Opera seria en trois actes de Vivaldi (musique) et Métastase (livret)
Direction musicale : Jean-Claude Malgoire, mise en scène : Gildas Bourdet
Avec : Simon Edwards, Jacek Laszczkowski, Veronica Cangemi, Sylvie Althaparro, Philippe Jaroussky
La Grande Ecurie et la Chambre du Roy
A considérer cette oeuvre lyrique, on constate une fois de plus que l’opéra seria est bel et bien l’ancêtre de la comédie musicale… La forme, avec ces récitatifs (accompagnés au clavecin et à la viole) et l’introduction des « airs », si elle répond aux codes de l’époque, est étrangement familière. Les choses ont évolué, mais l’état d’esprit reste constant.
L’action se déroule en Afrique et montre l’affrontement entre Caton et César, ce dernier étant fou amoureux de la fille de son opposant. Intrigues, coups bas ne sauront résister à l’élan de l’amour fou dans cette ode très politique à la liberté. La mise en scène de Gildas Bourdet vaut beaucoup par les décors et éclairages qui jouent sur les couleurs primaires avec bonheur, contrastant avec les nuances de gris des costumes inspirés du 18ème siècle. Jean-Claude Malgoire, en grand spécialiste de la musique baroque, connaît son affaire et dirige son orchestre avec tact et maestria. La distribution, très homogène, convainc l’amateur le plus exigeant. Une mention spéciale pour Jacek Lazczkowski, sopraniste et interprète de César. Son premier duo d’amour avec Marzia (impeccable Manuela Kriscak) à donner le frisson a déclenché un tonnerre d’applaudissements.
L’oeuvre a été véritablement ressuscitée par Jean-Claude Malgoire. En effet, seules les partitions des deux derniers actes ont été conservés. La musique du premier acte a disparu, comme la plupart des opéras de Vivaldi (sur les 90 qu’il prétend avoir écrit, seuls 20 sont parvenus jusqu’à nous). Le premier acte a été reconstitué à partir de partitions d’airs écrits à la même époque par Vivaldi, une pratique courante à l’époque.
Si vous aimez ce genre ou si vous souhaitez le découvrir : courez voir cette production très réussie.