Carmen Maria Vega, quel est votre parcours ? Comment vous est venue votre passion pour les arts de la scène ?
A sept ans, ma mère m’a inscrite à un cours de théâtre car visiblement, j’étais une enfant introvertie… je ne m’en souviens pas trop ! Je crois que c’était un peu une manière de se débarrasser de moi les mercredis après-midi. J’étais trop dans ses jupes et elle voulait que je me sociabilise. Quelle erreur elle a faite, elle aurait mieux fait de me m’inscrire à des cours de droit ! (rires) Ca a été la révélation : le théâtre, la scène, le plateau… Puis j’ai découvert à quinze ans que j’avais des capacités vocales mais ce n’était pas quelque chose que j’assumais. Mes parents m’ont entendu chanter pour la première fois quand j’avais 17 ans, ils sont venus me voir sur scène et n’en revenaient pas. Puis, en sortant du lycée, j’ai fait un cours préparatoire. Ensuite, j’ai rencontré mon compositeur et guitariste Max Levagie. Plus tard, j’ai monté un spectacle sur Boris Vian.
Avant Mistinguett, vous aimiez les comédies musicales ?
Les comédies musicales à la française, pas du tout. Je trouvais qu’on n’était pas à la hauteur. Par contre, je suis une grande fan du film Chicago. J’aime l’alliage du jazz, de la Prohibition, la ville, le parallèle entre la scène et la prison. J’ai regretté de ne pas l’avoir vu sur scène. Ca tourne depuis quinze, vingt ans là bas. Ici, on n’a pas la culture de garder des comédies musicales aussi longtemps, c’est dommage. Alors, il n’y a pas peut-être pas la demande mais pour la créer, il faut peut-être habituer les gens.
Quand Albert Cohen [NDLR, producteur du spectacle] est venu me chercher, j’étais un peu surprise, je ne connaissais pas son travail à part Les Dix Commandements. Je n’aime pas avoir des a priori donc je suis allée voir 1789. J’ai trouvé superbes la scénographie, l’utilisation de la vidéo, les chorégraphies de Giuliano Peparini. Et puis il y avait des vrais comédiens et des chanteurs qui jouaient la comédie. Le challenge de Mistinguett m’a plu : incarner un personnage qui a existé et qui représentait la fierté française, pour moi qui viens de Lyon et qui suis originaire du Guatemala, je trouvais ça drôle.
Avez-vous effectué un grand travail de recherche avant d’interpréter le rôle ou avez-vous préféré garder une certaine liberté?
Certaines personnes trouvent leur liberté en connaissant sur le bout des doigts le travail et la vie des personnalités qu’ils interprètent. Il n’y a pas de règle. Pour mon spectacle sur Boris Vian, je connaissais beaucoup de choses mais il y en avait d’autres que je ne voulais pas trop savoir pour pouvoir être libre et avoir ma propre interprétation. Pour Mistinguett, c’est pareil. Je voulais savoir qui était la femme, qui elle avait aimé, si c’était une femme fidèle ou une Marie-couche-toi-là… Elle est restée onze ans avec Maurice Chevalier, c’était une amoureuse… mais elle a fait foirer cette relation car elle ne supportait pas qu’il ait plus de succès qu’elle. Aujourd’hui encore, les chansons de Maurice Chevalier perdurent plus que celles de Mistinguett. C’est intéressant de travailler ces fêlures. En faire un personnage gueulard, une femme de poigne dénuée d’émotion : c’est impossible. C’était une femme autoritaire mais qui aimait profondément ce qu’elle faisait.
Quels sont les challenges au quotidien d’un tel rôle ?
A titre personnel, c’est la voix. J’ai l’habitude de chanter depuis plusieurs années mais ça faisait longtemps que je n’étais pas rentrée sur un plateau pour jouer la comédie. On se fatigue beaucoup plus la voix à parler qu’à chanter. Donc c’est mon inquiétude première. Mais le corps, la tête, ça va !
Quels sont vos projets après Mistinguett ?
Je continue en parallèle ma carrière, je suis en train d’enregistrer mon quatrième album, je tourne un clip, j’ai un projet de documentaire. Je suis assez occupée, je ne sais pas faire une seule chose à la fois !
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