Cécilia Cara, après ces deux premières semaines de représentations, comment vous sentez-vous ?
Je me sens bien. C’est un rythme intense mais ça devient de plus en plus plaisant. Nous commençons à prendre nos marques, nos personnages évoluent chaque jour et ne cesseront jamais d’évoluer d’ailleurs. Nous sommes portés par le public. On entend les spectateurs chanter dans la salle, à la fin, ils se lèvent et dansent avec nous, on les sent heureux. C’est incroyable, un vrai plaisir.
C’est votre retour à la comédie musicale, est-ce que cela vous manquait ?
Oui. Ce qui me manquait c’était de chanter sur scène ; ces dernières années j’ai surtout fait du théâtre. Ce qui me manquait aussi et surtout c’était la vie de troupe. Sur Grease, c’est un régal, il y a une ambiance de colonie de vacances, des liens forts se sont créés entre nous. Ce qui se traduit sur scène par une force et une énergie partagées avec les musiciens.
Avec le recul, quels souvenirs gardez-vous de Roméo et Juliette ?
C’était une très belle aventure, ma meilleure école. J’avais quinze ans au début et ça a duré quatre ans. J’ai presque tout appris, même à connaître mes limites. J’ai fait des rencontres formidables. J’ai gardé contact avec une grande partie de l’équipe. J’ai vraiment vécu cette aventure à fond, j’en ai profité chaque jour.
Le spectacle a été très médiatisé à l’époque, vous aussi. L’étiquette Roméo et Juliette n’a-t-elle pas été trop « lourde » à porter pour la suite de votre carrière ?
Pas vraiment. J’ai eu la chance d’enchaîner assez vite avec des duos avec Florent Pagny et Ronald Keating, le doublage du film Le fantôme de l’Opéra, de faire du cinéma et du théâtre, ça m’a permis de me détacher de mon personnage de Juliette. On m’a aussi proposé d’autres comédies musicales mais les projets ne m’intéressaient pas assez. Je marche beaucoup au coup de coeur, c’est pour ça que j’ai dit oui à Grease.
Qu’est-ce qui vous a motivée pour faire Grease ?
Grease pour moi, c’est culte. C’est l’un des premiers films musicaux que j’ai vu enfant et qui m’a donné envie de faire ce métier. Quelle adolescente n’a pas rêvé d’être Olivia Newton-John dans Grease ? Je connaissais déjà la plupart des chansons. C’est génial de se replonger dans cette période de la fin des années cinquante, les années rock’n roll. Et le fait de reprendre le rôle de Sandy, c’était d’abord un challenge tant la prestation d’Olivia Newton-John dans le film est ancrée dans nos mémoires.
Comment voyez-vous Sandy, votre personnage ?
Au départ, quand elle arrive à Rydell, Sandy est une jeune fille prude, sérieuse, raisonnable, qui ne fume pas, ne boit pas, une bonne élève, bien élevée. Elle va évoluer dans cette école grâce aux Pink Ladies, un groupe de filles exubérantes et délurées, qui vont la secouer un peu. Vers la fin du spectacle, il y a une scène très forte où Rizzo, leader des Pink Ladies, en montrant ses faiblesses, va révéler à Sandy la femme en elle qu’elle ne soupçonne pas. Alors Sandy se libère, c’est un peu maladroit, mais elle va se rendre compte qu’elle peut être sexy, qu’elle peut s?affirmer. C’est la libération de la femme en quelque sorte ! Cette métamorphose est très agréable à jouer.
Vous sentez-vous proche de Sandy ?
J’ai peut-être plus l’apparence de la première Sandy, bien que je ne sois quand même pas aussi coincée et naïve qu’elle ! Mais je me reconnais aussi en grande partie dans la Sandy de la fin, un personnage que je n’ai jamais eu l’occasion d’interpréter jusqu’à maintenant, c’est ça qui me plaît.
Quels sont les moments que vous préférez dans le spectacle ?
Tous ! J’aime beaucoup toutes les scènes où la troupe est réunie, quand on chante et danse ensemble comme le « We go together » à la fin du premier acte. Bien sûr le moment où Sandy se transforme me plaît beaucoup aussi, plus ça va et plus je trouve de choses dans mon jeu, Sandy va de plus en plus loin !
Avez-vous rencontré des difficultés ?
Ma chanson « J’ai besoin de nous » (version française de « Hopelessly devoted to you ») et le duo avec Rizzo dont je parlais précédemment me touchent tellement pour des raisons personnelles que j’ai eu beaucoup de mal au début à ne pas me laisser submerger par l’émotion. Il a fallu que je travaille beaucoup sur moi. Mais ma principale difficulté, c’est que je n’ai eu que quatre semaines pour préparer le rôle.
Justement vous avez rejoint la troupe alors que les répétitions avaient déjà commencé depuis un mois, comment s’est passée votre intégration ?
J’appréhendais un petit peu mais j’ai été accueillie les bras ouverts. J’ai dû m’adapter très vite, il fallait que je sois dans le bain tout de suite, je ne pouvais pas me permettre de tâtonner. Pendant quatre semaines, je n’ai pas vu le jour ! Heureusement, le fait d’avoir joué pendant deux ans au théâtre m’a beaucoup aidée, surtout que dans La soeur de Jerry King, pièce que j’ai jouée avec Arthur Jugnot, j’interprétais déjà une jeune américaine pom pom girl !
Avez-vous déjà des projets pour l’après Grease ?
Nous venons juste de commencer, j’ai un peu de mal à me projeter dans le futur. L’écriture de mon album est déjà en cours, c’est un projet personnel qui me tient particulièrement à coeur, j’aimerais pouvoir m’y consacrer même pendant Grease. On m’a proposé des projets musicaux très intéressants et j’aimerais aussi refaire du théâtre, alors on verra bien.