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C’est si bon quand c’est défendu

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Spec­ta­cle musi­cal d’après le réper­toire de Marie Dubas
Mise en scène : Roger Louret
Avec : Cather­ine Delourtet, et Guy Bais­sette (piano) et Yves Bou­quet (accordéon)

C’é­tait un pari risqué et auda­cieux que de vouloir mon­ter un spec­ta­cle unique­ment basé sur le réper­toire de Marie Dubas, grande chanteuse réal­iste des années 30. En effet, on peut avoir une image un peu désuète, fanée, pour ne pas dire ringarde des chan­sons de cette époque. Pour­tant, après avoir vu ce spec­ta­cle con­stru­it comme une petite comédie musi­cale à un per­son­nage, on est bien obligé de revenir sur ces a priori.
Si le pari est gag­né c’est en grande par­tie grâce à Cather­ine Delourtet qui tient la scène avec une pas­sion et une énergie for­mi­da­bles. Par son jeu, sa gestuelle, ses mim­iques, elle donne de la vie et une nou­velle jeunesse à ces chan­sons tan­tôt drôles tan­tôt émou­vantes. Elle est par­faite dans le reg­istre de la fan­taisie coquine comme dans celui de la ten­dresse poé­tique. On sent qu’elle aime pro­fondé­ment le réper­toire de Marie Dubas, elle le défend avec tal­ent en y met­tant tout son coeur. Avec sa gouaille à la Arlet­ty, ses yeux pétil­lants et mali­cieux, son regard franc et direct et son petit sourire, elle charme et séduit le pub­lic et parvient à capter son atten­tion jusqu’à la dernière sec­onde. Elle bouge, elle joue, elle chante (même si vocale­ment c’est par­fois un peu juste), elle se dépense sans compter.
Ce spec­ta­cle doit égale­ment sa réus­site à Roger Louret que con­naît bien Cather­ine Delourtet puisqu’elle a déjà tra­vail­lé sous sa direc­tion dans La java des mémoires et Les Z’an­nées Zazous. Roger Louret réus­sit là une belle mise en scène sobre mais effi­cace en par­faite adéqua­tion avec le texte et l’e­sprit des chan­sons de Marie Dubas. On est loin de ses pro­duc­tions les plus con­nues comme Les années twist bien qu’on retrou­ve une cer­taine habileté dans l’en­chaîne­ment judi­cieux des chan­sons qui com­posent le spectacle.
Il serait injuste d’ou­bli­er les deux musi­ciens qui accom­pa­g­nent Cather­ine Delourtet : Gilles Bais­sette au piano et Yves Bou­quet à l’ac­cordéon et à la trompette (très émou­vant à la fin de la chan­son « Mon légion­naire »). Ils assurent une véri­ta­ble présence. Non seule­ment ils sont d’ex­cel­lents musi­ciens mais en plus il leur arrive de danser et de jouer la comédie. On sent une grande com­plic­ité entre tous les trois et un vrai bon­heur d’être ensem­ble sur scène. Un bon­heur qu’ils arrivent à com­mu­ni­quer sans peine à un pub­lic ravi de sa soirée. Pour repren­dre le titre d’une chan­son du spec­ta­cle : « C’est tou­jours ça de pris » !