Pouvez-vous nous présenter Le Magasin des suicides en quelques mots ?
Nos premiers spectateurs ont évoqué une « opérette contemporaine », une « comédie musicale », du « vrai théâtre musical »… C’est une fable musicale douce amère interprétée par seize artistes et neuf musiciens, tous exceptionnels. Entre les scènes savoureuses, des moments d’abandon ou de gaieté. C’est un plaisir d’ écrire en duo avec Raphaël Sanchez qui s’est révélé, même si je le savais déjà, un compositeur hors pair : les chœurs et les orchestrations sont de haute voltige. Nous avons hâte de vivre avec vous cette avant-première aux Folies Bergère : cela sera présenté dans les décors de Shéhérazade… Et pour cette occasion, la forme du spectacle est vraiment un opératorio : une forme ouverte qui donne place à l’imagination. C’est un mot plaisant « opératorio » : il occupe la mémoire et stimule l’imagination.
Pourquoi avoir choisi d’adapter le roman de Jean Teulé ?
J’ai eu un véritable coup de foudre pour cette histoire. Les personnages de Jean Teulé sont un matériau formidable de caractères et d’émotions pour une comédie musicale. Ce roman m’a touchée : sous un humour noir et décapant, il parle surtout de la solitude, de la famille, victime ou bourreau ; chacun fait partie de l’obsession d’un monde dur qui demande « toujours plus ».
Difficile de tenir dans une société où l’on a pas le droit à la chute, où sont exclus tous les mouvements de l’âme qui ne font pas partie du décor lisse et convenu : ce système de contrôle blase, soumet ou bien élimine, enferme et isole au premier signe de faiblesse. La famille supporte ou rejette, quand elle n’explose pas, gangrène de sa propre folie… Le Magasin des suicides, depuis sa sortie, a provoqué un véritable engouement : plus d’un million de lecteurs ont trouvé dans cette histoire un dénominateur commun. Nous aimerions que cette œuvre musicale, tout en faisant rire, y participe.
Jean Teulé a‑t-il participé ou eu un « droit de regard » sur votre adaptation ?
Jean Teulé est exactement comme je le pressentais avant de mieux le connaître : curieux, fin, attentif, discret et prêt à l’étonnement. Je l’ai tenu au courant de chaque étape. Il a été présent et positif à chaque moment important de la création : répétition, lecture, enregistrement. Rien de plus stimulant que la confiance. C’est un plaisir de pouvoir travailler dans ces conditions. Son impatience gourmande à découvrir l’évolution du spectacle a été très stimulante. Il sera là bien sûr le 12 décembre.
Le Magasin des suicides, le film d’animation de Patrice Leconte, sort bientôt sur les écrans. Qu’en pensez-vous ?
J’ai hâte de le voir dans son intégralité ! C’est un réalisateur que j’apprécie beaucoup : Ridicule, Tandem, notamment, sont des films qui m’ont énormément marquée. Un long-métrage d’animation demande des moyens énormes et du temps. Mais, grâce à cette forme, Patrice Leconte va s’en donner en cœur joie et on va se régaler. Nous-mêmes n’avons pas choisi la facilité avec cette forme opératique. C’est une chance pour le public de pouvoir découvrir Le Magasin des suicides sous deux formes exigeantes et des facettes qui s’enrichissent mutuellement.
Quelles sont les prochaines étapes pour le spectacle après l’avant-première aux Folies Bergère ?
Yves Pignot, notre metteur en scène, assisté d’Alexandra Antoine, chorégraphe, travaille depuis plusieurs mois avec ses complices Jacques Voizot et Michel Dussarat pour les décors et costumes : ils viennent régulièrement nous montrer leurs croquis et maquettes. Autant vous dire que la troupe se languit d’être enfin aux représentations et dans les lumières de Patrick Debarbat. Avec l’espace, les chorégraphies vont apporter énormément au spectacle. Nous sommes en contact avec plusieurs partenaires et producteurs pour la création prévue au printemps à Paris. La distribution est en or, le spectacle est prêt. Il peut occuper longtemps et avec succès l’affiche d’un beau théâtre…