rôles principaux, Ruthie Henshall et Ute Lemper.
Depuis ce triomphe de 1996, il était question d’une adaptation cinématographique. Après un projet avorté avec, en tête de distribution, Madonna, Goldie Hawn et John Travolta et plusieurs années de tergiversations ayant vu se succéder les noms de Winona Ryder, Gwyneth Paltrow, Michelle Pfeiffer, Helen Hunt et bien d’autres, le film voit le jour en décembre 2002. La réalisation est confiée à Rob Marshall, dont c’est le premier long-métrage. Dans les rôles principaux, on retrouve Catherine Zeta-Jones (Le Masque de Zorro, Traffic), Rene Zellweger (Bridget Jones), Richard Gere, la prêtresse du hip-hop Queen Latifah. En ce qui concerne la bande-originale, on retrouve les chansons d’origine interprêtés par les acteurs eux-mêmes. En prime, on découvre, pour le générique, une nouvelle composition de Kander et Ebb, « I Move On ».
A un moment où la comédie musicale filmée n’est pas à son apogée, les pronostics concernant le succès public du long-métrage étaient fort mitigés. Et pourtant, quelques jours après sa sortie dans les salles américaines, Chicago se classe en tête du box-office et remporte trois Golden Globes (Meilleure comédie/comédie musicale — Meilleure actrice pour Rene Zellweger et Meilleur acteur pour Richard Gere). En ce qui concerne les Français, ils pourront découvrir le film à partir du 26 février 2003. Quelle sera leur réaction face à une comédie musicale qu’ils ne connaissent pas ? Affaire à suivre.
Versions de référence
Il faut bien les chercher dans les bacs import (ou « comédies musicales » si votre disquaire est bien achalandé) mais ils existent :
Chicago - le cast original de 1974 (Chita Rivera, Gwen Verdon). Exceptionnel (Arista 7822–18952)
Chicago. The Musical. le très bon « revival » de Broadway de 1996 (RCA 9026–68727) avec Ann Reinking et Bebe Neuwirth
Chicago. The Musical — London Cast Recording (1997). Avec Ute Lemper et Ruthie Henshall. Peut-être la version définitive (RCA Victor 9026–63155)
Quant à l’adaptation cinématographique, la B.O est disponible, chez Sony (BOOOO6RIO7)
Indispensable, le DVD du film.