La grande fête du théâtre musical : troisième édition. Pour ceux qui découvriraient cette soirée, comment cette aventure a‑t-elle démarré ?
Cathy Sabroux et Jacky Azencott : Une idée toute simple, inspirée par le succès du premier festival Diva en 2008 : réunir les artistes et interprètes du théâtre musical pour une grande fête à Paris au printemps afin de faire découvrir au public des extraits de nouvelles créations et de grands classiques.
L’occasion de se retrouver au Comédia qui nous fait confiance. C’est notre Eldorado, sans jeu de mots, car le lieu est formidablement bien adapté aux artistes et aux spectateurs pour faire du musical. Maurice Molina et son équipe nous ont accueillis avec enthousiasme et une extrême confiance.
Dès la première édition, nous avons collaboré tout naturellement avec nos amis de Regard en Coulisse qui fêtait ses dix années d’existence et un partenariat avec France Musique proposé par Laurent Valière pour 42e rue : une synergie qui a parfaitement fonctionné.
Depuis l’an dernier, nous avons décidé de partager cette soirée avec l’association CARE France, que nous connaissions et apprécions beaucoup pour son travail. Tous les artistes s’y sont prêtés gracieusement dans un très beau geste de solidarité.
Quelles sont les spécificités et les nouveautés de cette édition ?
Nos partenariats avec CARE France et France Musique ont amené d’autres exigences, mais nous n’avons rien perdu de l’esprit festif de cette rencontre, ni de nos exigences communes.
Une soirée de gala concerne un public plus large. A côté de très grosses productions, de nombreux spectacles rencontrent un beau parcours et nous tenons bien sûr à rendre compte de cette actualité du théâtre musical. Et puis, il ya toujours cet attachement très fort pour le music-hall et le cabaret, le jazz, l’opérette, la chanson…
Je tiens beaucoup à faire cohabiter tout ces genres pour peu qu’ils aient qualité et talent comme dénominateurs communs. L’émotion suscitée par la voix et la musique rassemble tout le monde ; on peut être intelligent sans être ennuyeux, et populaire avec finesse. Pour le fil conducteur, on s’en tient donc au courant créatif continu !
On peut imaginer que désormais les demandes affluent pour participer à la soirée…
Depuis la création de Diva avec son festival à la Cartoucherie, le mouvement et les propositions viennent essentiellement des artistes ! Ce sont des créateurs, des gymnastes, toujours en réflexion, en mouvement, en action ! Entre les projets, l’affiche en cours, les envies du moment et le plaisir d’essayer autre chose, nous aurions pu offrir une très longue nuit du théâtre musical… C’est plutôt bon signe et cela donne des idées ! Nous prenons déjà rendez-vous avec nombre d’artistes et de troupes qui n’ont pas pu participer : pourtant, comme l’an dernier, il y aura près de 150 artistes sur scène !
Comment choisissez-vous les extraits et les productions présentées ?
Nous gardons l’objectif du gala : faire découvrir à un maximum de gens le musical dans toute sa variété, mélanger les genres et donner de l’argent à CARE France tout en s’amusant ! Il faut éviter les pièges d’une soirée trop longue : présentation de saison, cérémonie d’auto-congratulation ou fête de fin d’année, sans juger du genre, parfois cela n’en finit pas… La grande fête du théâtre musical doit être rythmée, réserver des surprises, créer débats et curiosités…
Pouvez-vous annoncer quelques numéros en exclusivité ?
Nous sommes très touchés par la présence de Sarah Gabriel (My Fair Lady au Châtelet) et de Tina May, qui viennent de Londres pour participer à cette soirée, de Jean Lacornerie, récemment nommé au Théâtre de la Croix Rousse de Lyon avec la présence de l’excellente équipe de Lady in the Dark. Par les artistes qui préparent un numéro spécialement pour la soirée comme Florence Pelly et Vincent Heden, Jérôme Pradon et Sophie Delmas, Sophie Tellier et Olivier Breitman, Claire Pérot et Julien Baptist, pour n’en citer que quelques-uns, par le travail remarquable d’arrangements et de répétitions accompli par les musiciens et danseurs à chaque numéro. Et l’esprit d’humour soufflera très fort, grâce à ceux qui écrivent et font le lien entre présentatrices déjantées (Christine Bonnard, Caroline Roëlands), des troupes et compagnies à l’énergie formidables. D’ailleurs, beaucoup de personnalités et artistes ont aussi réservé leur soirée pour être présents, dans le public, avec nous pour cette soirée unique…
Il y a… ah, ça suffit, je vous en ai déjà trop dit !
Qui est l’équipe qui organise cette fête ?
Nous avons constitué au fil des années une équipe basée sur les compétences et la force de proposition des uns et des autres. C’est un grand atout car nous nous connaissons bien et nous nous faisons confiance : c’est un évènement énorme à réaliser et coordonner, qui concerne près de 200 personnes. On travaille assez librement autour d’un petit comité de base — une quinzaine de personnes (Diva, Regard en Coulisse, le Théâtre Comédia, France Musique) — qui réunit auteurs, metteurs en scène, spécialistes du théâtre musical, artistes, techniciens, régisseurs…
Quelles sont les prochaines étapes pour le réseau Diva ?
Nous continuons à questionner la création dans le musical : le réseau Diva est extrêmement dynamique. Nous poursuivons la construction du centre de création et de développement du théâtre musical qui se dessine au fil des évènements et rendez-vous Diva devenus incontournables : les master classes qui permettent aux interprètes, arrangeurs ou auteurs de travailler près de trois mois par an avec de grand professionnels américains et anglais (mais aussi français), les Rencontres découvertes de juin en partenariat avec la SACD, des programmations festives et, dès l’an prochain, des concerts d’œuvres rares, des journées de rencontres professionnelles, la mise en place d’un réseau européen de réflexion et de propositions : il est devenu capital de lier ce travail d’échanges et de réflexion aux réseaux créatifs et aux énergies artistiques ! Nous sommes heureux d’en percevoir enfin l’écho au niveau institutionnel.
Nous jouons volontiers un rôle d’agitateur musical, mais savons que la question cruciale est maintenant celle de la production dans un contexte public qui néglige largement le genre. Il est temps, plus que jamais, de rassurer les producteurs sur la qualité et le savoir-faire de cette génération d’artistes, et sur le talent des nouveaux auteurs et créateurs français.
Nous le voyons bien : ce qui se passe depuis quelques années dépasse l’engouement pour les reprises des grands succès américains ou les grands shows proches de la culture télévisée ; il y a une spécificité française originale qui pointe le bout de son talent et renoue avec l’histoire…
La comédie musicale américaine est une référence, certes, et contribue à remobiliser le public, mais si les théâtres et les producteurs misaient un peu sur les talents d’aujourd’hui et refaisaient les comptes, d’ici quelques années, les professionnels de Londres et New York se presseraient de nouveau à Paris pour découvrir les nouvelles pièces musicales…
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La grande fête 2010
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