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Charlène Duval sans contrefaçon

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Char­lène Duval (CR) Philippe Parent

Chère Char­lène, com­ment êtes-vous dev­enue artiste ?
Je me suis faite toute seule, sur le tas. Et croyez-moi, rien ne vaut le tas ! Ma mère tenait une loge de concierge rue de Clichy, entre le Casi­no de Paris et l’Apollo, à l’époque où ça exis­tait encore. C’est dire si j’ai vu défil­er de grandes vedettes. Quand on a fuit Paris pour Lon­dres, en 42, j’ai représen­té la France au Albert Hall devant le Général de Gaulle, habil­lée en Alsa­ci­enne… ce qui ne me va pas du tout car je n’en ai vrai­ment pas le physique. Je suis restée trois min­utes sur scène qui furent mes grands débuts et une révéla­tion pour mon méti­er. J’ai com­mencé avec « rien » pour arriv­er à « pas grand-chose » : de fig­u­ra­tions en revues, par­fois man­nequin car en ce temps là, j’avais des seins mag­nifiques. J’ai pris des cours de chant et de danse avec un char­mant pro­fesseur nom­mé Duval, que j’ai épousé. Après le divorce j’ai gardé le nom car j’avais com­mencé à explos­er… enfin, c’était une bombi­nette. A l’époque, il y avait du tra­vail pour tout monde dans le show busi­ness pour peu qu’on sache lever la jambe. Il faut dire qu’on  était très mal payé. La loi du genre, c’était 200 à 300 per­son­nes sur scène. J’étais un peu grande mais bien faite, ils ont vite com­pris qu’ils pou­vaient faire quelque chose de moi. J’ai fait des revues, du music-hall et un peu de théâtre non chan­té. Il y a eu La Vierge au vison où j’avais un rôle trav­es­ti, un com­mis­saire de police… Joli suc­cès mais en mai 1968 ça tombait mal : vierge et vison, c’était trop con­ser­va­teur, sans par­ler des com­mis­saires de police !

Vous avez donc côtoyé de grandes vedettes ?
Croisé plus que côtoyé… même si j’ai partagé la scène avec Mist­inguett. En 48, elle était déjà une vieille dame mais encore une grande dame. Mais elle ne par­lait pas, elle aboy­ait des ordres. En revanche, j’ai ren­con­tré Liz Tay­lor qui m’a adressé quelques mots en coulisse… pour me deman­der un verre d’eau (véridique). Quand je pense qu’elle nous a quit­tés… Je lui rends hom­mage dans mon pod­cast, vous con­nais­sez Radio Charlène ?

Pou­vez-vous nous par­ler un peu de votre prochain spec­ta­cle au Vingtième Théâtre ?
C’est un réc­i­tal dont le thème est « les femmes ». Toutes sortes de femmes : les alcooliques, les cougars, les vamps, les exo­tiques, les vieilles vedettes et les pau­vres filles aux des­tins trag­iques comme on savait les évo­quer sub­tile­ment dans la chan­son à texte d’après-guerre : « On finit chez les fous ou couché sur une dalle de l’institut médi­co-légal… » Je ne reprendrai que trois ou qua­tre chan­sons des années précé­dentes, tout le reste est inédit. Et il y aura des sur­pris­es, dont, par déf­i­ni­tion, on ne peut pas parler !

Et des costumes ?
Oh, des acces­soires plus que des cos­tumes… J’aurai une robe prin­ci­pale qui s’accessoirisera au cours de la soirée. Ça brille, ça plume… et c’est surtout très lourd… la robe fait 5 ou 6 kilos, c’est plus de mon âge ! L’avantage avec ce genre de cos­tume c’est qu’on donne l’impression de bouger beau­coup. Il devrait aus­si y a voir quelques jolis garçons per­clus d’admiration pour moi et qui me manip­u­lent comme si j’étais une vieille bouteille classée. Mais atten­tion, je ne fais pas d’acrobaties, je ne veux pas angoiss­er mon pub­lic, ni ris­quer de me cass­er le fémur. Je suis accom­pa­g­née par Patrick Laviosa, pianiste généreux, adorable et extrême­ment doué, capa­ble d’imiter une ouver­ture d’orchestre à lui tout seul. Il m’a rat­trapée plus d’une fois… avec lui, on se sent en sécurité.

Etes-vous ten­tée par le théâtre musical ?
J’adore être sur scène avec des parte­naires, c’est beau­coup plus reposant ! Si vous ajoutez à cela une belle his­toire avec de bonnes chan­sons, vous me comblez. Don­nez-moi du fond, je vous fais la forme ! Mais de vous à moi, pour le fond, con­cer­nant la scène parisi­enne, on le touche vrai­ment. On écrit de moins en moins de choses intéres­santes. C’est dom­mage car il fut un temps où Paris menait la danse dans ce domaine. Mais depuis le genre Châtelet et Fran­cis Lopez, on a du mal à se renou­vel­er. Mai 68 a ringardisé tout cela en créant un grand vide. De toute façon, je ne passe jamais une audi­tion : trop grande, ni chanteuse ni actrice, j’ai ma fierté, je ne vais pas au casse-pipe !

Mais alors que faites-vous en dehors de vos récitals ?
Je m’occupe de mon grand fils, dont les études s’éternisent, ce qui coûte fort cher. Et puis je n’arrête pas, entre les con­fi­tures, les voy­ages, quelques amourettes au soleil, mes appari­tions à Gstaad. Ah aus­si, je sors d’un lift­ing, celui de mon site qui m’occupe beau­coup. Je vous ai par­lé de mon pod­cast Radio Char­lène ? Tous les 15 jours, 3 min­utes d’actualité poli­tique et sportive — et aus­si un peu de jour­nal­isme d’investigation — illus­trées de chan­sons indé­mod­ables. Je vous assure, ça vaut le coup d’oreille ! [NDLR: on pour­ra y accéder ici]

La fiche spec­ta­cle de Char­lène Duval… entre copines