Cécilia Cara et Damien Sargue — La tête dans les étoiles

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Damien Sargue et Cécilia Cara ©DR
Damien Sar­gue et Cécil­ia Cara ©DR
Dans sa très spa­cieuse loge, Damien Sar­gue nous accueille avec un sourire un peu fatigué. Il faut dire que nous sommes same­di entre la représen­ta­tion de l’après-midi qui vient de se ter­min­er et celle du soir qui débute dans deux heures. «Le same­di c’est tou­jours très dif­fi­cile, ça demande plus d’ef­fort, de con­cen­tra­tion et de per­for­mance vocale», nous con­fie t‑il avant de pré­cis­er en riant «si on peut appel­er ça une per­for­mance !» Cécil­ia Cara, qui vient de nous rejoin­dre, rajoute «entre les deux représen­ta­tions, on n’a pas vrai­ment le temps de se repos­er. On a tout juste le temps de manger, on ne se démaquille pas, on ne se décoiffe pas

Notre Dame de Paris et Graines de Star
Tous les deux orig­i­naires du sud de la France, ils ont attrapé le virus du spec­ta­cle dès leur enfance. Ain­si Cécil­ia nous explique « j’ai fait mes pre­miers pas sur une scène à 4 ans, je fai­sais de la danse au départ. Puis j’ai fait du chant clas­sique au Con­ser­va­toire à Cannes et beau­coup de con­cours de chant dans toute la région. Je suis tombée amoureuse de la scène ! » Damien suit à peu près le même par­cours. Tous les deux gag­nent un con­cours de chant dans une émis­sion de télévi­sion : Sacrée Soirée pour Damien à 11 ans et Graines de Star pour Cécil­ia à 14 ans. Mal­gré ce pre­mier suc­cès médi­a­tique, ni l’un ni l’autre n’o­saient croire qu’ils pour­raient en faire leur méti­er. Et pour­tant quelques années plus tard la chance leur sourit.
En 1998, Damien se retrou­ve engagé à 17 ans dans Notre Dame de Paris comme dou­blure de Bruno Pel­leti­er (Gringoire) et Patrick Fiori (Phoe­bus). Il n’en garde que de bons sou­venirs et recon­naît avoir beau­coup appris. « J’ai appris à vivre avec une troupe au jour le jour, à se com­pren­dre les uns les autres. C’est beau­coup de tolérance comme il peut y en avoir aus­si sur Roméo et Juli­ette. On devient une famille soudée et très unie. Et puis ça m’a appris mon méti­er. » Pour l’anec­dote, il nous con­fie qu’il préférait inter­préter Gringoire. « Phoe­bus, c’é­tait assez dur à jouer, j’é­tais trop jeune pour le rôle ! Alors que Gringoire me cor­re­spondait beau­coup mieux et un poète n’a pas d’âge. » Cécil­ia nous explique alors que c’est allant voir Notre Dame de Paris qu’elle a vrai­ment décou­vert la comédie musi­cale. « Avant je n’avais vu que quelques films comme Chan­tons sous la pluie ou Grease. » Elle avoue avoir été séduite. « Ce que je trou­vais for­mi­da­ble c’est ce tra­vail en équipe, cet esprit de troupe, ne pas être seul à défendre un pro­jet. »
Notre Dame de Paris porte chance à Damien. C’est après l’avoir vu dans ce spec­ta­cle que Gérard Pres­gur­vic lui pro­pose le rôle de Roméo. Damien se sou­vient ne pas y avoir cru sur le moment. « Il y a telle­ment de pro­jets qui n’aboutis­sent jamais ! » Il se rend vite à l’év­i­dence, cette fois c’est du sérieux. Quant à Cécil­ia, après s’être fait remar­quer dans l’émis­sion Graines de Star, on lui pro­pose de pass­er la cast­ing de Roméo et Juli­ette. Elle se sou­vient avoir été intimidée. « A 15 ans, c’é­tait mon pre­mier vrai cast­ing pour un spec­ta­cle, je ne con­nais­sais pas du tout ce milieu. » Deux semaines plus tard, Gérard Pres­gur­vic l’ap­pelle pour lui annon­cer qu’elle sera Juli­ette. « J’en suis restée muette » se rap­pelle t’elle émue, « j’é­tais prise entre deux sen­ti­ments. Bien sûr j’é­tais très heureuse, c’é­tait un cadeau génial, mais en même temps je ne savais pas du tout ce qui m’at­tendait, c’é­tait l’in­con­nu. »

Un rythme d’enfer
A peine engagés, ils décou­vrent vite les pre­mières chan­sons du spec­ta­cle. Mais ils pré­cisent amusés « elles ont beau­coup évolué depuis le début. On a quand même enreg­istré cinq ver­sions de ?Aimer’ ! » Ils appré­cient beau­coup ces chan­sons même si Damien admet que ce n’est pas tout à fait ce qu’il écoute comme musique. « J’ai plutôt été bercé par les Doors, ça n’a rien à voir ! »
Après l’en­reg­istrement de l’al­bum, ils com­men­cent une année marathon de pro­mo­tion. « Pen­dant plus d’un an, c’é­tait assez hard ! » explique Damien avant de pour­suiv­re avec humour « je pense qu’on a du faire toutes les télés avec ?Aimer’ et ?Les Rois du Monde’. On décou­vrait même des émis­sions qu’on ne con­nais­sait pas ! » Cécil­ia approu­ve et pré­cise « c’est vrai que c’é­tait dur toute cette pro­mo­tion, on man­quait de som­meil, on a eu quelques petits coups de fatigue mais on n’a jamais eu envie d’a­ban­don­ner en cours de route. J’ai tou­jours été bien entourée et c’est allé telle­ment vite que je n’ai pas eu le temps de réalis­er. » Trop con­scients de leur chance, Damien et Cécil­ia ne se plaig­nent pas. « On a beau­coup de chance de pou­voir gag­n­er notre vie avec ce méti­er qu’on aime et qui nous rend heureux. Il y a telle­ment de jeunes artistes qui galérent et qui aimeraient être à notre place. »

La fin d’an­née dernière est par­ti­c­ulière­ment chargée puisqu’il faut men­er de front la pro­mo­tion et les répéti­tions. En choeur, Damien et Cécil­ia louent le tra­vail de Red­ha, le choré­graphe et met­teur en scène. « Il nous indique tou­jours la direc­tion mais il nous laisse un chemin pour don­ner libre court à nos émo­tions » se félicite Cécil­ia. Et Damien de rajouter « Red­ha c’est un sacré per­son­nage ! C’est quelqu’un de très intéres­sant et très humain. Moi qui suis un très mau­vais danseur, il m’a plus appris à bouger qu’à danser. Il m’a don­né une décon­trac­tion sur scène que je n’avais pas avant. Pour le jeu et la comédie, il nous a beau­coup aidés. Avec lui, tout est facile, rien n’est impos­si­ble. » Cécil­ia acqui­esce « on a appris à jouer très spon­tané­ment. » Il faut dire qu’ils se sen­tent assez proches de leur per­son­nage respec­tif. Ain­si pour Damien « Roméo est quelqu’un de soli­taire et de très lunaire, un peu comme moi. C’est l’amour qui rythme sa vie, c’est un peu la même chose pour moi. » Quant à Cécil­ia, sur bien des points elle s’i­den­ti­fie à Juli­ette, en revanche s’ex­clame t’elle en riant « je n’i­rais pas jusqu’à me tuer par amour ! » Damien approu­ve d’un toni­tru­ant « c’est clair, moi non plus ! »

Nos deux jeunes héros sont devenus des idol­es pour tout un pub­lic d’adolescent(e)s comme une grande par­tie de la troupe d’ailleurs. Il suf­fit de voir tous ces fans qui se pressent devant la scène à la fin du spec­ta­cle et qui restent des heures à les atten­dre à la sor­tie des artistes. Ils recon­nais­sent que cette subite notoriété n’est pas tou­jours facile à vivre. « Ca devient de plus en plus dur de se balad­er tran­quille­ment dans la rue » regrette Damien « pour cer­taines per­son­nes, on a l’im­pres­sion qu’on sauve le monde, qu’on est des « stars », des gens qui vivent dans les nuages avec des voitures volantes ! » Mais ils espèrent ne jamais attrap­er la grosse tête. « On a tous les deux une famille qui est assez proche. Ils seraient les pre­miers à nous remet­tre en place si vrai­ment on pétait les plombs. » explique Damien.

Après Roméo et Juli­ette, Cécil­ia aimerait bien réalis­er un album solo, mais elle n’a rien de bien arrêté pour l’in­stant. Quant à Damien, si lui aus­si se dit ten­té par une car­rière solo, il n’ex­clut pas de con­tin­uer dans la comédie musi­cale : « j’aime bien cet univers, ce regroupe­ment de plusieurs dis­ci­plines : le chant, la comédie et la danse. »

Mais pour l’heure ils ne sont qu’au début de l’aven­ture puisqu’on annonce Roméo et Juli­ette jusqu’à fin 2002 entre Paris et les tournées en France et à l’é­tranger. Pour le moment, la com­plic­ité entre Damien et Cécil­ia est au beau fixe. « C’est très agréable de jouer avec elle, je ne sais pas com­ment elle fait pour me sup­port­er ! » s’ex­clame Damien. « Ca se passe très très bien, on a tou­jours le même plaisir à jouer ensem­ble tous les soirs » se félicite Cécil­ia avant de lancer à Damien qui fait le beau « bouche-toi les oreilles ! » Et les voilà par­tis dans un grand éclat de rire…et c’est c’qu’il y a d’plus beau !