De son enfance passée dans le Nord de la France, Caroline Devismes garde le souvenir de multiples activités artistiques commencées dès son plus jeune âge. » J’étais très nerveuse, je parlais vite, j’étais très speed, et pour me calmer, ma mère m’a inscrite à toutes sortes de clubs. J’ai fait de la danse, de la musique, de l’équitation, de la natation et même de la peinture sur soie. J’ai pris goût à tout, sauf à la peinture sur soie qui était trop zen pour moi ! J’ai pratiqué pendant longtemps la danse et j’ai fait de la flûte traversière pendant dix ans : quand je commence quelque chose, j’aime bien aller jusqu’au bout. »
Cette formation pluridisciplinaire la guide assez naturellement vers le théâtre musical. Elle participe très jeune à de nombreuses revues et opérettes qui se montent au Théâtre Monsigny de Boulogne sur Mer. » On y jouait des grands classiques de l’opérette, se souvient-elle, L’Auberge du Cheval Blanc par exemple, ou du Francis Lopez, avec quelques stars vieillissantes. C’était très kitsch et en même temps, c’était génial car j’ai beaucoup appris. C’était un vrai travail d’équipe avec une quarantaine de personnes sur scène et un orchestre dans la fosse. On apprend la rigueur. »
Ses premiers pas sur une scène parisienne, elle les devra à Roger Louret qu’elle rencontre après une émission télévisée dans laquelle elle est danseuse. » Il m’a auditionnée et m’a engagée pour ‘Les Années Tubes’, l’émission de variétés de Jean-Pierre Foucault. Puis, un matin, après une nuit complète d’enregistrement, il m’a proposé la reprise des Années Twist aux Folies Bergère. J’ai dit oui tout de suite même si je n’avais pas vu le spectacle. Je voulais chanter et faire ma première scène parisienne aux Folies était une chance géniale ! »
Caroline intègre donc la troupe des Années Twist avec très peu de temps de répétition, mais les rengaines de son père sont restées dans un petit coin de sa tête. » Mon père m’exaspérait profondément avec ses chansons des années 60, raconte-t-elle. Mais lorsque j’ai commencé à répéter Les Années Twist, j’ai réalisé que je connaissais toutes les chansons (et il y avait près de 300 titres). Merci Papa » Puis, ce sont ses propres souvenirs qui refont surface lorsqu’elle participe à la création de La Fièvre des Années 80. » Parfois, alors qu’on était en pause, on se souvenait de nos années d’ados et on se disait ‘tu te souviens de cette chanson ? et de celle-là…’ C’était une vraie séquence ‘remember’ ! » conclut-elle avec un sourire.
Aujourd’hui, Caroline retrouve la scène des Folies Bergère avec La Java des Mémoires, un spectacle musical qui évoque avec des chansons du répertoire populaire la France des années 30–40. » Dans La Java, j’aime passer d’une émotion à une autre. Il y a des moments très forts, liés au contexte historique de l’époque, mais nous interprétons aussi des chansons rigolotes. On passe de Joséphine Baker à Mistinguett et j’aime cette diversité. On est six sur scène alors que pour Twist on était seize. Du coup, on a plus de temps de parole, les extraits sont plus longs, on peut se permettre d’installer un personnage, ça laisse la place à beaucoup plus de jeu. »
Caroline retrouve aussi Roger Louret, le metteur en scène qui l’a fait débuter sur cette même scène. » Roger aime la rigueur et la vivacité, nous sommes en cela sur la même longueur d’ondes. C’est pour ça que notre collaboration dure depuis aussi longtemps. Et maintenant, on se comprend tout de suite parce qu’on se connaît bien. Et j’ai toujours autant de plaisir à travailler avec lui. C’est un nerveux et moi aussi, on est donc faits pour s’entendre ! »
Parallèlement, Caroline s’est aussi engagée dans le projet de La Valse du Diable où elle incarne une héroïne qu’elle décrit » romantique à l’extrême, en quête d’absolu et en même temps enfermée dans une bulle « . Cette comédie musicale écrite par Jonathan Kerr et Philippe Loffredo l’a aussitôt séduite pas son thème » étonnant, qui laisse la porte ouverte à l’imagination » et ses chansons » magnifiques, avec des très belles envolées lyriques « . La Valse est une comédie musicale telle qu’elle l’entend. » Il y a des personnages qui sont développés, des numéros d’acteur avec des scènes dialoguées. Il y a vraiment de la matière et ce n’est pas un ‘concert à thème’ comme on peut en voir beaucoup actuellement. »
Si Caroline continue à faire les beaux jours du théâtre musical, elle a néanmoins des projets de carrière solo. » Je travaille avec un compositeur (Victor) et un auteur (Christophe Neyrinck) sur des chansons plutôt pop rock. Je les connais depuis longtemps, ce qui permet de communiquer plus facilement. Ce n’est pas toujours facile quand tu n’es qu’une interprète de dire à des auteurs ou compositeurs ‘ça, j’aime ; ça, j’aime pas’ mais ici, la question ne se pose pas… En tout cas, je travaille énormément ! »