Candice Parise, d’où venez-vous ? Quelle est votre formation artistique ?
Je suis née en banlieue parisienne. Je suis française, d’origine espagnole par mon père. Quand j’avais onze ans, ma mère a assisté à un mariage animé par une chanteuse de gospel. Sachant que j’étais intéressée par le chant, elle lui a demandé ses coordonnées afin que je prenne un cours d’essai. J’ai tout de suite aimé ça et j’ai donc continué le chant, avec un axe gospel, pendant deux ans. J’ai ensuite rencontré ma coach vocale, Angie Cazaux-Berthias, qui l’est maintenant depuis dix ans.
Afin de m’essayer à la scène, j’ai commencé à participer à des concours de chant un peu partout. Ma mère m’a emmenée en voiture à chaque fois aux quatre coins de la France jusqu’à l’âge de 17 ans ! On a fait des heures de route pendant que j’étais encore à l’école ; on partait régulièrement les week-ends après mes cours, en plus des concours d’équitation (qui est une autre passion). J’en garde un excellent souvenir.
Après le bac, j’ai souhaité me former au jeu d’acteur. J’ai rencontré un professeur, Jocelyn Muller, qui avait monté son école, basée sur la méthode Stanislavski. Un peu plus tard, je suis allée me former à la FACT (Franco-Américaine de Cinéma et de Théâtre) dirigée par Sarah Eigerman. Je prenais des cours moitié en anglais, moitié en français.
Pendant cette année de formation, je me suis mise à m’intéresser de plus en plus à la comédie musicale. J’avais entendu beaucoup de bien de Londres et j’ai décidé de me renseigner à propos des écoles de formation là-bas. Le programme de la London School of Musical Theater m’a tout de suite plu. L’année fût riche en émotions et en apprentissages : j’ai vu des dizaines de shows, travaillé avec de supers profs et metteurs en scène du West End sur des workshops comme Les Misérables, pour lequel j’ai eu la chance de jouer Fantine pendant trois semaines, mis en scène par le metteur en scène résident. J’ai joué City of Angels au Bridewell Theater à Londres pendant dix jours, dans une mise en scène de Graham Hubbard (le metteur en scène résident de Priscilla). Puis, à la fin de l’année, nous passions des auditions devant une quarantaine d’agents. J’ai signé avec Hilary Gagan, basée à Londres, qui travaille notamment avec Jérôme Pradon.
Que retenez-vous de vos enseignements en France et en Angleterre ?
Je suis une inconditionnelle de mes cours avec Angie. J’ai fait énormément de progrès techniques grâce elle. Je continue de prendre des cours et je lui demande de me coacher dès que j’en ai besoin.
J’ai aimé mes formations en France mais je dois avouer que je suis plus « fan » de la manière d’enseigner des Anglo-saxons. C’est très différent de la France, et il faut avouer qu’en matière de comédie musicale, ce sont les meilleurs à mon avis. Ils m’ont imposé une rigueur qui n’était pas aussi mise en avant en France, un sens du détail. En outre, ils accordent une énorme importance à la diversité des choix, à la manière de travailler sur un personnage, une chanson, ou même une chorégraphie.
J’ai récemment fait un stage sur le jeu de l’acteur, avec le metteur en scène américain BT McNicholl à Paris et j’ai eu le même plaisir à apprendre que quand j’étais à Londres.
Votre première expérience professionnelle en France a été Hair. Quel souvenir gardez-vous de ce spectacle ?
J’ai beaucoup appris en étant sur ce spectacle. En effet, je venais juste de voir la version de la troupe de Broadway en tournée à Londres et j’ai eu un vrai coup de coeur pour la musique. C’est l’une des raisons principales pour lesquelles j’ai voulu rejoindre « l’aventure Hair » car on y retrouve du blues, du jazz, de la variété, de la soul, c’est extrêmement riche musicalement parlant et notre directeur musical, Alex Finkin, a fait un travail magnifique sur les arrangements. J’ai adoré le fait que nous ayons des musiciens live. De plus, ils étaient sur scène avec nous, ce qui fait que nous les intégrions au spectacle et cela amenait un véritable plus à la mise en scène. Nous avions une superbe troupe avec des gens issus de différents milieux artistiques, ce qui a apporté une réelle diversité à l’interprétation. Tout le monde était très motivé et heureux de faire ce show. Nous étions très soudés et je pense que cela nous a vraiment aidés au cours des neuf mois de dates de tournée et à Paris.
Un des plus gros challenges de cette expérience a été la scène de nu. Nous abordions cela avec humour lorsque nous en parlions au début des répétitions, mais le jour où il a fallu réellement le faire, on a moins ri ! La première fois a été difficile psychologiquement, puis j’ai cherché à me remettre le plus possible dans le contexte de 68 et de penser à cette libération sexuelle qui était si chère aux jeunes de l’époque. Je pense réellement que cette scène du be-in était indispensable, tout comme le focus sur le SIDA et les drogues. Même si le metteur en scène a décidé de moins mettre l’accent sur la guerre du Vietnam, je pense que nous avons réussi à faire passer un vrai message au public, un message d’amour, et que chaque thème abordé reflétait bien la société hippie de 68 en faisant le lien avec notre société actuelle.
Comment êtes-vous arrivée sur le casting de Notre Dame de Paris ?
Au mois de mai 2011, j’ai reçu un mail d’Hilary me disant que la production de Notre Dame de Paris voulait m’auditionner trois jours plus tard pour le rôle d’Esmeralda, pour la version anglaise en tournée en Asie (j’étais donc encore sur Hair à cette période). J’avais trois chansons à apprendre et je dois avouer que je ne les connaissais pas, à l’exception de la chanson phare « Vivre » — en français bien sûr… Je suis donc arrivée à l’audition à Londres. Gilles Maheu, le metteur en scène, Michel Cerroni, coach vocal, et Nicolas Talar, le producteur, étaient là. J’ai chanté les chansons. Gilles me donnait des indications scéniques, puis ils m’ont demandé de revenir le lendemain en ayant appris deux duos et une nouvelle chanson solo. J’ai donc passé la soirée et la matinée à apprendre puis je suis revenue sur le lieu d’audition. J’ai chanté un duo avec différentes Fleur de Lys, puis un duo avec un éventuel Quasimodo (qui s’est trouvé être Nigel Richards, un acteur-chanteur du West End et l’un de mes profs de master class. Il a d’ailleurs été pris comme alternant pour Matt Laurent sur la tournée) puis j’ai rechanté mes solos de la veille. L’audition a duré presque trois heures. Quelques jours plus tard, j’avais un message d’Hilary qui me disait que j’avais obtenu le rôle principal !
Est-ce que c’était un spectacle que vous connaissiez ? Comment avez-vous réagi quand on vous a offert le rôle d’Esmeralda ?
Je connaissais Notre Dame car ma grand-mère m’avait emmenée voir le show quand j’avais neuf ans au Palais des Congrès. J’ai donc vu la version originale avec Garou, Hélène Ségara et tous les acteurs de la création. Je me souviens d’avoir été très impressionnée par le spectacle ! Lorsque j’ai eu le message d’Hilary, j’étais dans ma voiture. J’ai hurlé quand j’ai entendu ça ! Je n’en revenais pas. J’ai mis trois mois à réaliser !
Quelle idée vous faites-vous d’une tournée en Asie ?
C’est un continent que je ne connais absolument pas donc lorsque j’ai su que c’était une tournée en Asie, je n’ai pas réfléchi longtemps ! De plus, je vais avoir la chance de passer par Shanghai, Pékin, Séoul et peut-être d’autres endroits comme Singapour et Taïwan ! J’adore découvrir de nouvelles cultures, de nouveaux modes de vie, la cuisine, etc. J’ai hâte d’avoir mes premières impressions au contact du public asiatique. Pour l’instant, ils sont très gentils avec nous. Nous n’avons été qu’à Guangzhou et à Foshan en Chine, pour l’instant, mais les gens sont vraiment serviables et essayent de tout faire pour vous aider lorsque la barrière de la langue devient trop importante.
A quelques jours de la première, comment vous sentez-vous ?
A J‑3 de la première (ce jeudi 24 novembre), je dois dire que je me sens assez stressée ! Nous avons eu un peu moins d’un mois de répétitions et fait deux filages en costumes jusqu’à maintenant. La troupe est extrêmement talentueuse. Les danseurs et les acrobates viennent du monde entier. Ils sont très impressionnants ! Les comédiens sont composés d’Anglais, de Hollandais, de Belges, de Canadiens (parmi lesquels Matt Laurent, qui est aussi connu en France, joue Quasimodo) et d’Ecossais. Il y a encore trois bonnes journées pour finaliser le tout mais on sent que la date approche à grands pas. Le théâtre dans lequel nous jouons à Guangzhou est immense, il y a plus de 2 000 places ; la scène est vraiment spacieuse et les techniciens font un superbe travail pour que tout soit parfait pour la première. J’espère ne pas décevoir le public chinois!