Accueil Rencontre Cathy Sabroux lève le rideau du Magasin des suicides

Cathy Sabroux lève le rideau du Magasin des suicides

0

Cathy Sabroux © DR

Pou­vez-vous nous présen­ter Le Mag­a­sin des sui­cides en quelques mots ? 
Nos pre­miers spec­ta­teurs ont évo­qué une « opérette con­tem­po­raine », une « comédie musi­cale », du « vrai théâtre musi­cal »… C’est une fable musi­cale douce amère inter­prétée par seize artistes et neuf musi­ciens, tous excep­tion­nels. Entre les scènes savoureuses, des moments d’abandon ou de gai­eté. C’est un plaisir d’ écrire en duo avec Raphaël Sanchez qui s’est révélé, même si je le savais déjà, un com­pos­i­teur hors pair : les chœurs et les orches­tra­tions sont de haute voltige. Nous avons hâte de vivre avec vous cette avant-pre­mière aux Folies Bergère : cela sera présen­té dans les décors de Shéhérazade… Et pour cette occa­sion, la forme du spec­ta­cle est vrai­ment un opéra­to­rio : une forme ouverte qui donne place à l’imag­i­na­tion. C’est un mot plaisant « opéra­to­rio » : il occupe la mémoire et stim­ule l’imagination.

Pourquoi avoir choisi d’adapter le roman de Jean Teulé ? 
J’ai eu un véri­ta­ble coup de foudre pour cette his­toire. Les per­son­nages de Jean Teulé sont un matéri­au for­mi­da­ble de car­ac­tères et d’émotions pour une comédie musi­cale. Ce roman m’a touchée : sous un humour noir et déca­pant, il par­le surtout de la soli­tude, de la famille, vic­time ou bour­reau ; cha­cun fait par­tie de l’obsession d’un monde dur qui demande « tou­jours plus ».
Dif­fi­cile de tenir dans une société où l’on a pas le droit à la chute, où sont exclus tous les mou­ve­ments de l’âme qui ne font pas par­tie du décor lisse et con­venu : ce sys­tème de con­trôle blase, soumet ou bien élim­ine, enferme et isole au pre­mier signe de faib­lesse. La famille sup­porte ou rejette, quand elle n’explose pas, gan­grène de sa pro­pre folie… Le Mag­a­sin des sui­cides, depuis sa sor­tie, a provo­qué un véri­ta­ble engoue­ment : plus d’un mil­lion de lecteurs ont trou­vé dans cette his­toire un dénom­i­na­teur com­mun. Nous aime­ri­ons que cette œuvre musi­cale, tout en faisant rire, y participe.

Jean Teulé a‑t-il par­ticipé ou eu un « droit de regard » sur votre adaptation ?
Jean Teulé est exacte­ment comme je le pressen­tais avant de mieux le con­naître : curieux, fin, atten­tif, dis­cret et prêt à l’é­ton­nement. Je l’ai tenu au courant de chaque étape. Il a été présent et posi­tif à chaque moment impor­tant de la créa­tion : répéti­tion, lec­ture, enreg­istrement. Rien de plus stim­u­lant que la con­fi­ance. C’est un plaisir de pou­voir tra­vailler dans ces con­di­tions. Son impa­tience gour­mande à décou­vrir l’évo­lu­tion du spec­ta­cle a été très stim­u­lante. Il sera là bien sûr le 12 décembre.

Le Mag­a­sin des sui­cides, le film d’animation de Patrice Lecon­te, sort bien­tôt sur les écrans. Qu’en pensez-vous ? 
J’ai hâte de le voir dans son inté­gral­ité ! C’est un réal­isa­teur que j’ap­pré­cie beau­coup : Ridicule, Tan­dem, notam­ment, sont des films qui m’ont énor­mé­ment mar­quée. Un long-métrage d’animation demande des moyens énormes et du temps. Mais, grâce à cette forme, Patrice Lecon­te va s’en don­ner en cœur joie et on va se régaler. Nous-mêmes n’avons pas choisi la facil­ité avec cette forme opéra­tique. C’est une chance pour le pub­lic de pou­voir décou­vrir Le Mag­a­sin des sui­cides sous deux formes exigeantes et des facettes qui s’en­richissent mutuellement.

Quelles sont les prochaines étapes pour le spec­ta­cle après l’avant-première aux Folies Bergère ?
Yves Pig­not, notre met­teur en scène, assisté d’Alexandra Antoine, choré­graphe, tra­vaille depuis plusieurs mois avec ses com­plices Jacques Voizot et Michel Dus­sarat pour les décors et cos­tumes : ils vien­nent régulière­ment nous mon­tr­er leurs cro­quis et maque­ttes. Autant vous dire que la troupe se lan­guit d’être enfin aux représen­ta­tions et dans les lumières de Patrick Debar­bat. Avec l’espace, les choré­gra­phies vont apporter énor­mé­ment au spec­ta­cle. Nous sommes en con­tact avec plusieurs parte­naires et pro­duc­teurs pour la créa­tion prévue au print­emps à Paris. La dis­tri­b­u­tion est en or, le spec­ta­cle est prêt. Il peut occu­per longtemps et avec suc­cès l’affiche d’un beau théâtre…