Ballet de Thierry Malandain, interprété par le Ballet de Biarritz sur la partition de Serge Prokofiev.
L’une des plus belles compagnies françaises, dirigée par un chorégraphe sincère et généreux, poursuit sa démarche d’actualisation du répertoire classique. Après la Cendrillon de Maguy Marin par le Ballet de l’Opéra de Lyon, nous nous réjouissons d’accueillir celle du Malandain Ballet Biarritz.
Notre avis : Durant 1h40 nous voilà plongé dans un univers d’où sont bannies toutes les couleurs. Un savant dégradé du noir au blanc — avec une exception pour le beige — sert d’écrin à une Cendrillon aux traits asiatiques (remarquable Miyuki Kanei). Sa marâtre et ses méchantes sœurs ont le crâne rasé et des corpulences de déménageurs. Autant dire que les diverses versions du conte ont été étudiées, pressées, essorées et que le chorégraphe Thierry Malandain a décidé d’en donner une version toute personnelle. Pas de pantoufle de vair ici, pas d’escaliers monumentaux. Une scénographie réussie composées de centaines d’escarpins, comme suspendus dans les airs, un minimum d’accessoires et un maximum d’efforts pour stimuler l’imagination du spectateur. Pari réussi puisque cette chorégraphie enlevée, héritière d’un univers que n’aurait pas renié Roland Petit, fait plonger tout un chacun dans un monde parallèle tantôt délicieux, tantôt inquiétant, qui maintient la curiosité en éveil. La fée est-elle la mère de Cendrillon ou la marraine comme le veut la tradition ? Le tableau du bal, particulièrement réussi avec ces danseurs qui évoluent avec des mannequins et en jouent habilement, contraste avec une austérité de chaque instant. Une vision on ne peut plus austère, parfaitement servie par une troupe de danseurs au diapason.